Polkadot Cadaver - Last Call in Jonestown

Chronique CD album (47:55)

chronique Polkadot Cadaver - Last Call in Jonestown

Quand j'ai posé pour la première fois Last Call In Jonestown dans mon lecteur, une alarme interne clamant « Eh merde, quelle tâche: t’as pris la réédition du 1er Vektor par erreur… » s'est mise à retentir pendant un court instant. C’est que, bordel, comme il envoie ce début d’album! Du pur thrash fonceur, façon essaim d'abeilles malicieuses impatientes de jouer aux fléchettes avec le lobe de nos innocentes oreilles. Puis rapidement, bien que la tension initiale demeure, celle-ci mute pour aller se lover au sein de plans de plus en plus groovy, de plus en plus vicieux, jusqu'à s'incarner finalement sous les traits de Todd Smith, dont les caresses vocales à double tranchant restent sans cesse sur le fil d’un rasoir qu’on sent prêt à foncer à tout moment vers notre gorge.

 

Crénom, ça fait drôlement plaisir un tel accueil, d’autant que le morceau – en plus d’être virulent – est sacrément bon! Parce qu’après le chef d’œuvre Purgatory Dance Party, on avait certes apprécié Sex Offender, mais pas autant qu'on l'aurait souhaité, la comparaison jouant quand même en défaveur du petit 2e. Maintenant, la bande à Todd et Jasan aura-t-elle la capacité de maintenir ce niveau d’excellence sur toute la longueur de l'album?

 

Je veux mon neveu, et pas qu’un peu!

 

Eh oui, grosse collection de tubes sur ce 3e opus très attendu! Et ce dès « Phantasmagoria », qui commence sur un groove aussi grotesquement déhanché qu’excellent, brinquebalant comme une créature sortie du laboratoire Stolen Babies. Et la fête continue avec le malaise « Painkiller » (non non: point de Judas ici…) qui démarre sur un beat soft hiphop avant de déployer un metal alambiqué tout en refrain rageur, en confessions nuancées, en guitares thrash/death véhémentes (...enfin surtout sur la 2e moitié du morceau), le tout finissant sur un riff « mathcore » (d)étonnant.

 

Le plus fort c’est que, malgré ce démarrage qui nous scotche le train à nos sièges et nous recoiffe façon Desireless, on ne s’est même pas encore envoyé les 2 masto-bombes de l’album! La première déflagration arrive en effet avec « Touch You Like Caligula », petite merveille qui renferme – on peut déjà l'affirmer – LA ligne de basse de 2013, et dont le « If I touch you like Caligula, Will you be my Mary Magdalene? » vous hantera pendant des jours. D’ailleurs profitons de ce titre pour signaler à quel point la basse – pourtant pas excessivement mise en avant – apporte vraiment énormément à certains des morceaux les plus juteux ici présents. La 2e explosion arrive quant à elle vers la fin, sur « Transistors of Mercy », dans un registre plus rampant, plus vicieux. Si si, une explosion rampante, c’est possible. ‘Z’avez qu’à voir comment le groupe – vêtu des blouses crasseuses de nawak rockers suintant le mauvais whisky – nous décoche cette ode à la traque entre chien et loup, au fond du bayou. C’est Neil Fallon, voix burinée de Clutch, qui tient magistralement les rennes de ce titre excellentissime… En voilà un putain d’exemple de featuring qui n’est pas là pour la déco!

 

Et la totalité de l’album se déroule ainsi, même si – initialement – la 1ere moitié semble concentrer la grande majorité des moments forts. En fait tout cela est surtout une question de nuances, le début regroupant les déflagrations metal les plus joufflues, tandis que la 2nde moitié fait plus souvent la démonstration d’aptitudes certaines à manier une veine indus/électro à la Circus Of Dead Squirrels. L'écriture de refrains pétillants demeure l’un des gros points forts du groupe, tout comme (mais c'est très fortement corrélé...) l'énorme présence de Todd – sans la voix duquel Polkadot Cadaver ne serait plus Polkadot Cadaver. Pour être le plus exhaustif possible, on signalera encore que « Sheer Madness » semble rendre hommage à System of a Down, l’utilisation récurrente d’un « lalala » très typé étant relativement sans ambiguïté (quoiqu'en fait Todd nous ait affirmé le contraire...). On notera également que « Impure Thoughts » est une nouvelle occasion de rappeler la filiation de cette joyeuse troupe avec Mr Bungle, le break « smooth caribean trip » à 1:38 étant une façon efficace d'enfoncer le clou dans les points sur ces i. Sur « Lunatic », le groupe s’affirme sous un jour plus électro/metal flashy, pour finalement s'ouvrir à de légères influences The Cure – et laisser une basse, tranquille mais présente, planter hardiment le décor. Enfin, oublier de mentionner la sublime fin de « Animal Kingdom » serait un crime – qu’on ne commettra donc pas.

 

Alors est-ce que Last Call In Jonestown réussit à égaler l’exploit de Purgatory Dance Party? Là, tout de suite, j’ai envie de vous dire « presque ». En laissant mûrir la chose, j’ai confiance: l’album ne perdra pas de son brillant. Par contre il pourrait bien gagner encore en patine et en mémorabilité, jusqu’à arriver à la hauteur exacte de son excellent aîné. Nous verrons bien. Mais on peut d’ores et déjà affirmer qu’on tient là un putain de grand cru qui va vous faire pleuvoir des étoiles dans les oreilles. Allez, tout le monde à pois (!), et c’est parti pour une partie de cadavre exquis musical endiablée!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Last Call In Jonestown est l’album qui ravira ceux qui avaient vécu Sex Offender comme un album bon-mais-pas-tout-à-fait-au-niveau, et qui craignaient que le groupe ne soit arrivé au bord d'une pente descendante. Ce 3e album plane en effet haut au-dessus de la masse, aux côtés de Purgatory Dance Party, à des altitudes vertigineuses que seul un nawak metal au sommet, personnel et classieux, permet d'atteindre.

photo de Cglaume
le 14/06/2013

7 COMMENTAIRES

K.S

K.S le 14/06/2013 à 18:12:19

Neil Fallon sur un album de Polkadot Cadaver, le truc improbable !
Très bon album pour moi, en tout cas.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 14/06/2013 à 21:40:21

A leur place, j'aurais intitulé leur album "Wako Minute Soup" ou "OTS, pas de détresse", ça aurait pété.

cglaume

cglaume le 14/06/2013 à 22:08:50

@K.S. on est d'accord !

@Cromy: t'es trop un poète aussi, c'est pour ça !

cglaume

cglaume le 15/06/2013 à 07:40:55

Et puis Sacrificial Suicide ça avait déjà été pris par Deicide...

pidji

pidji le 17/06/2013 à 09:39:49

Très sympa en tout cas ce disque, la voix me chanteur me donne envie de réécouter DOG FASHION DISCO ;)

cglaume

cglaume le 17/06/2013 à 09:45:05

A propos de Dog Fashion Disco: nouvel album à venir en 2014 !!!

pidji

pidji le 17/06/2013 à 10:00:16

Ah ouais ? Sérieux ? Excellente nouvelle ça !

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