Omnium Gatherum - Beyond

Chronique CD album (57:10)

chronique Omnium Gatherum - Beyond

Le travers le plus fréquent dans le death mélodique, c’est l’excès de sucre, quand la sauvagerie et la puissance inhérentes au death metal sont étouffées par un raz de marée de barbe à papa qui colle aux oreilles. Ça arrive, si si, ne me dites pas que vous n’avez jamais croisé l’un de ces groupes aux minois poupons mêlant growlounets et piaillements romantiques sur fond de mélodies popisantes mises en valeur par une prod’ « film plastique »?! Le death bisounours, qu'on pourrait appeler ça…

 

Omnium Gatherum, lui, pratique le death mélo à la finlandaise, c’est-à-dire avec beaucoup de sucre, mais aussi des brumes matinales douloureusement traversées par les premiers rayons du soleil, une mélancolie aux larges épaules viking, et un synthé en nappes généreuses ou – héritage d’Amorphis période Tales From The 1000 Lakes – en mode « lead nasillardement aiguë ». Ce qui maintient le groupe du bon côté du taux de cholestérol maximum conseillé, c’est 1) l’expérience, le groupe proposant ici son 6e album après un New World Shadows particulièrement acclamé 2) un angle d’approche dark-doomisant – et notamment un spleen à la Insomnium (avec qui il partage un guitariste) qui limite le risque de donner trop dans le youpi-poppy-jumpy tout en évitant l’écueil du « tout geignard » 3) un growl bien profond, frôlant parfois le gras d’un Illdisposed, qui relègue les quelques poussées en chant clair au 2nd, voire au 3e plan – même si celui-ci a le bon goût d’être gravement gothique plutôt que nasalement tête-à-claques.

 

Bon, ne sortez pas non plus trop vite la massue et la peau de bête: Beyond est quand même tout plein de glucides, comme en attestent « Formidable », un « Who Could Say » trop fragile, ou le long (plus de 10 minutes!) « White Palace ». D’ailleurs le groupe revendique l’appellation « Adult Oriented Death metal », en référence à l’AOR – ce qui en dit long sur sa virulence (!) et annihile à tout jamais nos espoirs de le voir injecter des éléments war metal ou harsh noise dans sa musique. Mais bon, dans ses meilleurs moments – qui ne sont pas rares – Beyond rappellera aux nostalgiques de bon goût le superbe Shadow’s Dance de Godgory, voire une version plus mélancolique du chouette The Devil’s Resolve sorti l’année dernière par Barren Earth. "Et quels sont-ils ces moments fastes?" me demandez-vous (allez, on fait comme si…). L’enchaînement entre la mignonette et emblématique intro « Luoto », et le superbe « New Dynamic » – dont le tapping miroitant est carrément excellent. Puis c’est « The Sonic Sign » qui nous retourne avantageusement le slip, grâce à ( / malgré?) de légères touches de synthélectro, et des guitares décidément conquérantes et magnifiques. Mais la palme du riff qui tue revient à « The Unknowing », avec cette boucle récurrente où se succèdent puissantes tornades riffées et floraisons formidables. Un délice – dommage que tout le morceau ne soit pas à l’avenant!

 

Si Beyond n’offre pas à Omnium Gatherum une place incontestable sur le trône du death mélo, il lui permet en tout cas de remporter les primaires et de se placer en bonne position dans la course au mandat très prisé de King Of Melodeath. Fans d’Insomnium, des vieux Amorphis et de toute l’école finlandaise, allez-y: c’est de la bonne!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Beyond est un très bon album de death hyper mélodique à la sauce finlandaise. Ceux qui supportent mal les albums excessivement sucrés et les ambiances mélancolico-héroïques construites à la force du synthé auront clairement du mal, mais les fans d’Insomnium, des vieux Amorphis et du Shadow’s Dance de Godgory vont kiffer ce shoot de « sucre glace death metal ».

photo de Cglaume
le 24/04/2013

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