Machine Est Mon Coeur - Dystopium

Chronique Vinyle 12" (32:00)

chronique Machine Est Mon Coeur - Dystopium

Aujourd’hui, pour changer, on va causer soleil, gaieté et ambiances festives. Non Je déconne.

 

Remballez donc vos chemises à fleurs, vos cocktail malibu et et vos cotillons. Je m’en vais vous servir des doubles whiskys pendant que vous vous changez. Oui, le noir ira très bien, de toute manière c’est l’hiver et on est pas très bronzés, ça collera. Et oui, les lunettes de soleil sont une bonne idée aussi, même s’il fait nuit. Pardon. Surtout s’il fait nuit.
 


Le sujet du jour est donc Machine est mon Cœur, duo franco-australien dont ce premier véritable album a été produit en Allemagne, vous suivez ? Au programme, pour ceux qui veulent savoir ce qu’ils vont devoir digérer, on va avoir du piano, du gros synthé analo, de la guitare électrique avec quarante douze effets au cul et un chant bien fantomatique comme il faut. On relèvera aussi d’emblée la quasi absence de rythmique à proprement parler, ce rôle étant parfois abandonné à une série erratique de samples vaguement percussifs… Une autre manière de dire que oui, Dystopium est un album plutôt ambiant.

 

Maintenant que nous avons tous éteint les lumières et que tout le monde a gentiment fermé sa gueule en imaginant plus clairement ce dont il allait s’agir ici, causons vraiment musique. Texturée est probablement le premier mot qui vient quand on commence à s’enfoncer dans la musique du duo. Ici les nappes de synthétiseurs, les arpèges de piano, et les samples étranges de Gabin sont maîtres et font tout le ciment des neuf titres du disque. Pour le reste, les larsens de guitares ainsi que le chant de Bianca, tous deux noyés dans un grand bain glacial de reverb, surplombent les chansons, leur donnent de la profondeur, du sens. On pense aux titres les plus sombres du dernier Portishead en moins expérimental, aux compositions les plus mélodiques de November Növelet en moins hermétiques ou encore aux litanies de Zola Jesus en moins lyriques. On l’aura compris, Machine est mon Coeur navigue dans des eaux déjà explorées par d’autres navires mais là où ces derniers ont plutôt tendance à chercher les extrêmes, à expérimenter et tendent à se distinguer de cette manière, le duo penche ici plutôt vers une approche mélodiquement plus accessible, plus planante, plus pop et, finalement, propice à gentiment fermer les yeux sans trop avoir peur d’être bousculé par une secousse inattendue.

 

Et ceci est plutôt bienvenu quand on y pense, parce que loin d’être confortable pour autant, l’écoute de ces neuf titres tend à nous plonger lentement et implacablement dans une froide mélancolie déglinguée, à la limite de la grosse déprime hivernale (je vous avais dit que les lunettes de soleil étaient une bonne idée, j’aurais du rajouter l’option grand manteau noir). Les mélodies sont souvent entêtantes et la fin d’une chanson en devient parfois frustrante tant on a l’impression que cette succession de trois pauvres notes va nous manquer. Ceci est d’ailleurs particulièrement vrai avec le chant qui me rappelle étrangement celui d’Emily Haines (Metric) dans son projet solo, ce dernier (même si bien moins électronique) ayant un impact assez comparable sur ma petite sensibilité de punk aigri. On se retrouve donc avec un disque qui s’écoute tout seul, toutes lumières éteintes, et qui semble aisément atteindre l’objectif que ses créateurs ont fixé. Il n’y a plus qu’à espérer la sortie prochaine d’un nouvel album de Franky Vincent histoire de réchauffer tout ça, parce que ça commence à sérieusement à cailler ici.

photo de Swarm
le 12/03/2016

1 COMMENTAIRE

Polakasticot

Polakasticot le 01/07/2016 à 03:49:40

Merci bien pour m'avoir fait connaitre "ça".
Puis la façon dont tu écris ne déplait pas ! C'est rare que je lise des critiques

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