Solekahn - Nightlights

Chronique CD album (44:05)

chronique Solekahn - Nightlights

 

« … Et donc aujourd’hui Amélie, vous allez expliquer à nos auditrices comment rester au top de la séduction après une longue période d’inactivité et d’abstinence, c’est bien ça?

- C’est bien ça Tatiana. En fait Mesdames, rien de plus simple: le secret c’est de rester la même, de jouer à nouveau sur ces particularités qui faisaient votre charme à l'époque où vous tourniez les têtes – ceci sans négliger quelques petites fantaisies osées… Pour encore plus de piquant! Ne pas hésiter également à lester vos chaussettes de toujours plus de goudron, de jouer sur les ambiances mystico-apocalyptiques et de ne plus s’épiler du tout.

- Euuuuh… Vous êtes sûre Amélie? »

 

Bah oui, pourquoi cette question? Ça a marché nickel pour Solekahn, Nightlights en étant l’exemple parfait. 9 ans après le très bon The Great Divider – qui s’inscrivait alors dans un retour en force de la scène extrême française, aux côtés des dernières prods d’Yyrkoon, Scarve, Benighted, Kabbal ou encore Kronos – revoici donc les spécialistes alsaciens ès-coulées de lave décibélique. Car Solekahn, c’était et ça reste ça: un death épais, retors, massif, sombre, occulte, avec un peu de Grands Anciens et beaucoup de cendres dans les riffs. Un groupe à situer entre Drowning et Immolation – si vous préférez les comparaisons à-peu-près-tesques.

 

Eh bien sur Nightlights, la donne stylistique n’a pas foncièrement changé. Sauf que la dose d’inspiration, de mélodies lourdement basaltiques et d’ambiances épico-sulfureuses a encore été revue à la hausse. Sauf que la prod’ est vraiment irréprochable, laissant entrevoir le moindre petit grumeau (et dieu sait qu’il y en a!), le moindre ronronnement d’une guitare aussi grésillante qu’une armada de basses en rut, le tout sans jamais rendre clinique ce savoureux bouillonnement poussiéreux. Sauf que le groupe n’a pas hésité à tenter quelques expériences (inclusion de parties orchestrales, de batterie jouée à rebrousse-poil, d’une sorte de biniou dissonant, de clavier, de plans stoner…) qui, alliées au groove de certaines parties, le rapprochent désormais également d’un She Said Destroy. Sauf qu’à la batterie, Cédric n’a jamais été aussi impérial, aussi bon dans les blasts houleux que dans la finesse, dans les parties groovy que dans les décalages vicieux. Sauf que les ambiances noir-de-suie et les chevauchées blastées s’acoquinent encore un peu plus avec le black via le renfort fréquent d’un 2nd chant plus shriekesque.

 

Bref, Nightlights est le fruit d’une longue maturation, un exemple parfait de progression réussie dans la continuité, un vrai bonheur d’intelligence et d’obscurité. Si vous voulez tenter l’expérience sur une sélection de morceaux avant de vous décider à faire le grand plongeon dans le Styx, essayez donc « Haste To Decline », titre qui va droit au but et ménage à mi-parcours un break de tueur où la guitare fend l’air comme un rotor d’hélico, et où l’auditeur est invité à un headbang pesant arrosé d’une bonne dose de violons funèbres. Le morceau-titre, plus long, vous offrira un bel échantillon du savoir-faire Solekahnien, et vous démontrera par A+B qu’une écriture inventive et de belles ambiances peuvent faire passer 6 minutes et demie en un battement de pseudopode. Enfin, pour les amateurs de couchers de soleil de fin du Monde, on recommandera le superbe « As Raw Hell », qui devrait également faire vibrer votre corde blackmetaleuse.

 

En ces temps où les amateurs de death poisseusement occulte n’ont qu’Incantation et Dead Congregation à la bouche, envisagez donc de prendre un peu la tangente et de donner leur chance à des « petits » français qui le méritent tout autant (…si ce n’est plus?) en faisant de ce Nightlights un nouvel album de chevet. En plus ça fera très joli sur la table de nuit.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: cavaler sur des flots de magma visqueux à travers les ruines de temples consacrés à des divinités pré-sumériennes déchues. S’embourber avec joie dans le bitume brûlant alors que dans un ciel rouge orangé s’épanouissent des nuages de poussière et de cendre. Parcourir lourdement des paysages arides avant de s’enfoncer dans les profondeurs abyssales de sanctuaires engloutis. Nighlights c’est un peu tout ça: une sorte de mélange occulte, inventif et ambiancé entre Immolation et She Said Destroy.

photo de Cglaume
le 25/09/2014

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