Megascavenger - Boneyard Symphonies

Chronique CD album (33:15)

chronique Megascavenger - Boneyard Symphonies

Les albums de Rogga Johansson, c’est comme certaines émissions télé bas du front, ou certains films sans surprise (Fast & Furious 13, Iron Wolverine Vs Thor-tuninja, The Zombie Sharknado Centipede…): on sait que ça va être au mieux gentiment convenu, au pire complètement con. Et pourtant, quand l’occasion se présente, on a du mal à décliner l’invitation. Quand il s’agit effectivement de se vautrer dans le canapé devant l’une de ces émissions qui brassent autant de neurones qu’un meeting électoral en cambrousse trumpienne, cet abandon de toute exigence qualitative trahit sûrement une connerie bien plus profonde que l’on n’ose se l’avouer. Quand par contre il s’agit d’accorder plusieurs heures au promo d’un Megascavenger, d’un Paganizer, d’un The Grotesquery ou d’un Bone Gnawer, c’est juste que l’extension reptilienne de nos terminaisons nerveuses auriculaires est en manque de gras.

 

Du coup, hop: quand me passe sous le nez l’email vantant les mérites de Boneyard Symphonies, 4e opus en 7 ans consacré au Death metal le plus simple et le plus old school qui soit, je craque et me le cale en fond de playlist. Et comme pour les produits cinématographiques évoqués plus haut, le constat s’avère vite sans surprise: cette grosse demi-heure de metal extrême se trouve avoir la finesse d’une plâtrée de pâtes aux patates. Ce qui, remarquez, est relativement attirant quand on crève la dalle… Mais c'est là la limite de l'exercice: il faut être doté d’une sacrée faim pour se l'envoyer sans broncher. Car le « Death Cassoulet » proposé par Megascavenger est relativement direct, sans fioriture, avec ce genre de batterie old school qui pratique la double mais pas les blasts, et qui s’offre parfois quelques petites incartades punky. Les tempos oscillent majoritairement entre le mid tempo et le up/mid tempo pour des morceaux qui tournent autour des 3-4 minutes. Le son est broussailleux, potable – mais il ne faudrait pas faire plus underground sous peine de retrouver le cambouis du garage de papa. S’il fallait se raccrocher à quelques références, on se tournerait du côté de l’Europe, autour des meilleurs "seconds couteaux" locaux, tels Benediction, Morgoth, Asphyx ou Bolt Thrower (pour une fois le discours promo vise assez juste).

 

Mais je vous vends un peu vite la chose comme une grosse purée compacte alors que ces 9 titres font quand même relativement preuve de variété. Si si: Rogga s’en est assuré en invitant une longue liste de vocalistes « réputés » (…dans les milieux autorisés). Grognent ainsi à la queue-leu leu les beugleurs de Fleshcrawl, Revel in Flesh, Puteraeon, Thorium ou encore General Surgery (liste non exhautive). La chorale des goules aide donc à faire passer le temps plus vite, tout comme de bonnes petites interventions lead qui sortent régulièrement le nez des compos du guidon, ainsi que certaines petites touche différenciatrices – des abords plus Heavy sur « Soils Reclamation », des ralentissements quasi-Doomeux (quoique ce n’est pas là où le groupe brille le plus), et parfois une vraie poussée d’inspiration (sur « Pandemic Rotting Storms », dont le riffing maléfique et l’ambiance apportent une petit supplément d’âme, un indéfinissable charme… Rogga il l’aaaaaaaaa, il l'aaa, Ou-Ou-OuOuuuuu, Ou-OuOuuuuuu!!!).

 

N’empêche, malgré les timides éléments de déco accrochés de-ci de-là, on sent bien que sur cet album la philosophie de Rogga reste « Simple is Beautiful ». Cette approche, alliée à une certaine rugosité old school, fait de Boneyard Symphonies ce genre d’album typique qui semble sortir tout droit de la chaîne de production de la Paul Speckmann Company. Le produit est calibré, sa mécanique ronronne comme un moteur d’Allemande, mais le rythme de croisière pousse vite à la sieste – d’autant que dès qu’un morceau devient accrocheur, il tombe rapidement dans le déjà vu passe-partout. Et dans les pires moments, on ne sait même plus distinguer les morceaux les uns des autres (vous voyez une différence, vous, entre le début de « Factory Standard Slaughterdevice » et celui de « World Sized Meatgrinder »? Le groupe s’auto-plagie sur deux pistes successives d’un même album: C’est fort quand même!). En tous cas une chose est sûre: si vous voulez piéger ce pote qui vous met toujours au moins 10 points dans la vue dans les concours de blind tests, placez-lui Boneyard Symphonies sur la platine… Impossible qu’il vous sorte le nom du groupe ou de l’album!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Rogga Johansson est comme la fourmi de la fable. Il entrepose les groupes et les compos de Death old school au fond de sa grotte pendant que les cigales du Metal partent tourner tout l’été. Mais à la différence de l’autre individualo-capitaliste, le Suédois en fait profiter les auditeurs et ses copains musiciens, et ce jusqu’à plus soif. D’ailleurs on commence à frôler l’indigestion. M’enfin si vous avez encore un peu de place, son Death au saindoux est toujours aussi roboratif, à défaut d’être fin…

photo de Cglaume
le 19/12/2019

2 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 19/12/2019 à 09:09:27

À l'approche des fêtes, je crois bien que mon foie ne va pas le supporter...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 19/12/2019 à 12:15:24

ça vaut pas le dernier Paganizer (je déconne)

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