Sick Sad World - Murmuration

Chronique CD album (45:00)

chronique Sick Sad World - Murmuration

Les membres de Sick sad world n'arborent peut-être pas des T-shirts avec des imprimés de chien-loup ou n'ont pas le visage de notre Johnny national (enfin, le plus français des belges vivant en Suisse) gravé dans la partie adipeuse de leur bras, mais ils appliquent musicalement toute l'essence philosophique de cette célèbre phrase de l'artiste : 

"Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir".
 

Puisque l'espoir n'est pas trop notre truc chez Coreandco, j'peux vous dire qu'on adhère pas mal à l'expression musicale de ce sentiment.
Sick sad world étant un groupe nantais, il fait surement de la déficience en vitamine D, ce qui est une excellente chose lorsqu'on veut ne pas être jouasse (parole de ch'ti).
Résultat, "Murmuration" sort en 2014 chez Send the wood music, et nous n'en parlons qu'en 2016. Mea culpa, mais on s'est dit qu'il valait mieux attendre que plus personne n'est encore une trace d'enthousiasme pour être réceptif au groupe qui fait un post-hardcore (déjà !) désabusé (en plus !), aux relents screamos (là tu te dis que cette vidéo pourrait être utile).

Une fois tous morts de l'intérieur, nous pouvons apprécier à sa juste valeur cet album de 45 minutes, terriblement sombre, plutôt froid, mais donc on se délecte tant les cris écorchés sont déchirants, tant la puissance de certains riffs nous font vibrer une poitrine sans coeur qui bat. 
A vrai dire, il y a assez peu d'aspects particulièrement remarquables dans cet album. Pas qu'il ne soit pas bon. Au contraire.
 

Les musiciens y mettent tout ce qu'ils ont et le résultat est assez puissant. Parfois même sacrément écrasant ("Obsolete obstacle"), si bien qu'un 33 tonnes qui nous roule sur la gueule a le même effet (sauf que là on ne meurt pas pour de vrai).
Mais on a à faire à un post-hardcore aussi prévisible qu'agréable. Même dans le choix du son, suffit de regarder le gars au mastering : Magnus Lindberg. Encore une fois : le taf est excellent à ce niveau, mais 50% de mes disques sont masterisés par le bonhomme aussi talentueux que productif...
Sauf que ça ne joue pas toujours en faveur des groupes qui veulent se démarquer.

On sent tout de même cette volonté des Sick sad world par ce mix scream/post bien foutu, de faire un truc bien perso. D'ailleurs ça marche du tonnerre sur des passages déchirants comme "Prophecy", "Missing bro". De ce chant hurlant ressort parfois des passages clairs, pas inintéressants (qui rappelent 8-Uneven / Your own film) sur "Rebirth".
Sans compter que les guitares soufflent la lourdeur, l'hyper pesanteur et offre parfois quelques secondes de clarté avec des arpèges qui re-basculent vite dans l'univers noir du groupe. Malheureusement, le groupe a recours un peu trop facilement aux arpèges pour lancer un morceau (avant qu'il ne prenne une tournure plus originale).
Mais le travail de rouleau-compresseur vient de batterie. Le mec aux baguettes n'est pas endorsé par Tama ou Pearl, son sponsor c'est Caterpillar. Sur "And burn the crows", "Obsolete obstacle", "Island", c'est la rythmique qui nous tient, c'est elle qui nous surprend (les redémarrages de "Rebirth" sont hyper-clinquants).
Une section rythmique n'est rien sans une bonne basse. Or, dans ce mur sonore, entre un gueulard au micro, deux guitares qui prennent de la place et une batterie bien présente difficile de s'imposer à toutes les oreilles. C'est donc sur "Prophecy", "Ghost voice" et Old path" : lorsque les démarrages sont les plus calmes que la basse imprime sa marque et son rythme, pour ne plus s'effacer de la piste.

Le genre de CD que tu peux ranger entre Unfold, General Lee, Envy, sauf si tu cales tout ça par ordre alphabétique (parce que sinon c'est vraiment n'importe quoi) et qui pour un premier album a de sacrées bonnes bases. Minutieux, bien foutu dès la pochette, c'est le genre de dépucelage qui laisse pas mal d'optimisme pour la suite, même si tout espoir est mort en nous dans ce triste monde tragique.
 

photo de Tookie
le 28/06/2016

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