Mono + The Ocean - Transcendental

Chronique CD album (25:00)

chronique Mono + The Ocean - Transcendental

Il se passe toujours quelque chose de particulier lorsque les oeuvres musicales vous touchent d'un simple regard.
La pochette sous les yeux, on s'imagine déjà ce que peut-être une rencontre Mono (japon) et The Ocean (Collectif Européen) :
La candeur d'un nouveau-né assis sur des charbons ardents face aux yeux plein d'envie de bêtes monstrueuses et hurlantes.
Le post-rock face aux sons abyssaux du metal presque Lovecraftiens de The ocean.
Et comme d'habitude, l'usine à images turbine méchamment avec ces deux groupes qui semblent être aux antipodes de la musique.
 

Pourtant...
dans le fond, les deux groupes sont comme le Pôle Nord et le Pôle Sud : opposés, différents...avec de sacrés points communs.
Mais "Transcendental" est le titre et l'adjectif idéal pour parler de ce partage de rondelle.
La musique des groupes se veut toujours intense, elle est toujours une invitation au voyage, un entraînement à la chimère que peu savent pousser à leur paroxysme. Rien de surprenant non plus à ce qu'ils aient partagé la scène chaque soir lors d'une tournée menée par Solstafir (Oct-Nov 2015). Mais revenons au disque sorti chez Pelagic records.
 

Je serais bien grivois de dire que ce deux titres est une belle double pénétration (sonore). Pourtant, lorsque le batteur de Mono frappe ses cymbales de plus en plus fort (comme à son habitude) pour lancer une piste de 11 minutes, on ressent déjà les premiers effets d'ondes qui se diffusent dans tout le corps.
Le crescendo est lent, très progressif, mais encore une fois, sans s'éloigner de ce qu'il est, le groupe japonais fait vibrer.
Un morceau extrêmement classique pour ce lancement, mais dont les effets sont presque immédiats.

Pour une fois, le dossier de presse est vraiment informatif : ce morceau est une entrée dans un univers où se mêlent vie (le crescendo), mort (le milieu intense) et renaissance (la fin post-rock avec un petit glauckenspiel)...
Une plongée muette qui laisse la plus belle des libertés à l'auditeur : celui d'imaginer selon son désir et son bon plaisir.
 

La mort est omniprésente mais toujours en filigrane, y compris sur la 2nde piste offerte à The Ocean. Le groupe dit s'être inspiré d'Enter the void (film carrément psyché de Gaspard Noé), dont le théâtre est...Tokyo, au Japon.
Pour l'occasion, on s'imagine alors facilement un esprit spectateur, passif au milieu d'une agitation folle : la mélancolie du piano, la tristesse du violoncelle, la gravité des coups de caisses de batterie, la guitare au son d'un post-rock traditionnel.
Le démarrage est classique, mais The Ocean a eu l'esprit plus aventurier pour son lancement de 3 minutes.
Le schéma créatif est le même que Mono : on bascule dans l'intensité assez brutalement. Cette fois la guitare est plus lourde, le riff plus haché, classique également.
Le violoncelle est mis en valeur par le son, moins pour sa liberté se cantonnant à quelques notes simples, répétées...mais parfaites pour la force du titre.

13 minutes passionnantes, dont l'intensité est faite de montagnes russes pour offrir au récit imaginaire que tu te crées, un tas de rebondissements. Un solo fou, un riff haché qui revient, la guitare et le finish (aux allures orientales, hypnotiques portées par le violoncelle) ne sont pas un étalage de puissance comme on aurait pu l'imaginer pour un groupe qui maîtrise de plus en plus sa violence depuis 2010 ("Heliocentric") mais garde cet aspect massif à chaque création.

Lentement, s'éteint "The quiet observer", avec un petit sentiment d'amertume : ce split manque d'audace.
"Peu importe ! diront certains, il ne manque pas de beauté !"...et ils n'auront pas tort.

photo de Tookie
le 30/11/2015

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