Nuclear Death Terror - Chaos Reigns

Depuis quelques temps, le label Southern Lord a le nez creux pour récupérer des poids lourds du bruit dans son giron : Balaclava, Masakari et même les dieux du D-Beat Wolbrigade pour leur dernier et excellentissime album Damned.

NDT (pour les intimes) vient du Danemark, de Copenhague plus précisément.

Mais d'abord, petit historique de la horde : formation en 2003, première démo K7 en 2005, premier album en 2006 et ensuite une autre démo, une compil (déjà !) et trois EP's, avec un son comment dire... bien pourrave, du moins pour les versions un peu « Jolly Roger » que je possède.

Chaos Reign est en fait une espèce de best of, écoutable cette fois-ci, de leur meilleurs titres.

Alors de quoi est composé ce skeud (scud dirai-je plutôt) ?

D'un Crust particulièrement sinistre et nihiliste mon bon keupon, les rapprochant en cela du Stenchcore de Hellshock.

Une masse compacte de haine et de crasse, voilà à quoi peut faire penser Chaos Reigns à la première écoute.

Les grattes sont accordées pour sonner très graves et grésillantes, perpétuant l'héritage crust des origines. Ce n'est pas la présence de la dreadlockée Christina à la guitare qui adoucira le propos des Danois. Adam, le chanteur, semble s'être échappé d'un groupe de Death alors que la rythmique D-Beat est typiquement punk.

La puissance de feu de NDT est assez impressionnante en fait, même pour un défoncé de l'oreille interne comme votre serviteur.

Le Thrash sale des origines se cache parfois dans des morceaux comme "Collapse" alors que sur "Minochain", c'est la délicatesse d'un Fukpig qui est convoqué. Une musique de barbares pour une époque de barbares.

On est donc à mille lieux de la «mode» du néo crust ou crust moderne empruntant parfois au screamo. Si emprunts il y a ici, c'est dans le Metal le plus iveul qu'il faut aller les chercher, pour des ambiances poisseuses et puantes dignes d'une fosse commune de Timsoara. La pochette pourrait très bien convenir d'ailleurs à un groupe de BM.

Ainsi le morceau "World Enslaved" suinte d'une tension ténébreuse qui met les nerfs en pelote. L'ambiance du Sekt de Martyrdöd n'est pas loin même si NDT sonne plus instinctif, plus primitif, moins recherché. Warcollapse gronde en coulisse.

Au niveau thématique, l'insurrection et la résistance organisée sont grandement conseillées et la décrépitude du monde dans lequel nous vivons est récurrente. «A throne of human teeth on a monolith of bone».

Le pouvoir de l'État est bien sûr pointé du doigt. La régression primitive, dans la haine et les brouillards narcotiques, rabaisse l'homme au stade de la bête. C'est «pas jaune rigolo» en somme, vous l'aurez compris.

Portant fièrement l'étendard d'une musique refusant toute velléité commerciale, NDT résiste à sa façon en explosant nos cages à miel. C'est tout ce que nous leur demandons en définitif.

Crom-Cruach

le 25/01/2013