Melvins - Houdini Live 2005

Chronique CD album (59:20)

chronique Melvins - Houdini Live 2005

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES

Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 32 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Ré-enregistrer entièrement Houdini, version 2005 et en concert? A l'origine de cette drôle d'idée, les concerts/festivals organisés par All Tomorrow's Parties (organisation de spectacles en Angleterre et aux States, label et autres...) et leur concept « Don't look back », où ils demandent aux artistes d'interpréter un de leurs albums en intégralité et en live, donc. Là c'était Houdini, mais le hic dans le 'h', c'est que les Melvins n'avaient pas le matos et les conditions nécessaires pour immortaliser tout ça lors de ces quelques dates spéciales. Du coup, ils louèrent un peu plus tard un genre d'entrepôt, installèrent tout le matériel pour un enregistrement en direct de qualité, et invitèrent quelques potes afin de constituer un semblant de public.

Paraphraser les notes de pochette de King Buzzo, c'est vraiment de la fumisterie, hein? Mais ce que vous ne savez peut-être pas (et si vous en avez quelque chose à braire) c'est que dernièrement ils se sont appropriés le concept et l'ont propulsé dans le délire mégalo bien senti (l'un n'empêche pas l'autre) : j'évoque ici la tournée où ils rejouaient entièrement plusieurs de leurs disques, dont Lysol, Eggnog, Bullhead, Stoner Witch et... Houdini. Des vinyles (puis des CD's), super chers en édition limitée, retracent avec plus ou moins de bonheur tout ça, les Endless Residency (aurai-je un jour le courage de les chroniquer ? Mystère et boules dégomment...). Et vive le téléchargement illégal !

 

Alors Houdini, si vous suivez (cf chapitre 1), c'est loin d'être mon album favori de la bande à Buzz. Du coup, cette revisite de vieux répertoire m'interpellait, priant pour que le résultat soit plus intéressant. Nique le suspense: bingo, c'est exactement ce qu'il s'est passé.

 

Déjà, le son. Pas de réverb floue cache-misère comme sur beaucoup trop de disques live. Le son est sec, un peu froid, même, faisant plus penser à du live dans le studio que dans un hall de gare. Logique, puisque c'est un peu le cas. Ensuite, pas d'applaudissements, de cris et autres entre les morceaux, le public est muté, muet, effacé. Tant mieux.

 

Ensuite, l’initialement joliment stupide « Pearl Bomb » ouvre le bal, niquant dès le départ l'ordre des morceaux. Totale nouvelle version, presque indus-punk-metal-atchoum. Très bonne surprise que le remaniement de ce titre, qui était à la base une étrange chanson absurde basse carton/boîte à rythme et voix calme zarby. Ici, elle devient un gros titre puissant, introduction idéale du front guerrier. Chapeau.

 

Suit un « Hooch » trapu sans plus, avant une version glaciale de « Night Goat » : intro à rallonge, larsens, nappes droniques menaçantes. Trevor Dunn, ici bassiste d'un soir (ou quelques uns), a un son parfaitement niqué comme on aime : distordu, mouillé, ça craque dans tous les sens et le pépère connaît son affaire (je rappellerai qu'il a joué entre autres dans Mr Bungle et Secret Chiefs 3). Les voix sont gutturales, courroucées, râpeuses. Putain de version à piques. Comme la vipère!

(Désolé.)

 

Dommage, l'intensité redescend un peu avec le doublé suivant: « Lizzy » est rebaptisée « Lizzie », va savoir pourquoi... On entend le souffle des lampes dans les passages calmes et King B en fait un peu trop au chant. Pas grave, le tout passe comme lettre à la poste punk, même si je préfère la version originelle. Très belle compo quoiqu'il en soit. Mais « Going Blind », j'accroche toujours pas trop. Reprise de Kiss, qu'est-ce que j'en ai à foutre de Kiss? Je me répète? Ah bon. Pourtant, j'avais pas encore parlé de Metallica, non? Ben voilà. Bite. Nan, sérieusement, elle est plus dynamique et passe mieux que l'originale. Euh?, laquelle? Les deux, éh-hé-hé ! On ne s'en sort plus, ma bonne dame.

 

« Copache » renvoie la sauce, à toute vitesse avec ses couplets thrashy et son thème de gratte spatialisée dans l'intersidéré. Excellent mais bien bref : vroum! Aussi sec ça repart sur « You Set Me Straight » que je n'ai jamais aimée. Le début est bien Punk, elle me plairait presque mais vient ce refrain dégueu et... ho!, merde, putain, ils la zappent! Eux aussi auraient-ils du mal avec ce titre? En tout cas, on se tape avec soulagement une reprise enchaînée de « Deserted Cities Of The Heart » de Cream à la place. Cool. Ça fait longtemps que j'ai pas écouté Cream, y'avait quelques bons morceaux...

 

« Sky Pup » réarrangée est savoureuse. Dale Crover est seul au micro et le tout gagne en intensité, avec un mélange assez indescriptible de sonorités Rock et Power-Pop (?) branque, mélodies fantasques et joyeuses qui dérapent dangereusement dans les virages.

 

Si Buzzo chantait à l'origine « Teet » d'une jolie voix aussi suave que psychotique, ici c'est le bourrinage massif qui l'emporte et c'est presque dommage. Qu'importe, tu te manges « Joan Of Arc » dans la gueule juste après et t'es aux anges car en voilà du grand de bourrinage! Voilà bien un de ces morceaux horriblement lourds mais terriblement tranchants que les Melvins ont l'art nous planter dans le crâne. Oppressant, pesant mais toujours énergique: violent en un mot. Un de mes titres favoris, mec. Ne te décroche pas la tête pour autant... Pauvres et faibles cervicales malmenées à nouveau par le carrément Thrash « Honey Bucket », où ils enculent à la file indienne centipède Slayer et... Metallica (hem), l'étendard Punk noir et chiasseux dans le fion. Puis tu te traînes au sol avec l'ultra lent et effrayant « Hag Me ». T'es dans la caverne, mec, et je peux te dire que t'es mal barré. Les ombres que tu contemples avec effroi se dirigent droit sur toi, prépare-toi, dis adieu à tes burnes, elles finiront en andouillettes sauvages, à la cru, mode opératoire anthropophage.

Dégustation de cochon vertical !

 

Final tambourinant comme sur le disque studio, « Spread Eagle Beagle » interminable et aliénant, percus tribales minimales (Crover+Buzz+Trevor aux fûts), bidouillages d'échos électros et distos numériques par le grand Lustmord à la console.

 

Et voilà un disque droit et raide comme la justice salope, bien meilleur que l'original, à mon humble avis. J'aurais dû m'en douter, Houdini est le roi de l'illusion... et de l'évasion, paraît-il. Quelques baisses de tension toutefois, mais l'ensemble pourra te faire passer de joyeux moments de brutalité Rock. Autant bestial que froid calculateur.

Dans ta gueule ou dans ton fion, ça fait du bien par où ça passe, merci les gars.

photo de El Gep
le 05/02/2012

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