Protest The Hero - Volition

Chronique CD album (54:07)

chronique Protest The Hero - Volition

« Tiens au fait, toi qui as l’air d’aimer à la fois le djent, le prog’ et les trucs barrés, tu connais forcément Protest The Hero non? »

 

Euh… Joker! Je choisis d’appeler un ami, Jean-Pierre.

 

Oui enfin bon: ok, comme vous j’ai vu passer ce nom dans le flot continu des news qu'internet déverse à gros bouillons sur nos écrans fébriles. Mais le patronyme T’as-vu-trop-cool-notre-nom-c’est-presqu’une-phrase à la As I Lay Dying / Betraying The Martyrs / Between The Buried And Me et les trombines de jeunes lycéens qui s’encanaillent avec un peu de barbe avaient dû effectuer un 1er niveau de tri qui leur avait alors été fatal. Ce n’est donc que tardivement que Fortress, leur 2nd album, a fini dans mon terrier. A peine le temps de commencer à se coton-tiger les esgourdes avec leur popote musicale que tombait la nouvelle suivante: les canadiens s’étaient adonnés avec succès au crowd funding, levant pour l’occasion 3 fois la somme demandée pour l’enregistrement de leur 4e album, Volition, la bébête aujourd’hui auscultée. Que même que le batteur s'étant fait la malle (...celle-ci ne portera pas plainte apparemment), Chris Adler de Lamb Of God assurerait le relais le temps d’enregistrer l’opus.

...Allez, vas-y lapin, pédale si tu veux rattraper le train de l’actu’!

 

« Bon alors ok: l’entame de la chro’ nous indique que Protest The Hero crèche quelque part dans la banlieue prog/djent/nawak de Headbang-ville, m’enfin tu pourrais peut-être programmer un peu plus précisément notre GPS metal non? »

 

Oui ça-vient-ça-vient: Volition devrait effectivement ravir les fans de djent progressif qui souhaiteraient voir Scale The Summit sortir des voies instrumentales où il vagabonde, mais qui sont par ailleurs agacés par les jérémiades boutonneuses de Periphery. A vrai dire il vaut même mieux préférer le prog’ agité et le metal techniquement virtuose aux cyber-Meshuggateries pour vraiment correspondre à l’audience-type de la formation, les guitaristes pratiquant ici le tricot véloce et casse-gueule bien plus souvent que les assauts télégraphiques du djent. Et l’affiliation « prog » se trouve d’autant plus justifiée que le gros du registre de Rody est celui du barde heavy prog, ses incursions dans les univers du thrash, du -core voire du death n’étant finalement qu’épisodiques. Quoique quand même, cette mélodie, cette puissance et cette versatilité de la musique comme du chant rappellent parfois leurs défunts compatriotes d’Into Eternity (exemple: sur « A Life Embossed»), ce qui est un très bon point ramené à ma grille d’appréciation. 

 

Continuant sur les traces de Scurrilous, le précédent album (…enfin c'est ce qui se dit, perso je n’ai pas encore eu l’heur de l’écouter), Volition ne se résume pas à ce que veulent bien en dire les quelques lignes précédentes. Car celles-ci éludent plusieurs éléments importants dont, notamment, le fait que malgré des superbes mélodies propulsant certains titres au rang de tubes (« Without Prejudice », ou le très youpi-c’est-l’été-fait-péter-le-punk-rock « Mist » qui rappelle étrangement Toehider), la surexcitation guitaristique incessante (qui évite néanmoins le travers de la démonstration stérile) et – corollaire logique – la densité extrême de la chose (qui renvoie parfois à la quasi-oppression ressentie à l’approche des œuvres de Biomechanical) risquent de peser lourd sur l’estomac des fans de pop acoustique et de rock cracra à 2 riffs. Ceci malgré l’aptitude indéniable de nos jeunes loups à maintenir relativement aéré cet enchevêtrement épais de broderie 6-cordesque. Il faut quand même garder à l’esprit que les goûts perso’ de nos amis les ont poussés à inviter Mr Ron « Watchtower & Blotted Science » Jarzombek à venir taquiner le riff à leurs côtés sur « Drumhead Trial ». Donc bon…

 

Autre petit reproche: le recours très fréquent à la pause chamallow de 2e partie de morceau, accompagnée de ses vocaux féminins à tutu léger, à force ça agace, même si nos loulous sont loin de s’y prendre comme des manches.

 

Bon, là je fais mine de râler, mais c’est surtout pour m’affirmer comme celui-à-qui-on-ne-la-fait pas face à ces jeunes loustics sacrément fortiches. Parce que foutredieu, l’impression finale laissée par Volition est sacrément bonne, et que cette petite heure passe toute seule, malgré l’extrême densité de la chose. C’est qu’on s’en prend plein les mirettes et les esgourdes (je reste toujours baba devant l’extrême précision des coups de scalpels qui pleuvent sur le petit bolide qu’est  « Drumhead Trial »…), et qu’on n’en finit pas de se repasser la chose et d’écarquiller toujours plus grand tout ce qu’on a à écarquiller, histoire de ne pas en louper une miette!

 

« Mais au fait, ils n’étaient pas censé faire dans le barré tes canadiens là? »

 

Oui alors là c’est plus diffus. Cet aspect s'exprime surtout à travers une certaine tournure d’esprit, qui permet par ailleurs d’alléger le propos et de ne pas faire dans le pompeux. M’enfin il faut sans doute avoir maté le clip « Star Treck geeks vs Star Wars nerds » de « Clarity » pour mieux saisir la chose.

 

Bon, à chro trop longue, conclusion très courte: Volition est un album dense mais relativement facile à aborder, techniquement couillu mais également très mélodique. Bref, je n’ai pas fini d’en tartiner mes biscottes!!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: situé à la frontière « heavy prog hyper-technique » du territoire djent – ou si vous préférez à la pointe de la modernité de la scène progressive–, Volition est un album aussi dense et exigeant qu’il est mélodique et pensé pour être efficace en live. Un impressionnant tour de force, à réserver néanmoins aux fans d’extrême raffinement.

photo de Cglaume
le 25/03/2014

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