Ministry - Psalm 69

Chronique CD album (44:00)

chronique Ministry - Psalm 69

Alors que la story liée à la discographie des Melvins touche doucement à sa fin, nous entamons un autre fameux M. Non pas le gamin de Louis, virtuose du manche, pas Madonna non plus (ce serait drôle, tiens). On reste à l’ouest des Etats-Unis même si l’on s’enfonce un peu plus dans les terres. À l’ouest, c’est surtout dans les écueils de leur grand prédicateur-communicateur en chef. C’est aussi l’occasion pour nous de fêter les trente ans de carrière du chicagoan et la sortie prochaine – le 23 mars 2012 – de Relapse qui marque leur retour. Place à Ministry, pour une discographie revue suivant le modèle de mon excellent confrère El Gep, soit un voyage dans le temps, sans respect et sans s'attarder à toutes les escales d'ailleurs.

Pour ce premier chapitre, arrêt sur Psalm 69, subtilement sous-titré The way to succeed and the way to sucks eggs, où l’on comprend que le père Jourgensen n’a jamais été avare d’un bon mot. En parlant d’anniversaire, le Psalm fêtera ses 20 ans le 14 juillet prochain. Oui tout est dans tout. Quitte à entrer dans la discographie d’un groupe autant commencer par l’album le plus « populaire » et de se pencher sur ce qui en a fait le succès.

 

Psalm 69 est le cinquième album du groupe/ projet (j’y reviens plus tard), il sort aux Etats-Unis dans un contexte géopolitique retourné. Le père Bush, faute de guerre des étoiles, a exprimé durement son fait face à l’oppresseur irakien qu’il a lui-même (son administration) mis en place, ça ne vous rappelle rien ? 34 états se coalisent pour forer… Heu … Rendre la liberté au mini Etat-pompe à essence Koweitien. Le jeune état mis en place par les britanniques (1961) maintient ses flux d’or noir à un taux bas, le grand frère ottoman qui n’a jamais admis cette construction géopolitique se sent floué, en plus d’être endetté jusqu’à la lie, il décide de reprendre ce qu’il considère comme son dû.  Papa Bush joue les chefs d’orchestre et pour les cuivres, c’est carrément la tempête (du désert) qui fera les ravages. On apprend des nouveaux termes comme frappes chirurgicales et dommages collatéraux. En 1992, il est temps de reprendre son souffle. On allume le poste, la guerre n’est plus télévisée, le malaise latent encore moins. L’histoire est prête pour retenir 2 albums majeurs comme bande-son de cet avant-après. Rayon Hip-Hop, l’implacable Hypocrisy is the greatest luxury des géniaux Disposable Heroes of Hiphoprisy (qui saluera Salman Rushdie au passage) ; rayon rock dur, ce dantesque Psalm 69.

 

ΚΕΦΑΛΗΞΘ (sur la pochette) célèbre l’entrée une bonne fois pour toute d’Al Jourgensen dans le furieux côté du rock malsain. Sa voix, démoniaque comme jamais supporte les sempiternels deux accords réglementaires pour un barouf ultime. L’affable Paul Barker a beau essayer de triturer des pistes de synthé en douce de ses monstrueuses lignes de basse, rien n’y fera, la demi-mesure n’a pas voix à ce chapitre de la musique du malin. ΚΕΦΑΛΗΞΘ veut dire chef en grec, ce n’est pas pour rien, Jourgensen a sa symphonie bien en tête. Le 69 fait lui référence au chapitre du Livre des Mensonges d’Aleister Crowley, la boucle est bouclée. Satan m'habite !

 

Un single sulfureux est extrait de l’album. « Jesus built my hotrod » est une guignolerie speed punk sous infusion brûlante de mercure, dirigée par le maboul en chef des Butthole Surfers. Grâce à cette blague, l’album entre un peu plus dans le culte. De l’introductif « N.W.O » au terminus « Grace », tout est malmené. Chaque titre est un hymne à la désolation, à la rudesse des jours à venir (20 ans à l’avance ?), une parfaite bande-son du chaos en somme. Rien ne nous sera épargné, les huit minutes vingt-deux de « Scare Crow » sont quasi mystiques, le doom n’a jamais résonné aussi cold. C’est ce qui va faire la différence, le père Jourgensen plonge dans les affres du Metal noir en s’oxydant les veines de lyrisme froid. En 1992, le grunge bat son plein, Nine inch Nails mené par le faux-frère Reznor sortira en septembre son effrayant Broken, qu’à cela ne tienne l’apogée du noir malin tient dans ses quarante-quatre minutes ultimes. De tout temps, les gens aiment avoir mal.

Le titre éponyme repose sur une intro devenue légendaire, peu ont osé à l’époque monter le curseur aussi loin. Alors oui l’album abouti est excessif et depuis vingt ans presque révolus, comporte tous les superlatifs. Pour la carrière du groupe, il n’est que le jalon d’incessantes références. Lorsqu’un créateur pousse aussi loin ses convictions, il ne suscite qu’enthousiasme et déceptions pour la suite.

photo de Eric D-Toorop
le 15/04/2012

10 COMMENTAIRES

Sam

Sam le 15/04/2012 à 10:54:05

Pas mieux, mon favoris haut la main, découvert quand j'étais gamin, à l'époque rien ne s'en approchait tellement le son Ministry était sans concession. Un chef d'œuvre intemporel que j'écoute souvent encore maintenant avec grand plaisir.

Je peux pas mettre 11, sinon je l'aurais fait...

Crom -Cruach

Crom -Cruach le 16/04/2012 à 13:24:58

fan absolu !!!

vkng jzz

vkng jzz le 17/04/2012 à 15:36:06

11/10

FWF

FWF le 03/07/2013 à 15:20:30

12/10, juste parce que j'ai mis 11/10 à MIATTTT.
Cet album est d'une violence inouïe, il y a de la rage, de la colère, de la décadence. Comme Broken effectivement !

cglaume

cglaume le 01/11/2013 à 12:30:55

Tiens, je me le ré-écoutais récemment, c'est l'occasion de balancer qq impressions désordonnées sur la galette. 1) C'est marrant mais pour moi, avec son riff à 2 notes, "N.W.O." a toujours été une version simplifiée - et donc bien moins intéressante - de "Burning Inside" 2) "TV II" c'est vraiment de la grosse bombe. On dirait une sorte d'hommage indus au raw thrasn'n'black old school à la mode "Sodom des débuts" 3) Même reproche que pour "The Mind...": pas mal de morceaux sont trop longs - à faire tourner pendant plus de 5 minutes l'éternel même plan. C'est souvent que tout a été dit au bout de 2:30... 4) "Psalm 69" est un putain de morceau. C'est juste un peu d'hommage que les plans grandioses avec ch?urs religieux, et les passages plus basiquement metal/indus se suivent sans jamais vraiment se mélanger. On a un peu l'impression d'écouter un morceau bipolaire constitué d'un succession d'états qui ne fusionnent jamais pour former un tout...

...L'autre vraiment, qui se permet de critiquer un classique absolu (que j'aime bien en plus!) ... :)))

pidji

pidji le 01/11/2013 à 13:27:46

Un peu "d'hommage" ???

sepulturastaman

sepulturastaman le 01/11/2013 à 13:42:06

Lapin il est bourré, lapin il est bourré, il publie des commentaires ivre ; lapin il est bourré :-))))))

cglaume

cglaume le 01/11/2013 à 14:10:23

:) Argh, je devrais relire mes commentaires autant de fois que mes chroniques tiens !! :) M'enfin ça ne change rien au fond du propos :P

Par contre, bordel: 14h-un-jour-ferié et - eh NON Sep' !! - je n'ai pas encore bu une goutte d'alcool !! Heureusement j'entends le bruit de l'apéro-déjeuner tardif qui se prépare en bas... :)))))

sepulturastaman

sepulturastaman le 01/11/2013 à 14:34:14

Mince à la fourrure près ce mecs est presque parfait.

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 01/11/2013 à 19:13:31

Pour la longueur des morceaux, suis vraiment mal placé... c'est un peu notre kiff aussi. Mais je comprends le point de vue.
Et c'est clair que les Mi, Sol, La sont archi-rebattus en brèche dans cet opus (et le précédent)... c'est là que l'ambiance dépasse la musique... on se fiche des 3 notes qui tournent pendant 3/4h ; "Scarecrow" est un monument.
Depuis 20 ans, y'a un paquet de groupes qui sont passés par là, à chercher le tendu, à frôler le malsain... l'oreille est moins vierge.
Cet album a ouvert pas mal de portes... même si pour les 35 something qui jouent maintenant, ils vont tous dire qu'ils sont passés par Nevermind ^^

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