Melvins - Prick

Chronique CD album (42:00)

chronique Melvins - Prick

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 20 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

J'ai été gros consommateur de presse musicale, j'ai lu des montagnes d'interviews, parcouru des chroniques par milliers, suivi des récits de concerts ou de festivals. En fait, j'aimais vraiment ça. Peut-être était-ce des restes de rêves de jeunesse où la musique me faisait fantasmer au-delà de la seule envie d'en jouer.
Mais tout cela avait assez duré.
Le dégoût s'est installé. Dégoût face à ces questions récurrentes sans intérêt, à ces réponses où l'on n'apprend rien, à ces rétrospectives de groupes qui repompent quasi intégralement des notes de pochettes, alors qu'elles étaient censées nous dire quelque chose... de plus. Ce n'est même pas de la déception, non. Mais bien ce dégoût qui fait front au vide. L'attraction avait cessé, faisant place à une répulsion tranquille, causée par le savoir, le savoir du Grand Rien. Tout cela était inutile, vain, du vent, du vide, oui, du vite-fait vite-oublié, du va-et-vient de vicissitudes éventées, des torrents de lettres et de mots sots sans vie. De l'information de petite frappe, ça te met au courant de ce qui se fait mais ça ne raconte rien. Une voie de garage pour pseudo-lettrés frustrés écrivant sur ce qui doit être écouté et vraiment découvert par soi-même, et qui n'a rien à voir avec la froide objectivité impossible, fable de l'apprenti journaliste egocentré.

L'existence me réserverait d'autres surprises du même acabit, la vanité se pointant à chaque carrefour insoupçonné. Ainsi va la vie comme dans les lieux communs sur-fréquentés, me voilà à écrire des chroniques. Aujourd'hui tout le monde écrit des chroniques.
Et j'en ai lu, des revues de ce disque-là, Prick. J'ai vu les mots « fumisterie », « arnaque » et « disque inutile » (en général.)

« Disque inutile »... Que l'on m'explique l'utilité d'un disque! Que l'on m'apprenne la praticité d'une rondelle de plastique! Épouvantail sur-évalué pour animaux de campagne fanatiques de légumes du jardin? Sous-verre tendance déjà dépassé? Ou alors contenu sonique faire-valoir de ses bons goûts en société? Utilité émotionnelle et utilité de raison pour se construire, se détruire, et voir le monde avec d'autres yeux? Pour redéfinir ses vagues valeurs étriquées? Ou alors synonyme de nullité, de néant, ou alors simple pirouette pour éviter de tenter d'expliquer? Ou alors quoi?
Baba je suis.

Disque inutile (quoique ça puisse signifier) pour beaucoup de monde, donc. Prick. Disque provocateur sorti sur un autre label alors même que les Snivlem en question était signés sur Atlantic, hérésie contractuelle, hérésie commerciale. « Vous n'avez pas le droit ». Eh bien, ils l'ont fait malgré tout. Atlantic a jeté une oreille dessus, a jugé que ça ne valait rien, autant les laisser sévir sous le nom SNIVLEM, propulsés par un label prêt à dépenser du fric pour cette pâtée informe.

Pourtant, au beau milieu de la pâtée pour chien, il y a un morceau complètement pervers qui pue le sexe sale et la drogue, « Rickets », qui ressemble à ton reflet dans l'eau des toilettes. Mid-tempo joué nonchalant à la batterie, avec guitares-tronçonneuses graisseuses qui patinent dans la merde.
Plus loin, il y a une pure minute de silence annoncée par une voix de papy, un morceau qui est une fin de morceau avec guitare de shredder, des ambiances de concerts avec gens impatients et quelques frappes de caisse, des ronrons de notes lointaines, des panoramas soniques d'un quartier d'une ville, des prédicateurs de rue qui gerbent leurs discours apocalyptiques, des oiseaux qui chantent, des essais toms de balances.
Oh! « Chief Ten Beers » est un délire répétitif avec guitare sous tremolo, licks bluesy et indien qui psalmodie.
On y trouve des sons du métro, musique de métro, musique de clochards du métro, musique prises sur le vif, c'est documentaire, bordel de merde!
Arf...
Du tribalisme sonore incohérent, balancé le long de « Chalk People : on retrouvera tout du long cet apprenti chamanisme urbain, qui ensorcelle et te berce.
Plus tard, ce sont les cloches d'église qui chantent avec la batterie de Crover et des voix de foule, dans « Punch The Lion ».
T'as même un morceau instrumental Hard-Rock typique Melvinsisen pour que tu fasses du karaoké dessus, avec tes propres paroles et tes propres lignes de chant. Putain, comme c'est ludique! Place à la fantaisie, place à la création, place à l'amusement, tu as tant de sons en toi et tant de sons autour de toi que tu peux utiliser, ou juste apprécier!
Je m'enflamme. Pouf.
Allons, aie confiance, redécouvre-toi toi-même, redécouvre l'enfant que tu étais, quand tu baragouinais devant la glace, une guitare en raquette de tennis dans les mains (quand ce n'était pas autre chose).
Et que dire de cette longue pièce finale, « Roll Another One », compilation d'essais puérils? Tu y trouveras du chant de tibétain passé dans la disto, du bruit aléatoire causé par une guitare électrique sans complexe, encore du chant indien assez beau sur une batterie autiste (mais cela dure si peu, déjà aimé, déjà parti, déjà fini !), du chant en canon récitant des prénoms, de la musique atonale infernale (parodie de proto-prog-rock technique?), de la Noise avec faux discours d'Allemand nazi en yaourt (ou pas), pour se terminer à nouveau sur des pèches de batterie, soutenues par des bruits de spectateurs ou de supporters enthousiastes.

Inutile, hein? Bah, écoute, je t'ai décrit le bordel à ma manière, ne recherche pas de morceaux de musique conventionnelle ici, plutôt des bribes de sons, des passages abstraits, des collages humoristiques, des ambiances... Un lecteur de Core And Co, « Runaway » pour ne pas citer son pseudo, a qualifié ce disque de « livre d'images ». Parfait, c'est exactement ça, bravo. Tu as gagné une tête d’œuf à ressorts.
C'est aussi une vraie cour de récréation.
Un peu comme quand j'écris mes chroniques. Je m'amuse. Que faire d'autre? Pourquoi faire autre chose que s'amuser? Ne rien faire? Fermer sa gueule? On peut.
Mais la générosité, bordel!? Tenez, je vous donne un pur morceau inutile, qui n'a rien à voir avec les Melvins, à télécharger ici:
http://www.neufgiga.com/n/50-17/share/LNK49444b8d28a39fb3a/
Ma chronique servira au moins à ça: faire un cadeau.
Séchez vos larmes.


 

photo de El Gep
le 25/09/2011

3 COMMENTAIRES

Runaway

Runaway le 30/09/2011 à 20:41:53

Hey ! Je continue de lire !
J'attends ma tête d'oeuf à ressort avec impatience !

J'ai commencé mon blog de mon côté (comme je t'avais dis) mais tu verras c'est des critiques bien plus classiques que les tiennes.

Je voulais commencer par les Melvins avant de dériver sur pleins d'autres albums d'autres groupes mais j'ai eu quelques contre temps.

Pour revenir au sujet de base, je trouve que ta chronique colle bien à l'album (ça veut tout dire) et ça fait du bien un autre discours que ce qu'on entend tout le temps...

Runaway

Runaway le 30/09/2011 à 20:44:45

L'adresse du blog n'est pas passé...
Si tu as le temps, l'envie et/ou la curiosité, tappe albino4sludge

el gep

el gep le 30/09/2011 à 23:22:51

Hey, cool!
Ah oui sur ton blogueuh, c'est une bonne idée d'avoir mis des titres en écoute! Même si ça ralentit et gêne un peu la charge de la page et la navigation dans celle-ci.

Pour la tête d’œuf à ressorts, gare à toi, c'est l’œuvre de Satan, mec, et elle pourrait bien venir à toi de sa propre volonté.

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