No One Is Innocent - Propaganda

Chronique CD album (40:00)

chronique No One Is Innocent - Propaganda

Merci No one d'être revenu. D'avoir fait table rase de ce que tu avais experimenté sur "Drugstore". Ce n'était pas pour toi, ce n'était pas toi.
Merci de regarder autour de toi tout en regardant en arrière.
Merci de refaire ce que tu sais faire de mieux.

 

Non, tu ne pouvais pas te taire. Pas maintenant. Cela fait longtemps que ça ne va plus. C'est sans doute ça le monde d'aujourd'hui. Il tourne en ne fonctionnant plus bien.
Mais toi tu es toujours là, réveillé par ce début d'année qui a vu trop de sang couler et quelques millions d'anonymes hurlant dans les rues.
Le cd est lancé, les frissons sont déjà là alors que tu n'as pas encore parlé. Les frissons vont rester lorsque tu auras commencé.

"Qui sommes-nous ? Charlie !"
Certains l'ont galvaudée cette expression. Tant pis, tu es bien placé pour l'utiliser. C'est par ces mots que tu entames un album qui en dit long sur ce que tu as à crier.
On a déjà beaucoup trop dit sur le sujet, mais toi, No one, tu résumes toute une pensée en 3 minutes. Cette écriture incisive, cette nervosité dans les mots me rappelle tes jeunes années.
Une écriture un peu précipitée qui rime avec sincérité.

 

Celle de "Silencio" est plus posée avec des mots pesés, mais c'est le No one tout electrique qui parle. Rock hyper-volté avec ce petit groove qui va bien pour caler des mots qui parlent de maux. Tu vas aborder tout un tas de sujets parfois trop vus, trop entendus. Tu vas en parler sans nous ouvrir sur un autre point de vue, mais tu l'exprimes toujours avec beaucoup de justesse et beaucoup d'envie.
Le fait qu'il n'y ait pas que l'actualité qui te tende les nerfs n'est pas un mal. Qui parle aujourd'hui encore de Massoud ? Des Scottsboro boys ? Tu n'oublies pas, tu parles comme un père éclairé, un historien érudit qui n'oublie pas pour comprendre le présent.

Pour tout te dire, j'ai quand même eu peur que tu ne te mettes à radoter comme tous les darons, que tu te perdes un peu dans tes arguments, que tu t'essouffles. Je t'ai senti vriller, ralentir au beau milieu de l'album. L'anglais ne te va pas pour moi. Mais tu as su te reprendre, tu as su me garder jusqu'au bout, me scotcher, malgré les déceptions ("Kids are on the run") :  je suis resté jusqu'au bout.
Pas par respect : parce que je prenais du plaisir. Tu es bien meilleur que sur "Drugstore", plus vivant que sur "Gasoline", plus direct que sur "Revolution.com". T'as retrouvé cette fougue d'antan qui n'a jamais cessé de vivre en toi.

 

Après tout ça, tu méritais bien quelques minutes de masturbation. "20 ans".
Putain oui. 20 ans. Quand je t'ai rencontré je portais un pyjama, j'avais regardé Les guignols de l'info avec ma soeur, j'avais 9 ans et je ne comprenais rien à ce que tu hurlais. Je n'aimais pas ce que tu faisais, mais 5 ans plus tard, je t'ai revu. Dans une médiathèque, à Arras, à côté de No Doubt. J'ai appris à te comprendre et à t'aimer pour ce que tu es.

"20 ans" mais t'as tout dit dans 2min30. T'as encore ces couilles, cette mentalité, cette envie, cette puissance (la fantaisie bien punk old-school en clôture avec "Holy fire" digne d'un Sex pistols / The clash). Je t'ai retrouvé. Toi. Le No one que je mets les soirs d'élections pour me remettre de la connerie des votants et des élus, le matin dans un bus pour une manif, le midi avec les yeux sur la presse.

Merci de t'être réveillé, de t'être mis un coup de pied au cul pour retrouver cet esprit, ce feu punk entre les Beruriers noirs, les Sales Majestés et Trust. D'avoir retrouvé cette écriture fine et contestataire qui accélère le pouls et serre les dents pour mieux donner envie d'ouvrir grand sa gueule. Merci de l'exprimer avec ce groove dans un crossover rock-metal dans la lignée de ce que faisait Rage Against the Machine.

Tu n'es peut-être pas parfait sur cet album, tu en fais parfois trop, ou au contraire pas assez. Mais tu es redevenu toi avec tes défauts mais surtout toutes tes qualités. En plus tu es l'un des rares à ne pas m'avoir menti sur cette bonne vieille affirmation commerciale d'interview "cet album est un retour aux sources".
Pour ces 20 années et pour ce "Propaganda", merci No one.

photo de Tookie
le 08/06/2015

5 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 08/06/2015 à 09:50:04

Après leur album précédent qui était vraiment mauvais, là c'est quand même sympa à écouter.
Bon par contre on a l'impression d'entendre du RATM par moments au niveau des riffs ^^

PGN

PGN le 08/06/2015 à 13:51:42

Excellente chronique, et je suis d'accord sur presque tout (sauf que moi j'ai beaucoup aimé Drugstore, même si j'ai eu du mal à l'écouter comme un album de No one tant il était différent de ce qu'ils font d'habitude).

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 08/06/2015 à 18:07:38

M'étonne que Kémar fasse encore de la lévitation en live mais ta kro m'a donné envie de me pencher sur l'album malgré la nullité de "Silencio".

Tookie

Tookie le 08/06/2015 à 18:39:02

Ha la différence c'est que j'ai bien aimé "Silencio", tu seras peut-être déçu. La proximité avec RATM est d'ailleurs plus que flagrante sur ce titre...mais le reste de l'album n'est pas du même acabit, tu peux toujours tenter !

sarouman

sarouman le 17/07/2015 à 14:31:56

oui ça fait RATM, mais putain que ça fait du bien d'en écouter. RATM c'était il y a 20 ans, quand on sait que dans les soirées il y a toujours Cure ou téléphone (que je respecte) tant mieux qu'il y ait encore l'esprit de rage tant au niveau des riffs que des textes. Ca fait du bien d'entendre ces sons dans ce paysage morose musical ou guetta, black M et consorts squattent la place. Merci No one, merci pour ce putain d'album !!!

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