Slipknot - Slipknot

Chronique CD album (58:33)

chronique Slipknot - Slipknot

Aaaah Slipknot ! Le groupe que les TRVE metalleux adorent détester. Pourtant ces mêmes trous détestent le néo-metal, car c'est pas du Metal : y a pas de solo, la vitesse d'exécution n'est pas folichonne, les mecs sont habillés comme des skateux, le chanteur pleurniche plus qu'il ne chante ; voilà en gros ce que l'on pouvait entendre il y a un peu plus de dix ans, à propos du mouvement néo-metal.

Bon sauf que là, les 9 masqués (j'y reviendrai plus tard) mettent de la folie dans un style qui tourne déjà en rond depuis une ou deux années ; en gros depuis Around the Fur des Deftones en 1997, quel disque de néo-metal a emballé son monde ? (le monde attendra la mort de Lynn Strait pour s'emballer un peu).

Et c'est la que les Slipknot débarquent avec tout ce que le metal en général a de plus beauf : les mecs prétendent jouer la musique la plus violente qui soit (comme les deatheux), misent une partie de leur communication sur le visuel (comme les glameux, et les blackeux), prétendent que le groupe est et restera uni (comme les coreux). Et bien sûr l'intelligencia du cirque heavy se prend dans la gueule une grosse partie des mythes et généralités que diffuse le spectacle metal depuis des plombes. Et bizarrement ils ont pas du tout aimé, c'est ça qui est marrant avec le recul, se rendre compte que Slipknot incarnait à eux seul l'image et le sensationnalisme de la « culture » heavy, c'est ce qui a dû faire mal à leur p'tit cœur de tatoué.

 

Je reviens au nombre de gus formant ce groupe : ils sont NEUF (ok je sais que tout le monde le sait), hormis les deux gratteux, le chanteur, le basiste, et le batteur je ne vois pas l'intérêt d'inclure de façon définitive et indispensable 2 percussionnistes, un dj et un mec aux samples.

Sincèrement le #0 peut aussi largement s'occuper des samples (d'ailleurs c'est pas le taf premier d'un DJ ?), car sans être dispensable il faut reconnaître que leur présence passe largement derrière le scratch (qui est loin d'égaler ceux de Frank Delgado en ce qui concerne l'incrustaion dans les morceaux, ou le côté hip-hop de DJ Lethal)... C'est ce qui me fait dire que la présence du sampleur ne sert pas à grand chose. Puis bon, c'est pas comme ci chaque concert de Slipknot projetait un court métrage non plus, le côté sample/media de #5 me fait bien rire !

Parlons de ce qui fait la force du groupe : les percussions. D'un côté on a des fans qui adulent le talent de #1, mais bizarrement dans Slipknot ils ont besoin de deux batteurs annexes ?!? De quel côté est la supercherie ??? Donc oui n'importe quel batteur serait sans-doute incapable d'assurer tous les patterns dans Slipknot mais de là à avoir deux paires de bras en plus ; je trouve que soit le talent manque quelque part, soit je ne saisis pas la finesse de bourrinage sur fût de bière à coup de batte de base-ball.

 

Avec un nombre aussi important de musiciens, on pourrait s'attendre à un sacré foutoir musical mais il n'en est rien, Slipknot reprend les bases du néo en les survitaminant.

 

Les deux percussionnistes annexes rajoutent des battements en plus, version bourrinage simple mais efficace ; ça reste très très metal, alors qu'ils pourraient apporter une touche un peu plus martiale à la musique des neuf de Desmoines - Iowa. Mais il n'en est rien, ne pensez même pas que cela fleure bon avec une approche tribale ; Slipknot c'est des gros durs qui ne jouent pas dans un carnaval ou une fanfare (pourtant ils ont déjà les déguisements). En gros ils permettent de donner un coup de fouet et un peu de folie à une musique qui en terme de composition a déjà les cordes bien usées.

Et Slipknot ne cherche pas du tout à les renouveler. On a le droit au refrain en voix claire, au break plus lourd, et retour à une musique sauvage. Mais là attention, nous avons le droit à des solos de guitares, ça c'est le p'tit plus qui fait tout la différence par rapport à leurs copains de scène.

 

Ce deuxième cd de Slipknot est enregistré par le grand manitou du néo : Ross Robinson, donc le son est très très bon, très typé néo metal par contre ne cherchez pas non plus un grand bouleversement de ce côté là.

 

Alors pourquoi ce disque a tant marché et qu'on en parle encore plus de dix ans après ? Et bien en 1999 il y a eu ni Korn, ni Deftones et Limp Bizkit était déjà insuportable ; ça laissait une voie royale au néo dévastateur des Slipknot. Et surtout ils comblaient les fans avides d'un néo un poil plus violent, moins larmoyant ou égocentrique que leurs concurrents directs.

Alors oui, comme beaucoup de mecs de la génération Adidas j'ai beaucoup écouté cet album, mais en refusant catégoriquement de le classer en musique extrême ou brutale comme on a essayé de nous le vendre à l'époque. Ce disque est ni violent et encore moins extrême, c'est juste un très bon disque pour faire le ménage, la fête, les devoirs, rouler sur l'autoroute, flâner, rêvasser, le genre de disque pas prise de tête dont tu sifflotes le matin les rythmiques en te brossant les dents, tu chantes les refrains dans le bus.

En gros le disque passe-partout, pas prise de tête pour un sou.

photo de Sepulturastaman
le 08/01/2012

10 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 08/01/2012 à 15:04:57

J'avoue, à sa sortie, ce disque a bcp tourné chez moi.

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 08/01/2012 à 20:39:34

7, 75 c'est vraiment bien côté... je les range aux côtés des biscuits mous dans la veine bien grand gueule pour rien du tout...
Dans cette parcelle là, il n'y a que AMEN à retirer.

R. Savary

R. Savary le 08/01/2012 à 21:37:54

"néo metal" a juste servi aux journalistes pour décrire des groupes avec un son différent... Au final ce terme, qui ne veut plus rien dire, peut juste être utilisé à des groupes / disques pourris sortis d'un coup à une époque où les labels, qui ont récupéré le terme,

R. Savary

R. Savary le 08/01/2012 à 21:46:04

tentaient de faire des ventes au gros public avec des groupes qui se disaient metal, alors que c'était juste du groove proposé par un crossover que l'on a accepté comme étant de la fusion, mélangé à de la pose visuelle toute propre récupéré du Glam ... Franchement, quel est le point commun entre Pleymo, Deftones et ses deux premiers albums magistraux, et ce bon premier Slipknot ? Pas grand chose je pense, si ce n'est d'avoir essayé des trucs différents, et pour certains c'était de la daube sur commande alors que pour d'autres c'était vraiment une démarche honnête.
En plus ça a surement amené des kids à écouter des trucs plus intéressants à partir de l'écoute de ce premier album. Et puis arrêtons de cataloguer ceux qui n'aiment pas ce disque comme des "gros metalleux vulgaires", ça va devenir hautain comme sur d'autres webzines...

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 08/01/2012 à 21:57:03

ahahaha, surtout pour ceux qui n'aiment pas et en plus ne sont même pas métalleux mais juste curieux.

Cobra Commander

Cobra Commander le 09/01/2012 à 09:20:14

C'est vrai, j'ai jamais bien pigé pourquoi on était suspecté de true-isme sitôt que l'on disait ne pas aimer Slipknot... Comme si le fait de pas aimer le fau de paille qu'a été le Néo ne pouvait s'expliquer que par une certaine hypocrisie...

Pidji

Pidji le 09/01/2012 à 09:47:42

Je suis d'accord avec R.Savary sur le fait que tous les groupes estampillés "Neo metal" n'avaient pas grand chose à voir les uns avec les autres... Même FAR avait été catalogué comme tel... Haha...

Sam

Sam le 09/01/2012 à 12:05:05

ouais, quoique Pleymo j'aurais eu du mal à les placer dans "noise rock" ou "emo-indie"...

Je pense, pour parler une fois de plus d'étiquettes, que le terme neo existe bel est bien (contrairement à ce que je comprend de ce que tu exprime R. Savary) car l'éternel ambiguïté réside surtout de l'emploi de ces étiquettes, comme le soulève si bien Pidji avec Far, là c'était effectivement du grand n'importe quoi...

Tookie

Tookie le 10/01/2012 à 09:24:03

Bah moi je l'aime encore beaucoup ! On n'est pas dans le néo avec ça, nous sommes d'accord ! Mais il y a eu dans cet album et dans Iowa "un truc" propre à cette époque.
Et quand on entend la première démo du groupe on sent l'importance de Robinson dans leur son : il a su les recadrer et les limiter. Il était encore fort à l'époque.

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/01/2012 à 18:41:56

Il est bon ce premier album. Néo ou pas Néo, on s'en tape en fait !!
Bon de là à rêvasser en l'écoutant, Sepult'... tu dois avoir des soucis d'oreilles internes ou des rêves bien chaotiques (Arf!)

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