Shanghai - Esoterica

Chronique Maxi-cd / EP (24:11)

chronique Shanghai - Esoterica

Je crois qu’on peut officialiser la chose à présent: le nawak metal abrite une sous-sous-chapelle ultra spécialisée, l’« asian-nawakung-fu metal », qui rassemble d’ores et déjà une belle brochette de bruyants barjots dont Twelve Foot Ninja, Osaka Punch, Shaolin Death Squad, Textbook of Modern Karate, Mr BoBun-gle (en trichant un peu)… et Shanghai. Ces petits derniers, sinophiles avertis d'origine australienne (Encore !!?? Mais faites déclarer ce pays « Patrimoine Nawako-Musical Mondial de l’UNESCO » à la fin!), colorent l’habituel melting pot cher au cœur des fans de Mr Bungle, Darth Vegas et Umläut de visuels asiatico-kitch, de voix n[asie]llardes et d’instruments à cordes aux stridulations évocatrices. Vous l’aurez compris, le créneau de Shanghai, c’est bien ce zapping musical fou qui voit s’enchevêtrer cuivres bondissants, metal plus ou moins extrême, ambiances cinématographiques et délires cartoonesques. Et comme la voix masculine zébulonesque qui s'active derrière le micro se voit accompagnée des délicieuses extravagances féminines de Miss Beencke, vous pouvez ajouter à l'impression générale une touche légère de Vladimir Bozar.

 

« Mais d’où sortent-ils donc encore ceux-là ? » se demande, perplexe, un lectorat qui ne pensait pas le ventre du Bungle aussi fécond.

« D’Australie, hé, banane ! » serait-on tenté de répondre, puisque c’est écrit plus haut. Entre Sydney, Wollongong et Brisbane pour être précis. L'œuvre qui nous occupe aujourd'hui, Esoterica, se trouve être leur première – mais pas leur dernière! – manifestation publique de nawakïte aiguë... Et croyez-moi, c’est d’la bonne les loulous! 

 

C’est sur un frotti-frotta de cordes au net parfum de nuoc mam que s’ouvre l’EP, histoire de nous confirmer que le nom du groupe et la pochette de l’album n’ont pas été choisis par hasard. Puis rapidement arrivent des interférences cartoonesques emblématiques du style pratiqué. Si le « Bazaar » qui suit porte bien son nom (bougeotte incessante en vue!), le convoi commence à se discipliner un petit chouia sur « The Silver Original » qui, s’il nous laisse quand même exténués en fin de course, est déjà plus cohérent et catchy. Inutile de dire – vu le style pratiqué – qu’au bout de ces 7 premières minutes, on a déjà humé maintes fragrances hétéroclites, parfums de feria espagnole, soul rock cuivré, riffing thrash burné, beats disco / dance et autres ritournelles pour farniente sur transat hawaïen.

 

Arrive ensuite la part du lion avec l’enchaînement de folie qui s’étend de « On Lavender Kiss » jusqu’à « Arcana Dei Tango ». Gros-gros panard sur cette salve où le groupe, tout en ne lâchant rien en termes d’écriture patchworkisée, réussit à pondre de petits tubes aussi immédiats qu’imparables. Sur « On Lavender Kiss », on navigue entre panier de gros matou latino se prélassant au soleil et assauts quasi black metal. On continue quasiment sans interruption (d’ailleurs vu la durée des titres, on se demande bien pourquoi tout ça a été saucissonné !?) avec « Interzone » qui, entre autres bizarreries, propose à un clone de Mike Patton de diriger une fanfare militaire de petits soldats de plomb. Mais le meilleur reste encore à venir avec le tubesque « Worms » et son chant scat Bunglo-hip-hopesque relevé de cuivres et de guitares excellentissimes. Dernier as de ce carré, « Arcana Dei Tango » nous offre enfin ce que l’on était en droit d’attendre depuis le tout début: une tuerie nawako-siatique complètement irrésistible où le duo Kylee / Luis (ou Nick ?) brille tout particulièrement. Le morceau finit sur une scène de bang-bang (... non, pas "gang-"!) extraite de « Règlement de comptes à O.K. Corral », et inutile de dire que si l’EP s'était achevé là-dessus, il aurait déjà été exceptionnel.

 

Mais Shanghai continue la leçon avec le long (plus ou moins: 7:04) « Hitter » qui, à l’opposé des morceaux précédents qui auraient très bien pu être fusionnés, aurait quant à lui pu être scindé au moins en deux. En effet le surf rock cuivré, cinématographique et speedé, qui en constitue la première partie s’avère franchement bon. Par contre la suite est à dimension et intérêt variables… Sans parler du bonus « Lude », pantalonnade peu marquante qu’on finit par zapper.

 

Décidément, l’Australie est vraiment un pays merveilleux! Au duo de choc Umlätos / Daramith Vegas, qui offrait déjà largement de quoi se consoler de la cessation d’activité de Mr Bungle, voilà que s’ajoute le mousquetaire Shanghai, dans un créneau un nano-poil plus orientalisant, mais néanmoins 100% axé sur le port haut et fier du flambeau jadis allumé par Mr Patton, Spruance & co. A acquérir les yeux fermés et les oreilles béatement ouvertes.

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Fans de Vladimir Bozar et des élucubrations Pattono-Spruanciennes, prenez bonne note: l’Australie ajoute Shanghai à la compagnie de Umläut et Darth Vegas, s’imposant par là même définitivement comme LA patrie par excellence du revival Mr Bungle. Label qualité « lapin jaune » accordé sans hésitation à ce très bon premier EP.

photo de Cglaume
le 03/06/2013

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