Sparta - Threes

Il y’a maintenant sept ans un grand groupe disparaissait…At The Drive In avait annoncé son split et grand nombre de fans avaient crié tout leur désespoir. Si après cette séparation les deux chevelus ont formés The Mars Volta pour expérimenter à la façon de Zappa les méandres du rock dubisant et autres folies musicales, l’autre tête du groupe, Jim Ward est allé former Sparta, pour encore pousser un temps l’expérience ATDI. Deux albums plus loin, revoilà Jim avec son nouvel album «Threes» prêt à en découdre.
Continuer la musique avec un tel passé derrière soi n’était pas forcément facile, et si le premier album de Sparta montrait encore un sacré savoir faire dans la composition de morceaux enflammés, le second opus «Porcelain» était nettement plus mou, et présentait un groupe sur la mauvaise pente ne savant plus trop quoi faire malgré de bonnes idées. Décidé à ne pas abandonner le groupe, Ward a fait appel à l’ex guitariste d’Engine Down pour ce cd, et assume pleinement son groupe qui n’est plus une suite au défunt ATDI.

Toujours furieusement rock, comme le prouve le premier titre ou le percutant premier single «Taking Back Control», le groupe a juste lâché sa sensibilité à fond dans cet album histoire de nous pondre de magnifiques mélodies, toutes plus majestueuses et classes les unes que les autres. Le passé du guitariste se fait assez ressentir et le côté emo d’Engine Down peut nettement se laisser apprécier sur bon nombre de morceaux. Un brin plus formaté certes, on ne peut que s’incliner devant tant de faciliter à pondre autant de potentiels tubes et de si belles mélodies entêtantes.

C’est avec une grande classe que le groupe exécute onze titres emprunt d’une beauté à couper le souffle, et frappe droit dans nos émotions à chaque fois. Une sensibilité très pop apparaît sur bon nombre de morceaux, comme sur «Erase It Again» aux faux airs de U2 ou sur le magnifique «Atlas» où des intonations rappelleront certainement Coldplay. Mais là où ce genre de groupes s’engouffre aujourd’hui dans une soupe mélodique grand public, Sparta lui rajoute toujours un petit plus. Certainement une personnalité plus grande, ou alors peut être cette glaciale beauté qui englobe tout le disque. On pourra surtout parler de ressemblance avec Radiohead tant les deux groupes partagent cette façon de faire de la pop une réelle forme d’art à la fois mélodique et emprunt d’une grandeur sublime. Tout ce talent de compositions se reflète le mieux sur le très inspiré «The Most Vicious Crime», titre phare de l’album, un peu le «Paranoid Android» de Sparta. Enchaînant les ambiances, les breaks et confirmant le talent de vocaliste de Jim Ward dont a réellement l’impression qu’il chante avec toute son âme. Morceau suivit par le tout aussi beau, «False Start» au refrain entrainant et inoubliable, qui reste gravé dans votre mémoire bien longtemps après l’écoute. Bien entendu, décrire chaque morceau serait difficile tant cette musique vous pénètre et vous parcours, vous touche par son intensité dont il est impossible de se défaire.

«Threes» est un de ces albums qui vous marque à jamais, dont on ne se remet pas de l’écoute. A la fois très accessible et musicalement très riche, cet album est réellement un sans faute. Sparta signe là un album tout simplement beau, majestueusement beau.