Tanen - Fragments

Chronique CD album (59:11)

chronique Tanen - Fragments

Premier album pour les cinq Pictaviens de Tanen qui font les choses en grand dès le début. Mastering par Pelle Henricsson et Magnus Lindberg (Cult Of Luna entre autres), artwork réalisé par Derek Hess à qui l'on doit des pochettes pour Converge, In Flames…Mais qu'est ce qui se cache derrière ces grands noms ? A quelle musique allons-nous avoir droit ?

 

Le groupe parle de sa musique dans Fragments comme d'un hardcore oppressant et chaotique sur les bords. Et à l'écoute on ne le contredira point, et force est de constater que le combo vient confirmer l'impression du moment : les Français sont très doués pour ce genre ! S'il est clair que l'on ressent des influences de groupes majeurs de cette scène (Norma Jean, Converge…) dans la musique de Tanen, le combo peut se targuer d'avoir une forte personnalité musicale et cela, sans pour autant innover.

 

"Epinephrine part 1", inquiétante introduction à base de dissonances, ouvre le bal pour "La Porte des Songes", titre suffocant qui vient nous éclater au visage. Voix écorchée sans répit toujours à la limite de la rupture, riffs dissonants et nappes de guitares assommantes nous prennent à la gorge. Le ton est donné, le groupe est là pour nous en mettre plein la vue, nous maîtrisé grâce à sa musique jusqu'à ce que l'on se prosterne à genoux devant lui. Mur sonore infranchissable, Tanen tente de nous perdre dans "Labyrinthe" et ses riffs presque groovisant. "Sept Secondes" prend le relais avec sa mélancolie exacerbée, et son chant clair approximatif qui ne convint qu'à moitié. Car s'il est un défaut à cet album, il réside dans le chant. Très présent et violent, il mène parfois à l'asphyxie, et finit par gêner, notamment lors des quelques passages clairs trop peu maitrisés par rapport au chant hurlé suintant de rage comme jamais.

Principalement en français, les textes montrent un réel désir de proposer de la qualité tout en étant assez accessible. Le romantisme très noir du groupe atteint son paroxysme lors de morceau comme "Lycanthrope" ou "Corps à Corps" qui jouissent d'une irréprochable beauté littéraire.

 

Les titres s'enchaînent et tissent au fur et à mesure une toile sombre et oppressante où l'auditeur vient se perdre et rester accrocher. Si le son est parfois un peu trop brouillon on peut tout de même distinguer largement les différents instruments de cet amas sonore brutal, et au final, le travail donne vraiment cette impression d'oppression ultime, d'intensité atroce que l'on ressent au plus profond de soi. Et on ne pourra pas reprocher au groupe de tenter de nous étouffer car heureusement il nous laisse respirer lors de passages plus aériens mais toujours aussi stressant. Disséminés tout le long des titres, ces passages plus calmes, lents et fidèles aux dogmes du postcore (l'école Neurosis en tête) tombent souvent là où on ne les attendait pas et introduisent de bien beaux passages. On pense notamment aux titres "La Porte des Songes" ou la quasi-totalité du titre "Fragments" qui clôt en beauté un album de souffrances.

 

Ce premier essai de Tanen est plus que convaincant, intensément noir et emplit d'une douleur accablante, il transpire la sincérité atteignant presque par moment la qualité et l'intensité d'un Time to Burn. Et si ce cd est une agréable surprise il n'en demeure pas moins qu'il n'apporte absolument rien de neuf au genre et peut par conséquent sembler futile…ce qui serait dommage.

photo de DreamBrother
le 11/09/2008

2 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 11/09/2008 à 10:43:21

la démarche de Tanen m'a l'air tout de même fort éloignée de celle de Time to burn bien plus sombre et lourd, et beaucoup plus malsain !
Mais Tanen a sa puissance qd mm !

Pidji

Pidji le 11/09/2008 à 11:22:29

Ouais je suis d'accord, TTB est très différent... Mais TANEN mérite qu'on s'attarde sur eux, d'ailleurs une interview ne devrait pas tarder ;)

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