Rancid - ... And Out Come The Wolves

Chronique CD album (49"39)

chronique Rancid - ... And Out Come The Wolves

1995… Yitzhak Rabin est assassiné… L'ex-Yougoslavie est plongée dans la guerre… Chirac fait péter des bombes atomiques dans le Pacifique… la station Saint-Michel explose… Les Irakiens crèvent de faim… Et niveau musique? Kurt Cobain, l'idole absolue de la jeunesse des 90's s'est fait sauter la soupière (à moins que ça soit un meurtre? Ou alors il est parti vivre sur Mars avec Elvis…)… Le Grunge est mort avec son gourou… Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir donner en pâture aux ados? Le Glam? Non, le Grunge a bien rempli son rôle: la chasse est définitivement tirée. Metallica? Guns'n'Roses? Trop gros, trop sages, trop vieux… Faut bien les occuper ces petits rebelles!!! Le moment est donc venu pour dépoussiérer un mouvement tombé en désuétude… Le PUNK ROCK!

 

D'abord Green Day ensuite The Offspring (qui a fait les beaux jours de Fun Radio!) en passant par NoFX ou les Suédois de No Fun At All, Pennywise et les vénérables Bad Religion, tout le monde se rue sur cette "nouvelle" scène Punk Rock. Pourquoi mettre des guillemets à "nouvelle"? Simplement parce que tous ces groupes crapahutent dans l'Underground depuis la fin des 80's et pondent leurs albums DIY sur des labels indépendants comme le minuscule Lookout! et le mythique Epitaph. Si le Punk ressuscité des 90's est nettement plus inoffensif et sucré que celui des Sex Pistols, The Exploited, The Varukers ou des UK Subs, il partage avec son ancêtre un point commun: l'énergie!!! Et il secouera les neurones de millions de boutonneux… et grâce à ces Punks à roulettes, on a découvert toute un tripotée de groupes plus vieux, plus sombres, plus Underground… et finalement plus Punk. Grâce à cette vague, on a élargi sa culture musicale: des Sex Pistols à Television en passant par Stiff Little Finger, The Vandals, Dead Kennedys etc. et on finit inévitablement dans les bras du Hard Core et du Grind Core… mais ça c'est une autre histoire… (à lire dans ma bio: "Cobra Commander, une vie, un destin" aux éditions Core And Co)

 

Attirés par l'odeur du succès de cette scène Punk, on a vu quelques sous-daubes envahir les bacs: Presidents Of The USA et autres nullités comme Big Soul… Ces étrons faisaient bien pâle figure face à l'aimable cohorte de crêteux crasseux qui venaient faire rêver les mioches saturés d'hormones qui passaient leur temps à embrocher leurs blousons d'épingles à nourrice sur des riffs simples, couillus, directs.

 

S'ils sont issus du même terreau californien, s'ils ont partagés les mêmes scènes Underground que Green Day ou The Offspring; Rancid est toujours resté en retrait. Pourquoi? Peut-être que leur son était trop cru, trop violent… trop proche des racines du Punk à l'ancienne… ?

 

A la force du médiator, Rancid s'est taillé un chemin, Rancid s'est forgé une identité propre. D'abord officiant dans le gros Punk crado aux relents mélodiques de Rancid, le groupe s'est orienté vers des sonorités plus riches, plus variées. C'est sans aucun doute l'arrivée de l'ex–UK Subs - Lars Frederiksen - qui a grandement influencé le groupe. Sur Let's Go!, le son se fait plus diversifié, on sent sur cet album un gros feeling Punk Anglais… une touche The Clash embryonnaire qui explosera sur l'album qui restera le chef-d'œuvre de ce groupe: …And Out Come The Wolves.

 

La pochette annonce la couleur, la touche Frederiksen sera mise en avant. On dit au revoir à la linéarité des premiers albums et on dit bonjour à l'énorme éventail d'influences que vont visiter les quatre loubards de Rancid. Du Ska au Reggae en passant par le Punk Hard Core et la Oï, …And Out Come The Wolves explore en 19 titres toutes les musiques de prolos possibles et imaginables. Un sans faute; les titres s'enchaînent à merveille, la production est somptueuse – à la fois roots et moderne. Ce recueil de tubes est un classique qui mêle énergie brute ("Avenues & Alleways" ou "She's Automatic"), Ska dansant ("Old Friend"), mélancolie ("The Wars End") Reggae ("Daily City Train" ou "Junkie Man") et virtuosité… Qui n'a pas été soufflé par la puissance du solo de basse de "Maxwell Murder"?

 

…And Out Come The Wolves n'a pas pris une ride… sans doute parce que le Punk ça vient des tripes, c'est direct, c'est vrai, sincère… authentique, c'est l'essence même de la musique. Sur cet album, tout n'est qu'énergie, l'alliance entre la voix rauque et crasseuse de Frederiksen et celle plus "douce" de Tim Armstrong y est pour beaucoup, d'autant plus qu'ils ne sont pas avares en parole… Les textes sont – pour du Punk – très longs et narrent des histoires de picole, de solitude et bien entendu de faire le mariole! OK... on se retrouve à la sortie du bahut? J'me trimballe une boutanche de Valstar depuis ce matin!... Ca te dirait d'aller pisser dans le casque du chappy de l'autre fils à papa de terminale S?

 

L'influence des Clash crève les yeux, cette mixture de Ska et de Punk fait mouche, l'album affiche seize ans au compteur, et son impact est toujours là! Ca vous chope par les valseuses et… ha! Putain, c'est… y a pas de mot: c'est de l'énergie brute! Un grand coup de Doc dans le cul!

 

On pourra dire tout ce qu'on veut sur ce groupe et la scène dont il est issu… (vendus! / posers! / pas true!) franchement, j'en ai strictement rien à cirer: cet album (et beaucoup d'autres monuments du Punk) c'est toute ma jeunesse passée à glander dans les couloirs du lycée, à graver à la pointe du compas des "A" sur les tables de la salle de perm' et à faire d'autres trucs dont je ne rougis pas mais qui – aujourd'hui - me font marrer. Itinéraire d'un jeune trou d'balle qui s'imaginait que la musique pouvait changer le monde!

 

Bizarre… si l'écoute de cette rondelle me procure toujours autant de plaisir, elle me noie sous des souvenirs et une certaine nostalgie teintée d'amertume… …And Out Come The Wolves plus que tous les albums qui ont forgé mon identité musicale, me tend un miroir dans lequel je vois le jeune couillon pétri d'idéaux côtoyer le vieux con cynique qui a perdu ses illusions… Ca doit être ça la magie de la musique…

 

Je m'égare… ça m'apprendra à écrire une kro "Oldie..." à tiser du rhum… ça me rend bavard et nostalgique!

Bref, revenons à nos boutons… A l'époque, la guéguerre faisait déjà rage entre Metal et Punk… et il était fort mal vu d'aimer autant Obituary, Malevolent Creation, Gorefest que Rancid, Social Distortion ou Green Day… Mes premiers émois ont été Punk… Quoi qu'il en soit, je vous invite à vous replonger dans cet album mythique de Rancid. Et, au-delà de la banane que procure …And Out Come The Wolves on retrouve toute une époque… Une époque lointaine qu'il m'arrive de regretter…

 

La majorité des acteurs de cette scène Punk 90's est encore en activité… de façon plus ou moins heureuse… Green Day s'embourbe dans le succès international, The Offspring aimerait bien être Green Day, NoFX reste indéboulonnable et Rancid continue son aventure… son style de plus en plus Clash-ien reste excellent (Let The Dominoes Fall est une pépite) mais il a perdu de sa superbe…

Dommage?

 

Boarf... tout le monde évolue, tout le monde s'assagit, nous les premiers! C'est toujours bon de retrouver les albums qui nous ont fait grandir! Ambiance Le Péril Jeune meets Les Beaux Gosses!

photo de Cobra Commander
le 10/07/2011

5 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 10/07/2011 à 11:14:59

En même temps, il y'avait une bonne base. La moitié de Rancid c'est la mointié d'Operation Ivy.

Oh Grand chef, tu sais quoi pour dimanche prochain ^^

Domain-Of-Death

Domain-Of-Death le 11/07/2011 à 13:15:26

Absolument énorme cet album !! C'est l'album culte des beuverie lycéenne depuis 15 ans :)

Cobra Commander

Cobra Commander le 12/07/2011 à 21:16:59

J'connais pas Operation Ivy...
A ta guise pour en glisser un mot!

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 25/02/2012 à 21:03:13

http://www.coreandco.fr/chroniques/operation-ivy-energy-(reedition-2007)-2680.html

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/01/2013 à 21:16:08

Très bonne chro pour un classique intemporel.

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