Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow - Tales From The Wrong Side Of Town

Chronique CD album (32:57)

chronique Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow - Tales From The Wrong Side Of Town

Folk-country-bar-bordel-baston de sales pourris, on connaît un peu ça, à Belfort, avec Million Dollars Whore et Subura, par exemple.
Là j'te parle musique, mais j'te parle même pas de Giromagny, Lepuix-Gy et toute sa faune.
Un vrai western, des fois, j'te jure. Sans rire. Même si c'est drôle parfois, d'une certaine façon, t'iras pas toujours rire en plein leurs faces, car si tu t'prends une droite à 30 000 balles dans les dents, faudra pas t'étonner.

Je sais pas si c'est pour ça que ce genre de musique me parle tant, ou si c'est tout simplement à mettre au crédit de mon amour du Blues, de la vieille Folk de losers.
Et peut-être que tout cela va ensemble. Cahin-caha, ça tangue dans le fossé.
Je me rappelle cette histoire de mon village de Rougegoutte : un mec s'est noyé dans une flaque d'eau après une nuit de beuverie. L'est tombé la gueule d'dans, l'y est resté, le con. Bel exploit, belle mort, y'a pas à dire, les destins à la zob, ça existe pour de vrai.

Il sera difficile de passer outre la référence à Johnny Cash – sans les bondieuseries, on peut souffler tranquille les sabots écartés – et pourquoi pas l'énième rappel fort audacieux aux murder ballads du pépère Nick Cave. Mais je pense aussi, dans une sous-catégorie plus dandyisée, aux regrettés Jack The Ripper (pas forcément bien vu, l'exemple, mais bon, j'écris ce que je veux, t'étais au courant ?). Et, bien-sûr, pour le côté dark raide, on pensera aux Spiritual Front. Hé, sans déc ? Ouais. Mais c'est pas si flagrant que je veux bien le laisser croire.

Et puis, oh faites pas vos casse-couilles à nous sortir « c'est pas original, ça a déjà été fait mille fois ». Ce qui est sûr, c'est que des connards comme vous, on en a par milliers et ils se reproduisent pour continuer à nous les briser. J'en fais partie.
Hé, c'est de la Country-Folk bastringue et du Blues, les pètes-couilles, c'est pas du Rock électro-noise-dance-muzak-afrobite-pouet-pouet-nawak-metal-reggae-djent, OK ?
Tout ce qu'on cherche là-d'dans, c'est des sentiments, de l'âme, ou je ne sais quel truc de grenouille de bénitier renversé dans le sang des innocents et des sots. A même le sol de terre battue.

Ça tombe bien, car Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow (and Skinny Kid) ça le fait du tonnerre (de Brest), passée l'intro pouet-pouet qui pourrait nous emmener sur la fausse piste du roots rural parodique.
Une voix, déjà : profonde, usée, cassée. Pas spécialement rocailleuse, mais abîmée. Touchante, pas forcée. Ouais, ça chante à l'occasion un peu faux, et alors ? Qu'est-ce qu'on en a à cirer ? Retourne te pignoler sur tes chanteurs en plastique à la James Maynard Patton ou Mike Keenan, ici on veut du vivant, de l'emporté. Alors tant mieux si ça glisse dans la boue. Car si la note ne l'est pas toujours, la voix, dans son intention, est juste, vraie. Authentique. Ha !, cet enculé de mot, « authentique », je le hais ! Mais je le place quand-même.

La musique fait la part belle au country-western dans ses grattes électriques guimbardisées et solennelles, tandis que l'acoustique assied solidement le tout dans le sol poussiéreux d'un Folk noir et gris. Skinny Kid tape le balais, taquine la caisse claire, la planche à laver ou le charleston, semblant avoir quelques accointances avec la scène Rockhabilly/Psychobilly, mais peut-être je me trompe. Je ne suis pas spécialement fou de cette sphère, qui recense souvent un trop grand nombre d’homophobes, de machos, bourrins bagarreurs et autres idiots sectaires. (J'ai dit souvent, pas toujours, hein.)
A de multiples reprises, lorsque les chœurs débarquent judicieusement, parfois braillés, nonchalants, je pense au Punk. Oui, y'a quelque chose d'agréablement Punk dans ces voix à l'unisson, apportant une touche emportée et Rock à ce disque qui n'est jamais mou ou éthéré, mais bien vivant et énergique. Les larmes sont contenues aux coins des yeux rougis d'alcool ou vite essuyées d'un coup de manche (à carreaux) rageur.
Pas de pleureuses ici. Pas de rédemption, mais plutôt une "Revenge Song" suivie d'une course à dos de mule "On The Run", pour un couple interludaire de courts morceaux bien Rock'N'Blues. On y trouvera des chansons à boire, aussi, hé, faut pas oublier qu'entre deux meurtres de sang-froid et deux séparations difficiles et tempétueuses, il faut bien s'amuser et se bourrer la gueule.

OK, tout y est, les cavalcades de gratte électrique morriconesques, le petit coup de trémolo obligatoire, les accords ouverts en son clair qui font drrrrroiiing, le snare shuffle ou le trois-temps valse de borrachos, disais-je, et la réverbe d'outre-tombe. Mais franchement, qui est-ce que ça va déranger ? Pas moi en tout cas.
Y'a pas de mystère ni de tromperie sur la marchandise, tu sauras où tu vas. Droit au bar, purgatoire des ratés.
L'alcool tuera le condamné, buvons à la santé des cons.

photo de El Gep
le 05/01/2013

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