Melvins - Pick your battles

Chronique CD album (49:35)

chronique Melvins - Pick your battles

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 24 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

A l'origine de ce double live (Berkeley 1989 et Boston 2008) collecté sur un seul CD, Brian Walsby, dessinateur BD et musicien (Double Negative, un temps dans Polvo et tout un tas d'autres formations plus ou moins éphémères). Après avoir sorti assez confidentiellement ses deux premiers tomes de la BD introvertie et humoristique (et très  branchée musique) « Manchild », il se fait un peu plus connaître, grâce à l'ajout rusé de disques inédits des Melvins à ses livres. Tu connais pas Brian mais tu kiffes les Melvins, alors t'achètes son bouquin et t'as un skeud avec. Et pour pas cher (à l'époque, du moins) ! Bien vu. Je ne ferai pas mon cynique, je dirai que la démarche est sympathique, surtout que Brian a l'air d'être un vrai pote du groupe et pas un vautour suceur de moelle.

Accompagnant le tome 4 de « Manchild », il s'agit du disque ici chroniqué par votre infidèle faux serviteur. Si les BD de Walsby ont parfois un côté touchant et amusant, je ne suis pas très fan de son style de dessin, simple et enfantin, ni très fin ni très affirmé. Et comme nous sommes ici pour parler de musique, je ne vais pas m'y attarder.

 

Donc. Deux concerts espacés de presque vingt ans qui se succèdent sur la galette, ça fait forcément un peu bizarre. C'est ce qui est intéressant, en même temps, car les différences de son, de composition et d'interprétation sautent carrément à la gueule.

 

Le premier - 1989 - n'est constitué que de morceaux extraits de « Ozma » [Boner/1989], excepté « Your Blessened » du futur « Bullhead » [Boner/1991]. Ça sonne comme une cassette saturée, (le master d'origine, probablement, en était une), avec ce charme graisseux si particulier à cette formidable technologie analogique.

La voix de Buzzo est très en avant dans le mix, c'est assez irritant, mais le son n'est pas pourri pour autant. On peut tout de même profiter de ce répertoire abscons, grognon et grognant, Rock porcin coléreux qui assène ses riffs larges et bancals comme des éléphants qui tanguent.

Un bol de saint-doux qui baigne dans l'éthanol comme petit déjeuner, étale sur ta tartine et prie pour que ta salope de mère n'ait pas ajouté de la mort au rat. D'ailleurs, fais goûter au chat d'abord.

Paf !, maoww : l'est tout crevé, minou-chat!

 

Imprévisibles et insensés, ces morceaux ne sont pas un modèle de cohérence et de confort. A réserver aux amateurs de choses Rock sludgisantes, vénériennes et perverses.

 

Le second concert, dès l'intro de « Nude With Boots », rend justice à la nouvelle formation, fusion avec le duo basse/batterie Big Business. Et c'est assez proche de ce que j'avais pu constater en vraie vérité sur les planches à l'automne 2008 (le concert de ma vie, ou pas loin).

Le tout dernier disque en date des Melvins, un live lui aussi, « Sugar Daddy », est plus complet tout en présentant une set-list très proche. Mais il me semble que les versions des morceaux sur le disque ci-chroniqué sont bien meilleures. Du coup, « Sugar Daddy » ne me fait guère envie, sachant que je possède déjà ce « Pick your Battles ».

Car là aussi, l'immense majorité de ces 7 titres se concentre sur les albums « A Senile Animal » et « Nude With Boots » : des morceaux qui trouvent leur pleine dimension en concert, joués à des tempi un peu plus rapides, avec un feeling qui n'a pas oublié le Roll de Rock'n'Roll.

 

Le groupe maîtrise son affaire et la fait danser dans la joie frénétique, ce qui contraste vraiment avec l'autisme de teigne trépanée régnant sur le concert de 1989. Les structures rythmiques riches, et ciselées avec maniaquerie, sont retranscrites avec brio, tout comme les chants multiples. Impressionnant, virtuose et surtout vivant, énergique, enlevé. Du pur bonheur.

Tu souris, secoues la tête, tu danses et tu te sens en confiance.

 

Erreur! Toi le faible! N'oublie pas pour autant que les Melvins peuvent, encore aujourd'hui, soudainement contre-braquer et redevenir une entité malfaisante réellement flippante. Ça sera le cas sur les deux titres plus anciens : « Eye Flys » et « Boris ».

Le premier est une composition tout simplement géniale dont je ne me lasse pas d'écouter ses différentes versions. Sa ligne de basse obsessionnelle sonne comme un vrai classique iconoclaste (gné?) et quand le chant rentre, au bout de longues minutes tendues de jeux sadiques ente guitare et batteries, t'as plus qu'à te dresser debout et te marteler le torse de coups de poings masochistes libérateurs. Mais ne te cogne pas la tête trop fort dans le mur, ça serait bien que tu tiennes jusqu'à la fin.

Car « Boris », quant à lui, est complètement réarrangé sur sa deuxième moitié psychotique guitare-voix, à base de déstructuration du temps et des mesures, suspense à gogo et délires vocaux aériens, mystiques ou grotesques. Après avoir subi le déluge de sa première partie satanique, tu te prends un pur delirium sous LSD. Musique de malade, schizophrène, animale ET branchée intellect, le skeud rend son dernier soupir sur un faux chant tibétain de vrai drogué.

 

Deux concerts très différents, deux ambiances, 38 bars, 192 salles (dont 93 de tortures et le reste de plaisirs coupables) et une bédé en rab' pour la peine : le nouveau grand complexe des Melvins vous accueille en son antre fantasmamongolique, nuit et jour, soleil comme tempête.

Et pour pas cher!

 

Tu as le droit de roter.

photo de El Gep
le 06/11/2011

6 COMMENTAIRES

Crom-cruach

Crom-cruach le 07/11/2011 à 18:07:29

A écouter absolument: les deux albums qu'ils ont fait avec pépé Biafra !!

el gep

el gep le 07/11/2011 à 18:23:56

Mouais... pas forcément le meilleur des deux mondes, ces disques de collaboration.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/11/2011 à 18:37:48

Dépend des gaziers selon moi.
Pour pépé Biafra rien ne vaut LARD avec Ministry en ce qui concerne les collaborations.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/11/2011 à 18:43:14

Hé el Gep !! Quand t'as pas 3 grammes, tu peux avoir un avis nuancé !!
Désolé de t'avoir salement amoché concernant ta critique du dernier Lofo. LA nuance n'était pas de mise !!

el gep

el gep le 07/11/2011 à 21:11:34

Non mais tu m'as pas amoché, tout va bien.
J'aime bien qu'on me traite de facho (j’avais pas vu en fait ta réponse) dans ce genre de contexte. Ça a quelque chose de rassurant.
Il faut être radical, ça n'empêche pas l'ouverture d'esprit.
Gn?
Ah bon.
Non, effectivement je ne suis pas fou des disques Melvins / Biafra (les chroniques viendront, d'ailleurs, bien entendu).
La collab' Jello / DOA est par contre absolument fantastique.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/11/2011 à 18:33:46

D'accord avec toi, celle avec NOMEANSNO est pas mal ausssi.
T'as raison faut être radical avec les fachos et les faire disparaitre. Okay je comprends ce que je veux ...

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