Menace - Impact velocity

Chronique CD album (50:38)

chronique Menace - Impact velocity

 

« … A présent Robert je vous demanderai d’être attentif: il va vous falloir deviner le nom d’un groupe. Attention, il y a un piège…:

* J’ai sorti mon 1er album fin 2013 / début 2014

* Je comprends en mes rangs 2 bassistes, dont Shane Embury

* Je suis le side-project  d’un membre éminent de la scène metal britannique

* mon nom commence par un M

Je suis…

- Mutation?

- Non Robert, je vous avais dit qu’il y avait un piège. Et puis vous êtes vraiment trop con: le nom est écrit en tête de cette chronique!

- Menace? Rhaaaaa, je le savais en plus… »

 

Effectivement, on aurait envie de faire le rapprochement entre ces 2 super-groupes tant, de loin, à contre-jour, sans fouiller le truc plus que ça, ils ont de nombreux points communs. Comme par exemple cette approche un peu froide et mécanique de leur musique. Et puis venant de Mitch Harris – guitariste de Napalm Death, j’espère que je ne vous apprends rien –, qui plus est épaulé de Derek Roddy (Hate Eternal, Blotted Science) et Frederic Leclercq (Dragonforce, Maladaptive), on se dit qu’il y a moyen que le bestiau nous charcle les oreilles avec la même virulence que le Mutation en question.

 

Sauf qu’en fait, bah non, pas vraiment.

 

Le bébé de Mitch Harris est beaucoup plus planant, progressif et spatial. D’ailleurs si Impact Velocity avait dû sortir de la hotte d’un autre Père Noël de la scène, cela aurait été de celle de Voivod, notamment celui qui, en 1989, sortait Nothingface. Spationef à la dérive dans les brumes intergalactiques, trip au LSD en apesanteur, mélancolie en orbite autour de Pluton… Essayez pour voir, lors d'un blindtest. D'ailleurs l’aspect Nono-Le-Petit-Robot est encore renforcé par des choix esthétiques assumés (cf. le très beau clip de « I Live With Your Ghost ») et un chant monocorde désincarné dont l’autisme robotique n’empêche pourtant pas – Mystères de l’expression artistique! – de faire passer moult émotions et d’accoucher de refrains vraiment grandioses, comme l’envolée polyphonique de « To The Marrow », la supplique résignée mais belle de « I Won’t See The Sun », la plainte entêtante de « Positron » ou l’excellent « It’ Evenrything, And It’s Nothing To Me » du titre du presque même nom.

 

C’est d’ailleurs là l’une des grandes forces d’Impact Velocity: l’album n’est pas uniquement le terrain de jeu d’un musicien en mal de liberté, mais bien une collection de titres variés dont une très grosse moitié sont aussi réussis qu’accrocheurs. Comme ce « Sealess Integration » énorme clôturant (quasiment) l’album sur la marche résolue et puissante d’un monstre mécanique obéissant à une voix qui discourt plus qu’elle ne chante. Ou comme « I Live With Your Ghost » qui combine l’apesanteur mélancolique caractéristique de cette galette avec des accents Voivodiens, une approche dansante à la Pain et ces touches symphoniques récurrentes sur l’album. Tiens d’ailleurs parlons-en de ces incursions d'éléments « classiques », car c’est pour une grande partie les interventions des violons de Nicola Manzan qui réhumanisent les titres du groupe et permettent cet équilibre magique entre froideur de surface et chaleur des sentiments qui participe pour beaucoup à l’envoûtement que subit l’auditeur.

 

Mais, bien que déjà riche par nature, le créneau « space prog sympho-psychédélique » décrit dans les paragraphes précédents ne suffit pas à contenter Mitch Harris. Celui-ci s'autorise donc (il aurait tord de se priver vu qu'il s'agit quand même de son bébé) à partir dans d’autres directions, souvent plus « brutales ». D’où les rythmiques abrasivement FearFactoriennes qui démarrent « To The Marrow ». D’où l’attaque percussive « à la Sepultura » qui ouvre « I Won’t See The Sun ». D’où quelques brûlures de cordes vocales et un riff tourmenté à la mode Napalm au milieu de « Within Context ». D’où la liberté accordée à Derek de blaster un peu sa mère sur « Impact Velocity ». D’où également, l’exploration du passé plus « cyber thrash » de Voivod sur « Malicious Code », ainsi que ce bonus carrément plus couillu intitulé « Insult To Injury ».

 

OK, certains titres développent un peu trop une dimension « léthargie en eaux troubles », et le côté Voivodien du projet implique quelques détours alambiqués qui piqueront un peu les amateurs de metal qui va droit au but. Mais l’un dans l’autre, avec cette forte personnalité et de nombreux titres grandioses – voire hautement tubesques –, Impact Velocity s’avère un vrai morceau de choix. Plus que ça d’ailleurs: cette première sortie de Menace est un beau et grand voyage qui nous emmène au plus profond de la tête de Mitch Harris, et en même temps loin derrière les grandes nébuleuses célestes. Essayez-le pour voir, même si au départ, comme moi, vous n’êtes pas fan de musique planante et introspective…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Menace est pour Mitch Harris l’occasion de nous faire découvrir le côté « space prog sympho-psychédélique » de sa personnalité. Non non, ne partez pas: malgré cette étiquette stylistique pas forcément aguicheuse, Impact Velocity est un grand album recélant autant de tubes puissants que d’invitations séduisantes à de longs voyages galactico-introspectifs (… Gné?)

photo de Cglaume
le 11/04/2014

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