Manifest - ...And For This We Should Be Damned ?

Chronique CD album (42:57)

chronique Manifest - ...And For This We Should Be Damned ?

Si, au détour du rayon « Albums promos », And For This We Should Be Damned? a atterri dans mon caddie à provisions musicales, c’est uniquement parce que “Groove Metal” était imprimé en lettres de feu sur son emballage. Eh oui, parce que la réédition de Far Beyond Driven, l'année dernière, a réveillé des appétits oubliés, et que dans le registre « revival Pantera », bah ‘y a pas foule tout compte fait. Non parce que ce n'est pas la pochette qui risquait de me faire craquer "à l'aveugle" (le sujet est « sympa », mais je ne suis pas fan de la « patte K3n Adams »)… Et puis il faut bien reconnaître que je n’avais jamais entendu parler des norvégiens de Manifest, bien que ceux-ci pédalent dans la choucroute metal depuis 1999, que des ex-Atrox et Griffin batifolent en leurs rangs, et que ce soit déjà là leur 4e album.

 

D’ailleurs les premiers pas en leur compagnie ne furent pas très concluants. Il faut dire que les gugusses commencent les hostilités par près de 4 minutes et demi de coma geignard minimaliste vaguement doom’n’stoner… Pas de quoi donner envie de faire la bamboula! Mais on mettra ces préliminaires pour hémiplégique sur le compte d’une sale manie, le groupe semblant aimer emballer les extrémités de ses albums dans de longues errances un peu casse-couilles (cf. la looooongue fin de « Olympia Cathrin », le dernier titre, qui nous perd dans une colère diffuse et noisy de plus en plus brumeuse au fur et à mesure que se rapproche la fin). Sauf qu’entre ces 2 extrémités contestables, mazette: il y a de la bonne came!

 

Bon alors non: Manifest ne colle pas aux basques des cowboys texans comme The Omega Experiment à celles de Devin Townsend. Certes, And For This We Should Be Damned? déborde de sueur, de haine et de guitares qui tabassent dans des proportions qui raviront les fans de la bande à P. Anselmo, mais ses 10 titres sont tout le temps fourrés ailleurs, entre gros thrash glaireux ("glaireux", ou plus classique – cf. le début extrêmement Slayerien de « Immune »), hardcore à grosse nuque (« Violently Engaged »), thrash/death « so end of the 90s » (on croise souvent Dew Scented ici, sans compter l’emprunt au « Hate Song » de The Haunted sur « Justified Means ») et metal math-noise-core usant. Et la popote ne s’arrête pas à ces quelques ingrédients, vu que « The Cadaver… » se traîne ponctuellement aux limites du doom, que les saccades friponnes démarrant « Sancta Vénere » évoquent les soubresauts de la scène djent et qu’une grosse hargne punk baigne l’ensemble, celle-ci culminant sur un « Immune » jouissivement punk’n’crust!

 

Du coup le groupe réussit à nous maintenir tout le temps à bloc, le couteau entre les dents, prêts à nous manger parpaing après parpaing. Y compris sur l’introductif « Seven Doors Won’t Do » qui interrompt ses lamentations traîne-la-patte à 4:24 pour enfin lâcher des chiens thrash/hardcore galvanisés par de bons gros grunts bien glaireux. Et si « Stretched & Strung » n’est pas loin de nous fatiguer avec son approche chaotique de la rythmique, il raccroche les wagons avec maestria lors d’une courte parenthèse latine percus+trompette+clapclap-joyeux excellemment décalée! En 4e position, « Sancta Vénere » renoue une fois encore avec l’approche tortilloneuse… Sauf que celle-ci se trouve régulièrement éclairée par un riff méchamment inspiré du « The Beautiful People » de Marilyn Manson. Sur « The Cadaver On Your Mental Doorstep », on abandonne l’agression frénétique pour renouer avec les ambiances grandioses d’un thrash épique et majestueux. Et les bonnes surprises dépaysantes de continuer à s’enchaîner – quelques accents arabisants sur « Burning Brimstone », une pointe de percus et une grosse coulée de blast beats sur « Sincerely » – jusqu’à ce que l’on débouche sur « Olympia Cathrin ». De ce long titre (8:27), vous savez déjà qu'il se termine plus ou moins en eau de boudin, mais ce que vous ne savez sans doute pas encore c’est qu’il réserve 3 premières minutes excellentissimes mélangeant la rage d’un Pantera fulminant mais sous contrôle et le groove infectieux d’un Prong rampant (cette basse!)... De dieu que c’est bon!

 

Là-dessus on est sûrement pareil vous et moi: bien qu'il pourrait y avoir quelques reproches à émettre de-ci de-là à son encontre, quand un album vous surprend aussi agréablement, vous n’avez pas envie de vous attacher aux petits détails ni de pinailler, mais plutôt de vous laisser aller à une saine euphorie. Dont acte… PAF! Un bon 8/10 pour cet album varié, libre, rageur, étonnant et à grosse patate. De République à Nation, et même au-delà: vous aussi, Manifestez!

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur son 4e album, Manifest balance tout ce qu’il a en stock. Thrash/death à la Dew Scented, groove metal suintant, hardcore, math-noisecore torturé, stoner’n’doom, punk’n’crust, thrash classique. Tiens, même une parenthèse latino! Et plutôt que de sonner bordélique, le résultat enthousiasme… Manifestement!

photo de Cglaume
le 20/04/2015

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