Shay Ofer - ...And the World Shall Burn

Chronique CD album (39:55)

chronique Shay Ofer - ...And the World Shall Burn

Bien que ce ne soit pas la règle, il arrive parfois que des groupes fraîchement débarqués de nulle part, sans même une démo sous le coude, foutent soudainement un grand coup de pied dans la fourmilière metal et mettent tout le monde d’accord. Tiens, Animals As Leaders par exemple. Ou BaK. Ils se pointent direct' avec un gros son, parfois même un label, et des compos qui vous fauchent les pattes au niveau des genoux et vous allument au fond des yeux le feu d’une admiration brûlante. Shay Ofer, jeune quasi-one man band israélien, s’il n’est certes pas signé, est tout à fait dans cette mouvance: un son tout à fait potable pour une autoprod’, un premier album au packaging et à l’artwork pro, une ambition dévorante, et un consensus que j’imagine sans mal assez général…

 

… sur la médiocrité flagrante du résultat!

 

Mais ne cédons pas à la tentation de la lapidation sommaire: mon client a droit à un procès équitable. D'autant que la colonne Actif de Shay Ofer, s’il elle est franchement moins chargée que la colonne Passif, n’est pas vierge non plus. Il faut ainsi avoir l'honnêteté de reconnaître que notre ami se débrouille tout à fait bien avec sa guitare. Et c’est d’ailleurs celle-ci qui se trouve être sans surprise la star de l’album. Les soli sont sympas, les rythmiques solides, et les mélodies agréables... Enfin pour la plupart. D’ailleurs « Storm The Earth » - douce intro à l’élégante mélancolie - et le chouette début de « Act Of God » nous laissent penser un temps que …And The World Shall Burn sera peut-être un album classieux de metal dark et mélodique, à la mode Katatonia / Paradise Lost.

 

Et puis arrive le chant, et avec lui une irrépressible envie de se suicider en se pendant par les nerfs. Ou à défaut de suicider sa chaîne HiFi à coups de sabre bien placés. Bordel c'est quand même effarant: que la musique connaisse des hauts (occasionnels) ou qu’elle s’enlise dans un classicisme routinier un peu lourdaud, qu’importe, les interventions parlées, chantées ou « gruntées » nivellent systématiquement l’ensemble par le bas. Sincèrement je suis désolé d’enterrer ainsi ce pauvre Shay, mais franchement, quand on est manifestement aussi peu doué derrière un micro, soit on le confie à quelqu’un qui saura s’en servir, soit on se cantonne à jouer de la musique instrumentale! D’autant que pour compléter le tableau, les textes sont gorgés d’une bonne volonté et de bons sentiments assez naïfs, le ton se fait régulièrement sentencieux, l’accent moyen-oriental s’avère un peu trop fortement prononcé, et les morceaux sont décidément bien longuets. En fait je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir de pire… Enfin si: le comble serait que l’album se termine sur un feu d'artifice de guimauve dark larmoyante qui atteindrait des sommets inexplorés dans le tièdement gélatineux. Et là, gross' malheur': l'album se conclut justement sur un « Just Wanted To Say... » qui, dans le genre, est à la limite du légendaire.

 

Si l’on arrivait à faire abstraction du chant et des textes (ainsi que d'une approche sensiblement nombriliste – le père Shay se faisant plaisir avant tout, et faisant en sorte qu’on sache que tout cela est son œuvre), il resterait un album de heavy mélodeath mélancolique sans growl, avec de bons leads, quelques touches de violon, et surtout de grosses naïvetés. M’enfin ça resterait relativement écoutable. Mais en l’état il m’aura fallu pousser mon système nerveux dans ses derniers retranchements pour réussir à effectuer la dizaine d’écoutes préalable à l’écriture de cette chronique.

 

…And The CD Shall Burn

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un album de heavy « death » mélodique et mélancolique sorti beaucoup trop vite, sans recul, et avec un « chanteur » sans pitié pour nos pauvres tympans.

photo de Cglaume
le 19/01/2012

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