Targ3t - Faceburn

Chronique CD album (44:54)

chronique Targ3t - Faceburn

Bien souvent, dans les premiers temps, le jeune chroniqueur-chien fou lâché au milieu des CD promo-baballes en caoutchouc attrape, écoute et donne son avis sur tous les bâtons discographiques qu’on lui lance. Et puis, l’âge et les heures passées à écouter de la daube en microsillons aidant, il devient un peu plus sélectif, jusqu’à ne plus chroniquer que ses achats perso’, les classiques, ainsi que quelques mystérieuses galettes aux atours alléchants ou aux pochettes et blazes aguicheurs. Mais il arrive que, à l’occasion d’un mariage, d’une soirée Tupperware ou d’une réunion de l’Amicale des Amis de la Belette Tachetée du Vaucluse, la sœur d’un pote insiste pour vous refourguer la démo du groupe de post-deathcore progressif dans lequel son chéri joue du triangle. Alors on cède. *** Lâche! Faible! *** Et forcément, après une demi-écoute des 3 premiers morceaux, l’horrible pressentiment se trouve confirmé: ça schlingue aussi fort que la perspective d’une soirée Bingo avec les copains de catéchisme de votre cousin Jean-Eudes.

 

Sauf que c’est en acceptant ce genre de paquet contraint-mais-forcé-par-des-liens-d’indéfectible-camaraderie que ma pomme a découvert de petites merveilles comme One Step Beyond ou Nostril. Ah, ça rigole moins! C’est que ça a parfois du bon d’aller à l’encontre de sa nature (…« Comment j’ai atteint la paix intérieure par le Fist », aux éditions Gallibraquemard, en vente à la sortie). Tout ça pour dire que, quand Adrian Uritescu – ingé-son des excellents Dirty Shirt sur leur tournée française 2013, et guitariste de Targ3t – m'a confié un exemplaire de Faceburn, présenté comme un album devant autant à Pantera qu’à Gojira (… je cire de mémoire, donc mal), la moue dubitative que j’arborais intérieurement n’était que partiellement tempérée par l’espoir de découvrir une pépitounette n’ayant jusqu’alors pas eu l’occasion de franchir les frontières de nos riantes contrées.

 

Mouais. Plus « -tounette » que « pépit- » le Faceburn. M’enfin pas « Facepalm » non plus. Car les écoutes répétées se sont avérées de plus en plus agréables avec le temps. Jusqu’à se dire que, quand même, finalement Targ3t c’est chou3tte. La formation roumaine – comme Dirty Shirt, donc – s’inscrit clairement dans son époque en proposant une mixture de Gojira, de metalcore avec un –CORE majuscule, et de modern death Klonoshpérien bien influencé par Meshuggah. Plus des touches occasionnelles rappelant les toutes dernières productions de l'âge d'or du melodeath – cf. The Defaced et Gardenian –, quand le chant clair faisait son apparition mais qu’on n’avait pas encore inventé d’étiquette pour désigner le metal US bercé au son de Göteborg. Plus rythmique et rugueux qu’atmosphérique et porté sur les leads mélodiques, le groupe reste cantonné à des morceaux tirant des ficelles archi-classiques – gros bucheronnages saccadés, harangues en duo grunt-core / shriek teigneux, décalages Meshugguiens et stridences occasionnelles pour un résultat You-Know-What-You-Get-Bro’ sans risque de se niquer la mâchoire à béer de surprise au détour d’une géniale incongruité.

 

N’empêche, sur une pincée de morceaux à l’impact plus affuté, Targ3t réussit à forcer la sympathie. Comme sur « Obey », dont l’avancée implacable – et très Gojirienne – nous colle la nuque en mode Oui Oui. Précis, catchy, sans chichi: je dis oui (...ah les slogans des années 60s!). Puis, plus loin, et malgré un manque de subtilité certain sur les couplets, « Povestea Oricui » marque lui aussi des points grâce à un refrain émo-metalcore typique qui foutra assurément des boutons aux "trves" mais marquera durablement les lapins jaunes de mon espèce. « Never Try » est lui aussi du même tonneau, son metalCORE sentant la mosherie basse-du-front mais révélant un refrain suffixé d'une belle ligne de chant clair. Imparable. Pour le reste on navigue entre le Mouais-bof-en-musique-de-fond-ça-passe et le Pas-mal-là-dommage-que-ce-soit-trop-générique. Bref, sympa, mais pas de quoi pousser le fan à aller se faire tatouer le nom du groupe dans le cou.

 

Faceburn ne réussit donc pas tout à fait à prendre le relais de Freak Show pour nous convaincre de braquer plus de radars en direction de la scène metal roumaine. Honnête, directe, basique, son power-metalcore moderne permet tout de même de passer agréablement le temps – « Targ3t, le groupe des premières parties réussies! » (c'est ma journée slogan...) –, mais c’est sûr qu’on n’en ferait pas non plus une indigestion. A essayer, sans en abuser. Et comme dirait Alain S., si tu m’crois pas, hey, t’as ‘ar Targ3t à la récré!

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: une envie soudaine d’un mélange Gojiro-metalcoro-power-Meshugguien? Pas de prise de tête, rien qu’un petit album sans originalité mais sympatoche, histoire de s’occuper les oreilles en décapsulant du crâne de troll sur votre console préférée? Un coup de Faceburn et ça repart!

photo de Cglaume
le 17/02/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/02/2014 à 13:50:52

Y'a pas que sur la console que des trolls méritent un décapsulage...
M'enfin, je m'inscris en faux suite à la lecture de ton intromission : le jeune .chien fou que je fus il y a un an, n'a jamais cédé à la pression des écolos, des cathos ou des top heure war.

cglaume

cglaume le 17/02/2014 à 14:22:01

En même temps t'es plus "chien fou" que "jeune" ...
** alors ça c'est salaud cglaume !!! On avait dit pas les handicaps, pas le physique et pas l'âge **

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/02/2014 à 18:34:04

Vrai, c dégueu de se foutre de mon œil de verre, de mes dents en résine, de ma jambe de bois et de mon cœur de pierre.

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