Opeth - Pale communion

Chronique CD album (55:40)

chronique Opeth - Pale communion

Depuis "Heritage", les fans d'Opeth ne se posent plus la question de savoir si le nouvel album est "bon", "sympa" ou mieux encore.

L'interrogation qui brûle les lèvres est désormais : "Est-ce que cet album est metal ?"

 

Beaucoup de fans de la première heure attendaient le premier single "Cusp of eternity" avec impatience.

Nombreux furent ceux qui "lâchèrent l'affaire". La déception de certains a aussi céder la place au bonheur d'autres : l’excellent "Heritage" avait une suite.

 

Autant spoiler tout de suite : il apparaît évident que le growl est absent de ce "Pale communion". Il n'a pas sa place ici, tout simplement.

Cet album est dans la continuité du précédent et cette fois encore, la décennie 70's demeure une énorme source d'inspiration. De quoi permettre aux plus jeunes de se pencher sur Deep purple (Uriah Heep pour le son de l'orgue et Goblin pour la piste du même nom) pour en savoir plus.

 

Mais Opeth réussit toujours à surprendre et à proposer quelque chose de "nouveau".

Si cette hydre a 5 têtes, seule une est véritablement pensante avec le charismatique M. Akerfeldt. Les fabuleux techniciens derrière lui demeurent indispensables à la réussite de cet album, ayant tous un "toucher" particulier qui valorise chaque morceau. Joakim Svalberg, le nouveau claviériste, a l'occasion de briller dès "Eternal rains will come" puis sur les 55 minutes suivantes. Mais nous y reviendrons.

Comme tous les autres albums d'Opeth, celui-ci est extrêmement complexe et riche.

 

Des semaines d'écoutes intensives n'ont pas encore délivré tous les secrets de cet album qui ne manque pas de profondeur...du moins pour celui qui va s'y intéresser. Il convient avant tout d'adhérer au style de l'album.

Le son lui est plus clair, direct, moins vaporeux que sur "Heritage". Cette petite rupture marque une nouvelle ambiance qui s'éloigne du psychédélisme classique. La pochette, bien différente en marque visuellement la volonté.

 

Continuer dans la rupture. Rompre dans la continuité.

C'est à la fois toute l'histoire d'Opeth et toute l'histoire de cet album.

Suite logique de l'album de 2011, "Pale communion" reprend des sonorités empruntées à un passé de 40 ans, et au passé du groupe.

On reconnait immédiatement la patte des riffs d'Akerfeldt, les passades au piano et le travail harmonique entre les guitares (à noter que l'acoustique demeure l'atout charme du groupe). Cette personnalité maintenant bien connue s'agrémente de nouveautés, d'évolutions assez franches et marquées.

 

Elles tournent encore une fois autour d'Akerfeldt.

 

Les deux Martin (Mendez et Axenrot) font pourtant encore un travail tout en subtilité pour le compte de la section rythmique. Le toucher de ce batteur demeure un extraordinaire atout comme le fut (dans un tout autre style) Martin Lopez.

Axenrot a d'ailleurs l'honneur d'être très audible, nous laissant profiter de son jeu entre finesse et raideur, sur le jeu de cymbales sur "Cusp of eternity". Chefs d'orchestres, ils gèrent à merveille les accélérations et les nombreuses cassures rythmant ces 8 compositions.

 

C'est aussi le travail du claviériste qui marque. Ambianceur, mais technicien, Svalberg démontre qu'il peut jouer très vite et très bien. Aux côtés du batteur et du bassiste, il habille la base des morceaux sans fioritures et sans étouffer. On retrouve aussi des gimmicks nés sur "Heritage" reconnaissables à la première écoute (pistes 1 et 6).

 

De quoi laisser un peu de place aux guitares et au chant.

C'est en cela que "Pale communion" se démarque de son prédécesseur. Il y a bien des passages à l'atmosphère étrange et psyché comme sur "Moon above, sun below", mais le mélodique s'impose régulièrement et des petites touches presque orientales (ou hispanisantes) s'installent ça et là.

 

Les guitares habillent donc très bien des morceaux à l'ossature ciselée, fine.

Dans le fond les compositions sont relativement "courtes". La tracklist sur la gauche vous laisse apprécier des durées qui, comme sur "Heritage", donne du rythme, et une certaine vivacité.

Les morceaux défilent sans avoir le temps de devenir lourds, longs, pompeux.

Evidemment, cela n'exempt pas l'album de défauts sur lesquels nous allons revenir.

 

Mais "Elysian Woes" mérite un arrêt, un "thumb up" pour les nostalgiques.

Pour certains le prog' est un désert dans lequel ce morceau serait une oasis. Ce titre bien calme rappelle l'univers de "Damnation" en acoustique, ou un morceau éclairé mais comparable à "Coil" (sur "Watershed").

Cette douce pause n'est qu'une parenthèse que "Goblin" vient refermer. Ce morceau 100% prog' 70's (et muet) remet les points sur les "i" et nous ramène dans l'ambiance posée par les trois premières pistes. Une sorte d'interlude quasi-funky, en forme d'hommage au groupe italien du même nom.

 

"River", le morceau qui suit, traverse deux décennies du rock et deux continents.

A la fois psyché 70's, à l'anglaise, il tire aussi son influence sur le rock 60's américain avec sa guitare à la Lynyrd Skynyrd. De quoi donner un côté assez épique au progressif. Une piste extrêmement marquante sur laquelle on ne s'ennuie pas, chaque minute ne ressemblant pas à une autre.

 

Elle laisse aussi entrevoir l'évolution d'Akerfeldt dans son chant (nous y venons enfin).

Exit le growl, faites vous une raison, le moustachu fait toujours des vocalises (et en fait des caisses) comme sur "Heritage". Ces "hawhawhawhaha" très maniérés apparaissent régulièrement mais nous plongent dans le psychédélique.

Il a par contre beaucoup travaillé pour être à la fois plus doux ("River" ou "Faith in others"), plus agressif sur quelques phrases ("Voice of treason", "Moon above, Sun below") tout en restant dans le clair.

 

La nouveauté la plus flagrante se fait attendre sur les dernières pistes.

Un orchestre à cordes vient se poser sur des morceaux d'Opeth. Et ils n'ont pas faits le déplacement pour rien. Si son jeu se résume à quelques notes, elles suffisent à mettre une ambiance dure, presque sombre au contraire du dernier morceau que les violons introduisent avec douceur.

Quasi-omniprésente sur ce dernier titre, la section à cordes laisse entrevoir de nouveaux trésors dans la musique d'Opeth.

Loin d'en faire trop, loin d'être anecdotiques, les violons sont un élément supplémentaire de la richesse et de l'émotion qui se dégage de ce groupe.

 

Lorsque se referme cet album, on reste sur l'idée que l'émotion reprend ses droits, elle qui avait un peu disparue au profit de la technique toujours parfaite du groupe. Cela n'efface pas les 45 minutes précédentes, qui découlent logiquement d'"Heritage".

On peut difficilement répondre à la deuxième question posée dans les premières lignes de cette chronique : cet album est-il metal ?

Cela mérite peut-être débat.

"Pale communion" est une sorte de "Damnation" version prog'. Il n'a rien de metal musicalement. Il porte pourtant en lui l'essence, l'atmosphère palpable, la tension aussi douce que malsaine que seul le metal peut offrir.

On peut par contre répondre facilement à la toute première question : oui cet album est "bon", "sympa"...et même bien plus que ça.

photo de Tookie
le 26/08/2014

6 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 26/08/2014 à 10:49:08

J'ai beau réessayer à chaque fois que tu parles d'Opeth, j'arrive pas à entrer dans leur univers :/

Tookie

Tookie le 26/08/2014 à 16:05:27

A chaque fois que j'en parle...beaucoup trop... (pfiou, j'ai même pas le courage de me relire)

Pinktree

Pinktree le 27/03/2016 à 08:41:03

Je viens de découvrir le dernier Opeth, il était temps vous me direz ! C'est pour moi une excellente surprise, Faut dire que je suis fan absolu de rock progressif alors j'ai également acheté "Heritage" (un chouia moins bon cependant hihihi). J’espère que le groupe continuera sans cette voix gutturale qui a été trop longtemps sa marque de fabrique (à part Damnation).

el gep

el gep le 27/03/2016 à 13:16:01

En même temps, Pinktree, sa voix gutturale est assez esxceêtionnelle. (Ouh je fais nimp sur mon clavier mais je laisse car c'est bô).
Bref, moa je me suis pas remis de "Blackwater Park", le seul qui ne finit pas par m'ennuyer... Leurs albums ou titres sont souvent trop longs, pas insisté sur leurs dernières sorties plus prog, faudra que j'y retourne à l'occase.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 27/03/2016 à 20:44:58

Jamais pu prononcer le nom du groupe correctement alors l'écouter...

Pinktree

Pinktree le 09/04/2016 à 11:49:39

Plus j'écoute l'album plus et plus je l'apprécie. Je ne sais pas si il y a des amateurs de Gentle Giant mais "Goblin" c'était ça mais à leur façon...
Des titres top longs comme tu le dis 'el gep" sont souvent la marque de fabrique du rock progressif. Ça peut être pompeux et parfois ennuyeux comme le faisait ELP mais jouissif comme Deep Purple avec "Child in time" par exemple (Deep Purple, du rock progressif, il délire le gars ! hihihi).
La voix gutturale est peut être exceptionnelle comme tu le dis (je ne suis pas expert en la matière pour avoir une opinion) mais à mon sens elle gâche la composition (un instrumental voire une voix "normale" et j'écouterais tous les morceaux régulièrement sans modération).

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