Rabbits - Lower forms

Chronique CD album (41:50)

chronique Rabbits - Lower forms

Y'aura bien des cons pour appeler ça du Noise Rock. Moi, les subtilités du collage d'étiquettes, ça me passe au-dessus de la tête. Parfois ça m'amuse, souvent ça m'irrite. Mais ce qui est sûr, c'est que tout ça sonne bien plus Slude-Stoner-Doom que Noise Rock « école... mes couilles », « à la... machin-bite », « la belle époque de... quand tu fermais ta gueule ». Noise Rock, ça ne veut strictement rien dire, d'abord. Aujourd'hui, tout est Noise. Tout. Marvin, Melvins, Sofy Major, Welldone DumboyZ, Papaye, Pneu, Alice Cooper, Frankie Lymon, Robert Johnson, Bizet, Bach, Bénabar, Brel, Brassens, Bastro, basta ! Tout est Noise, je vous dis !

Je rappelle que Noise, ça veut dire bruit. Je comprends l'irritation des copains qui font du PUR BRUIT, même que parfois ils rebaptisent ça NOIZE. Avec un Z comme Zoulou. Pour se distinguer.

 

Revenons à nos Rabbits. Avec deux B comme Big Business.Premier album après un EP, chez Relapse toujours, et quelques autres sorties plus ou moins D.I.Y. Ils ont joué dans d'autres groupes avant, ça vous étonne vraiment ? Incroyable.

Groupe plutôt bruyant, ahah, tapant dans un registre donc plutôt lent et lancinant, mais énervé. Ça oui, les voix se veulent méchaaaaantes. Tu sais, Satan, démence, colère, frustration sexuelle, enfer et damnation. Le problème, c'est qu'elles sonnent toujours pareil et que ça chante... trop souvent. En ressort un monobloc vocal evil qui lasse très vite, la hargne s'annulant d'elle-même au fil du disque qui tourne, tourne, et tourne, interminable.

 

Là vous vous dites que je suis parti dans une chronique négative, méchaaaaante, vous savez, Satan, démence, colère, frustration sexuelle, enfer et damnation, tout ça.

Ce n'est pourtant pas mon but, car ma foi, il y a de bons côtés dans ce groupe. L'aspect doomisant de certains riffs, parfois assez beaux (surtout, mon préféré, le passage lent et mélodique de « We Beat »), ou ces rares instants quand la voix retombe dans un registre moins hurlé, plus graisseux-ivrogne. Le feeling Hardcore lent attirerait même plutôt ma sympathie. Surtout lorsqu'il se voit bousculé par une approche presque War Metal, avec ces plans euh... guerriers ! Batterie suspense d'avant la charge et riffs contenus. Ou même quand on n'est pas loin du blast Black-Meuh : « Weight Here », mais aussi lors des accélérations de « Burn, Sun, Burn » et l'ensemble de « A Tale Of Tales ».

Et là, évidence : du coup, tous les morceaux se ressemblent dans leur alternance de plans lents, lents Doomy-Doom (chronique à lire à haute voix sous la douche rien que pour ce passage) et coup de grisou War Metal / Hardcore.

Voilà mes étiquettes. Vas-y on s'fait des échanges, j'en ai en double ! Des qui brillent ! Des qui ont des hologrammes dessus !

 

Ainsi, tout ça se veut trop menaçant et mauvais garçon pour sonner tout à fait honnête. Selon moi, ça manque un peu de distance et d'humour. Je n'ai pas les paroles, peut-être que c'est à ce niveau que ça se passe... Remarquez, appeler son groupe Rabbits... Et y'a des jeux de mots dans les titres des chansons, OK, OK...

Qu'on se comprenne : faire une musique dans un délire sans aucun humour, tout premier degré à mort, pourquoi pas. Mais il faudrait tout bêtement que ça sonne mieux que ce disque, qui a bien du mal à décoller, embourbé dans son truc monolithique. A chaque écoute, les 42 minutes me paraissent durer le double. Je ne parlais pas d'humour pouet-pouet. Je pourrais évoquer à la place la folie, les dérapages imprévisibles, la vie, les surprises. Si vous me comprenez mieux...

 

Sinon, le son est plutôt bon, naturel, ils en ont pas fait des caisses, c'est bien. A ce sujet je préciserai que je ne dispose que des mp3ees pour me faire une idée. OK, ça suffit amplement, je dis ça juste pour me plaindre : chroniquer, c'est plus ce que c'était. Quand je pense à tous ces branleurs qui ont reçu des disques gratis pendant des années...

Bon, le son, le gros son, c'est bien beau, mais dans ces musiques hautement amplifiées et distordues, certains se retrouvent vite à se branler la nouille sur la marque des amplis de couleur (vert ou orange ?). Quand ce n'est pas les groupes eux-mêmes qui se baptisent d'après le nom d'une marque de sono... On se croirait dans Guitariste magazine. Totalement ridicule.

Ici, en parlant de ça, il y a deux guitares, une batterie et pas de basse. Ça ne se fait pas trop sentir : oh vous savez, avec tous ces énormes amplis colorés et ces accordages désaccordés, on n'y retrouve plus ses petits, ma bonne dame. Et puis, les pauvres bassistes se cantonnent souvent à doubler, sans aucune imagination, les plans des gratteux. Autant laisser ceux-ci se doubler entre eux et se marcher dessus.

 

Y'aurait jamais fallu me demander de chroniquer, fallait pas m'inviter.

 

Alors finissons-en. L'épilogue de « Rot », bruyant et chaotique, encore traité à la sauce très EVIL, donnerait presque raison aux binbins qui colleraient ce disque sous l'étiquette bien pratique « Noise ».

Et j'ai bien du mal à dire quoi que ce soit d'autre sur la musique – pas honteuse au demeurant – de ce groupe.

Cela dit, ça intéressera peut-être du monde. Je sais bien que j'ai ma propre vision du Grand Truc et mes goûts se sont affirmés avec le temps. En résumé, je dirais que Rabbits manque tout de même sérieusement de personnalité et que les compos comportent peu de surprises, peu d'invention. Tout cela n'est pas bien passionnant.

Je vous assure pourtant que je suis un passionné.

 

Alors allez vous faire foutre votre propre idée, mais ne venez pas vous plaindre.

photo de El Gep
le 16/09/2011

5 COMMENTAIRES

slipman

slipman le 16/09/2011 à 11:46:53

pour ceux qu'on pas de sous pour s'acheter le cd : http://rabbits.bandcamp.com/releases

cglaume

cglaume le 16/09/2011 à 12:18:22

El Gep, le chroniqueur nonchalamment véhément et volubilement lapidaire ! :))))))

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 16/09/2011 à 13:42:25

Ils ont l'air chauds...

el gep

el gep le 16/09/2011 à 16:20:43

Je ne cherche pas spécialement à lapider qui que ce soit, hein... Disons que je profite "nonchalamment" de l'espace de libre expression, gniark-gniark-gniark! Tout cela n'est pas bien sérieux. Depuis quand chroniquer un disque serait devenu quelque chose de sérieux?
Sinon les lapins sont chauds, oui, ils en veulent, on dirait bien, mais ça ne passe plus au-delà de deux morceaux, selon ma gueule.

cglaume

cglaume le 16/09/2011 à 22:20:36

Précision: je ne connais pas le groupe, et j'apprécie le style du chroniqueur. Voilà, c'est dit. Et les ambiguïtés tombent d'elles-mêmes...

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