Melvins - The Bulls And The Bees

Chronique mp3 (23:30)

chronique Melvins - The Bulls And The Bees

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 35 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse interminable, se référer à l'introduction du chapitre 1...

Je suis trop un ouf, je tente une chronique à chaud des Melvins ! Autant dire que je fais vraiment n'importe quoi. Oh, rassurez-vous, je l'ai écouté un paquet de fois... Douze ? Treize ? Et je le réécoute encore à la relecture de ce texte.

Est-ce moi qui ai changé, est-ce que j'ai vieilli, est-ce que ma pompe à adrénaline est à plat, ai-je trop écouté les Melvins ces onze dernières années, ai-je trop malmené ma sensibilité musicale à coups de Harsh Noise et de zique aberrante, ou est-ce que les Melvins tournent réellement en rond, je ne saurais faire la part des choses.

En tout cas, l'impression de déjà-vu est sévère, à l'écoute de cette nouvelle sortie, virtuelle pour une fois. Il paraîtrait qu'à l'avenir Amphetamine Reptile pourrait en sortir une version physique limitée. Espérons qu'ils changeront le visuel, car, honnêtement, il est vraiment nul.

 

Donc, le déjà-vu frappe dès le premier titre « The War On Wisdom ». Cette espèce de Hard-Rock - certes très tubesque et un peu biaisé, délicatement anormal – est typique des Melvins. Très typé, oui, reconnaissable entre mille, ce genre de riffage et de rythmiques à embuscades. Depuis Houdini déjà, ils nous montraient à l'occasion cette facette mélodico hargneuse imparable, entraînante, mais décalée juste ce qu'il faut.

Le problème, c'est que depuis que les nounours de Big Business les ont rejoints, leur affaire possède une patte tellement particulière et identifiable que cela pourrait lasser, à la longue (trois albums et un EP sous cette formation, déjà).

Alors, clairement, on ne peut pas leur en vouloir d'avoir autant de personnalité. Et puis, ce n'est pas AC/DC non plus, mais ce côté développement et dérivations d'idées déjà installées existe bel et bien.

 

C'est encore évident sur le deuxième titre « We Are Doomed », avec son intro très « Charmicarmicat/Lysol ». Belle pesanteur savamment dosée, cela dit. Mais ensuite, le petit souci, c'est qu'ils nous refont le coup de « Lizzy » (Houdini) ou de la deuxième partie de « Suicide In Progress » (Nude With Boots), par exemple. Ce mid-tempo ensoleillé, doux-amer, vaguement Rock sudiste, qui est l'un des – nombreux et variés, certes – modes d'expressions typiques de nos chers loustics.

Les lignes vocales de la deuxième partie sont cependant très majestueuses.

Enfin, ils terminent sur un riff escalator, qui m'a gravement rappelé l'album précédent, notamment la fin de « Electric Flower », un morceau plutôt bof.

 

Les Melvins font du Melvins, mais ont du mal à créer la surprise sur ces deux premiers titres.

Pourtant, il serait dommage de bouder notre plaisir à l'écoute de ces arrangements méticuleux et de ces lignes de voix très très élaborées et maîtrisées. Toujours et encore, il y a de la recherche et des belles idées à la pelle. Il est fort probable aussi que ces mélodies hantent votre crâne toute la journée, et même sous la douche. Il y a vraiment quelque chose de plaisant, là-dedans.

C'est peut-être ça, pour résumer, le bémol à cette dernière sortie : les Melvins sont plaisants, les Melvins ne font plus peur, les Melvins ne dérapent plus.

 

Erreur ! Il suffit d'écouter les deux plages suivantes, très lyriques. « Friends Before Larry » (la partie militaire est du pur Big Business, désolé Buzzo, désolé Dale) et son chant de requiem psychédélique, et surtout « A Really Long Wait », sont de pures merveilles. Ce dernier, avec ses chœurs dans les vapes, ses cordes cauchemardesques et ses glissandos irisés-oniriques, suinte les humeurs froides et fatalistes d'une ambiance engourdie étrangement inconfortable (uncomfortably numb, ahahah !). C'est beau. Vraiment, c'est d'une tristesse sans nom. Ça te berce, ça t'emmène dans les limbes, mais c'est loin d'être rassurant, car il y a cette vieille angoisse qui rôde comme un putain d'alligator derrière le rideau d'eau trouble.

A noter que ces deux morceaux s'enchaînent et s'emboîtent, donnant l'impression qu'il s'agit d'une seule et même pièce mortuaire.

Meilleur moment de cet opus numérique, sans débat possible. Les Big Business, disais-je, n'y sont pas pour rien. On pourrait d'ailleurs se poser des questions, quand on réalise que les passages marquants de The Bride Screamed Murder, et donc du « disque » ci-chroniqué, paraissent spécialement influencés par les compères Jared Warren et Coady Willis. En ingérant les B.B., l'entité Melvins semblerait presque être devenue son prolongement. Est-ce grave, docteur Gepeto ? Certainement pas, mon petit Gep, et de toutes façons, est-ce étonnant ? Non.

(En ce moment, je parle beaucoup à moi-même. Je fais les questions et les réponses, c'est tellement plus pratique la vie comme ça.)

 

Ce qui est un peu plus préoccupant, ce sont les sonorités Glam et Hard FM entendues ici et là. Le dernier titre « National Hamster » (lol, dirait l'autre), commence par une jolie intro au goût de déjà-fait (elle ressemble à du vieil Alice Cooper Band et à plusieurs autres choses... des Melvins). Mais ensuite, ouh-la-la ! Bon, c'est vrai qu'il y a quelque chose de cintré dans la manière qu'a le groupe d'intégrer des influences Queenisantes et Sparksiennes, depuis quelques années. Ça en fait une drôle de tambouille limite kitsch, joviale, délurée et provocante. Mais bon sang, ce break vers 02:40, là, c'est trop, non, merde, quoi ! Je veux bien qu'ils présentent leur version bigarrée et désaxée du Hard Rock FM, mais ça pèse lourd sur l'estomac.

Lourd.

Tout comme le delay sur la voix de Crover dans « The War On Wisdom », au fait. C'est bon, la blague, on la connaît par cœur, par pitié, ne la refaites plus ! Surtout qu'elle débarque juste après des lignes de chant sucrées très très limites. Euh, genre « La Grande Chorale Des Bons Garçons Du Hard Présente... ».

Autre chose qui me préoccupe, c'est la guitare de Buzzo. Ce que j'aimais tant chez lui, c'était cet art de concocter des riffs bizarres. Même lorsqu'ils sonnaient directs et francs du collier, en se penchant dessus, on réalisait qu'ils fourmillaient de détails, de trompe-l'oreille, de petites perversions et de saloperies psycho-salaces. Ici, pardonnez ma franchise, mais ils tournent à plusieurs reprises carrément bateau. Et quand fameuse asymétrie illogique il y a, ce sont des déclinaisons de compos précédentes. Par contre, il y a quelques solos discrets mais inventifs qui valent leur pesant de cacahouètes.

Et malgré tout, on n'est jamais dans la structure couplet-refrain et vous ne devinerez jamais comment les morceaux se termineront. De même, en parlant des riffs à Buzzo, le passage vers les 03:00 de « National Hamster », par exemple, me fera encore mentir.

 

Au final, on dirait que je n'aime pas ce disque, on dirait que je le descends. C'est que je me suis pas mal concentré sur le négatif et que ces arsouilles m'ont rendu exigeant.

Alors que les harmonies vocales m'ont mis sur le cul à plusieurs reprises, que « The War On Wisdom » sonne tout bêtement comme un classique (ça, ça veut strictement rien dire, on est d'accord) et que tout cela reste de la très bonne musique. Tout est question de relativité. Ça ronronne un peu pour du Melvins, mais c'est toujours le dessus du panier, en matière de Rock. C'est très fun, aussi : c'est un EP entraînant, qui détend, je sens qu'il va pas mal tourner cet été.

Et puis merde, avec la paire « Friends Before Larry » / « A Really Long Wait », le groupe a réussi à mettre au monde un morceau ambiant magnifique. Un rêve tissé de sons, tout à fait unique, à part.

Sinon, l'enregistrement est très bon : chaud, ample, souple et naturel. Très « live dans le studio », en somme. Toshi Kasai (guitariste chez Big Business et ingé-son) a fait du bon boulot.

 

Notons qu'un nouvel album sortira chez Ipecac en juin : Freak Puke, en version Melvins Lite, trio électroacoustique avec Trevor Dunn à la contrebasse. Ça promet d'être plutôt calme et classieux. Je suis impatient d'écouter ça !

Toute une ribambelle de splits vinyles limités sont aussi prévus.

 

Z'avez vu, j'ai même pas râlé parce que ce disque porte, dans son titre officiel, le nom d'une putain de marque de bagnoles, en sponsoring. Pourtant, y'aurait matière à en dire de la merde...

Et bordel, je suis resté sérieux tout du long ! C'est atroce : on dirait que j'ai fait mon chroniqueur ! Quelle horreur !

Je suis bel et bien fini.

photo de El Gep
le 21/03/2012

10 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 21/03/2012 à 12:21:24

Tu seras un chroniqueur "fini" quand tu feras des chros cliniques de 10 lignes, commençant par un rappel de la bio du groupe, et finissant pas "J'ai hâte de voir ça en live!" :)))

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 21/03/2012 à 14:53:00

^^

Mais qu'est-ce tu fait du dimanche un mercredi ^^

sepulturastaman

sepulturastaman le 21/03/2012 à 18:43:32

Quel différence entre une marque de bagnole ou une marque d'un label ? Y a pas écrit ipecac alors t'es pas content ? Nan pasque le but du truc c'est de te prendre du pognon, l'aspect faire plaisir mon c*l oui, la gloire la célébrité z*b oui.

el gep

el gep le 21/03/2012 à 22:07:47

Sepulturastaman, il y a une différence entre une marque de label sur un disque et une marque de voiture sur un disque.
Je ne me prendrai pas la tête à t'expliquer cette différence, qui me paraît évidente.
Après, oui, le but d'un label c'est de VENDRE.
Moa y'en a pas comprendre ta dernière phrase, sinon.
Sinon je fais pas du dimanche un mercredi, le dimanche, c'est OLDIES, apparemment. C'est déjà ridicule de publier un disque sorti en 2002 sous l'étiquette oldies, n'en rajoutons pas, ahah!

Pidji

Pidji le 21/03/2012 à 22:14:55

Bah oui, disons que par "oldies" on parle d'albums plus anciens, alors des fois c'est relativement proche mais bon. Et du coup, dans ton cycle Melvins, il y a du vieux et du moins vieux, mais les cycles sont aussi associés au dimanche, donc voilà le pourquoi du comment. Hum.

sepulturastaman

sepulturastaman le 22/03/2012 à 07:16:10

Et ça change quoi que se soit écrit scion et pas ipecac ?
Sincérement crois-tu que les Melvins en ont quelques chose à carrer de scion quand on connait (enfin surtout toi) l'histoire avec atlantique records. Ça sert à rien d'être offusqué ?
Je pensais pas que ça te travaillerais tant que ça, je trouve ça surdimensionné.
Tu dis ça uniquement pasque t'es de mauvaise humeur.

el gep

el gep le 22/03/2012 à 10:05:36

Je voulais pas me lancer là-dedans, mais bon...
Scion vend des bagnoles et infiltre le milieu de la musique "indé" pour essayer de vendre plus de bagnoles en se créant une image sympathique de souteneurs de l'Art. C'est encore un exemple de récupération.
Après, les Melvins prennent la thune et font exactement ce qu'ils veulent, comme toujours.
(La marque avait aussi financé l'une de leurs tournées.)
J'imagine qu'eux ils y ont vite décelé l'intérêt.
Je suppose que je suis jaloux: ils auraient dû financer notre tournée à nous, on aurait pu la faire, au moins, ahahahah!

sepulturastaman

sepulturastaman le 22/03/2012 à 18:11:03

Je suis d'accord avec toi pour l'image sympathique, par contre je pense pas que les gens achètent une voiture d'une marque précise car elle sponsorise des artistes ou alors c'est moi qu'est con d'avoir choisi un tas de ferraille selon mes besoins.

el gep

el gep le 06/05/2012 à 21:26:57

En fait je suis un sombre con: ce disque est vraiment très bien.

el gep

el gep le 01/07/2015 à 17:51:22

EP nouvellement édité en CD (ce n'était resté que de bêtes MP3ees) avec "Electroretard" (plus dispo depuis un bout) en bonus, et en entier!
Nouvelle chronique un jour, pour parler de choses dont je n'avais pas parlé auparavant.
...ou pas.

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