Simon Devaux - Madagasikara : A Penumbra Story

Chronique Démo CD (3:58)

chronique Simon Devaux - Madagasikara : A Penumbra Story

Simon Devaux. Un prénom, un nom. Un peu comme Joe Satriani, Steve Vai, ou Yngwie Malmsteen… Et sur la pochette de Madagasikara : A Penumbra Story, que trouve-t-on? Le monsieur en question, avec bien sûr LA guitare, autrement dit la maîtresse, la fidèle compagne, la muse, la source de vie, la puissante excroissance – je vous renvoie aux analyses freudiennes étudiant les rapports entre le musicien et son instrument fétiche. Bref, une fois cette démo en main, on sait où l’on va. Un peu comme lors de la réception d'un CD sur lequel un logo clamant « Rectal Annihilation » ou « Bubonic Nectar » dégouline sur le spectacle d’un sabbat de zombies se scarifiant mutuellement les parties basses à la machette. Autres codes, même imagerie forte.

 

Mouaif, pas forcément ragoutant tout ça… Quoique cette fixette sur Madagascar, ça pourrait bien nous changer un peu du discours habituel (façon de parler) des guitar heroes. Et puis tiens, si notre orléanais (eh non, Simon n’a pas créé sa première guitare à l’âge de 7 ans à partir d’une calebasse tombée dans le jardin familial) arrivait à intégrer un peu d’ébène africaine dans notre fromage blanc métallique quotidien – à l’image de ce que Djabah a tenté, mais pas tout à fait réussi, sur Danhomè – ça serait bonnard…

 

Play. Démarrage en douceur, source acoustique vive s’égayant sur le parterre rocailleux d’une guitare metal, entrain, fraîcheur, dynamisme… Hey, sympa! Puis pause à l’ombre d’un imposant mais paisible baobab, la tête bercée par la caresse bluesy d’une lead cristalline, qui ne cherche pas – pour une fois – à attirer l’attention en éclaboussant son entourage de trilles, notes et paillettes. Retour sur la piste pour chevaucher à bon rythme – mais sans stress – cette coulée musicale, dont le flux suit les contours du chant d’une sirène malgache invoquant avec un mélange de flegme et de conviction la bienveillance de l’astre solaire. Il fait beau, le ciel se pare des couleurs les plus chaudes du spectre, et de là où l’on est perché, on a un point de vue idéal sur les paysages grandioses de l’« Ile Rouge ».

 

Si si, il y a un peu de tout ça sur ces même pas 4 minutes. Et pourtant non, ni tamtam des steppes arides, ni chœurs tribaux lancés à la pleine lune, ni cris lointains de lémuriens en rut. Simon fait dans le sobre, l’imagé, le fond plutôt que la forme, le feu plutôt que l’artifice. Et ça marche, on ne sait trop comment, sur des petits riens. La classe quoi. Madagasikara : A Penumbra Story est censé nous faire goûter à la magie de la tombée de la nuit sur Tananarive, mais vous pourrez aussi bien y vivre une escapade vers le sud, les cheveux au vent, en direction de Tuléar, ou une randonnée matinale dans le parc d’Isalo. Un vrai Guide du Grouitard Hero en somme.

 

OK, peut-être manque-t-il un tout petit poil de vernis au son de cette démo. Et puis un seul titre, c’est clair: c’est salement court. M’enfin tout ça ne nous (mal-)gâche en rien le plaisir pris à l’écoute de ce bain de fraîcheur guitaristique. Et tout cela nous donne d’autant plus faim que le futur semble être placé sous de bons auspices, Simon n’étant pas seulement fan de Satriani, Rondat, Vai & co, mais également de Arch Enemy, Neaera, Fear Factory ou encore Dimmu Borgir. Moi je dis qu’il y a carrément moyen qu'on ait l'occasion de se rincer les feuilles avec de la très très grande guitare sur le prochain épisode des aventures de M. Devaux…

 

Décidément, après avoir découvert – au-delà des bêtes a priori – à quel point le metal instrumental pouvait-être bon (cf. Step in Fluid, Animals As Leaders, Morglbl), il semblerait que les Simon Devaux et autres Emiliano Sicilia se soient donnés le mot pour nous emmener un cran plus loin dans la redécouverte des musiques stupidement décriées, et nous rappeler cette vérité trop souvent occultée par les caricatures usuelles: les guitar heroes ont autre chose à proposer que de l’horlogerie hautaine pour techniciens frigides. Merci Simon...

 

 

 

 

La chronique, version courte:  une guitare, une vision, du feeling – et un soupçon de chant féminin malgache quand même... Simon Devaux réalise l’impossible: nous faire voyager à Madagascar, avec pour seule guide sa 6 cordes.

photo de Cglaume
le 20/09/2012

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 20/09/2012 à 09:18:02

Mais où vas-tu chercher tout ça ? ^^

cglaume

cglaume le 20/09/2012 à 09:37:12

Pour le coup là c'est venu par un canal parallèle :))

ivanohé 101

ivanohé 101 le 30/05/2013 à 09:12:33

A penumbra story... prenant, grandiose moment... on en redemande...!!!

ronan

ronan le 03/03/2016 à 18:16:20

GENIAL...!!

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