Testament - The New Order

Chronique CD album (39:19)

chronique Testament - The New Order

Je vous l’avouais la tête basse et le regard penaud au début de la chro de The Years of Decay d’Overkill: parmi mes grosses lacunes figurent quelques-uns des classiques du Thrash. Dont The New Order, 2e album des pas-dans-le-Big-4-mais-presque Testament. Mais avouer qu’on nage dans l’ignorance crasse ne signifie pas qu’on compte y patauger jusqu’à ce que Metallica sorte un vrai bon nouvel album. D’où une récente séance de rattrapage qui aboutit aujourd’hui à une chro’ rétro un peu décalée, ne livrant pas le savoir du vieux singe qu’en-a-vu-mon-gars-t’imagines-pas, mais plutôt l’impression back-to-the-future d’un vieux thrasheur retrouvant son cartable, certes, mais pour s’en retourner dans un collège où il n’a jamais mis les pieds étant minot.

 

Après la livraison d’une carte de visite brillamment fougueuse intitulée The Legacy (Arf... Lui ‘faudra que j’y revienne en mode vieux con nostalgique!), la fine équipe constituée de Louie Clemente à la batterie, Eric Peterson à la gratte rythmique, Alex « J’ai tout appris avec Satriani himself » Skolnick à la lead, Greg Christian à la basse et Chuck Billy Jean is not my lover au micro – bref: la joyeuse bande s'appelant Testament – se voit donc sommer de pondre un nouvel album par son label. Bam, comme ça, sans qu'ils aient encore le moindre début de bout de riff. Parce que c’est comme ça que ça bosse les grosses structures... ‘y a pas que Carrouf' qui fait trimer ses caissières! Et p’is ‘y vont pas passer leur vie sur les routes à s'envoyer du Jack', des bières et de jeunes thrasheuses peu farouches ces grosses feignasses!

 

Du coup voilà nos jeunes porteurs de baskets de retour en studio, toujours sous la férule de M & Mme Zazula. Et vu que les zoziaux n’ont pas vraiment eu le temps de prendre du recul et que ce qu’ils ont proposé jusque-là leur a apporté sexe, bière et bananes flambées, forcément, les nouveaux titres dont ils accouchent reprennent le droit chemin emprunté par les anciens. Et c’est là que le regard neuf du vieux de la vieille rentre dans la bataille. Que me disent mes oreilles et ma cervelle de « papy du Thrash » face de ces "nouveaux" titres? Que ça envoie bien dans la tradition, certes, mais qu’ils peinent un peu à s’affirmer à côté de leurs comparses – qu’ils proviennent du précédent opus ou de l’excellent 3e. Je sais bien que sur The New Order on trouve une bonne poignée de classiques qui tournent  régulièrement en concert. Mais même si le court et virulent « Into The Pit » mettra toujours le feu à la fosse, cela se fait sans ce petit supplément d’âme (…cet indéfinissable charme, cette petite flamme?) qui fait les classiques intemporels. « Disciple of The Watch »? Parfaitement calibré. Mais trop long à l’allumage, et trop proche de « Into The Pit » dans l’esprit. « The New Order »? Manque de chien pour un morceau-titre, d’autant que le refrain ne vole pas bien haut. Seuls « The Preacher » – sympa, grosse patate, pas loin de tout casser mais pas tout à fait – et surtout le très bon, très accrocheur, très groovy, très tout-ce-que-vous-voulez « Trial By Fire » méritent leur statut de classiques... Que je pense, et que je dis donc.

 

Bon, je passe sur la prod’ pleine de moutons qui mériterait un bon coup d'aspi': rien de choquant vu l’année de sortie de la chose. Par contre ce qui casse un peu les bonbons c’est l’interlude « Hypnosis », pas vraiment indispensable, ainsi que cette fin des haricots conclusive intitulée « Musical Death (A Dirge) », qui n’est rien d’autre qu’une outro mignonette étirée sur plus de 4 minutes. Ajoutez à cela nombre de débuts de titres emberlificotés dans des intros où ça gratouille vainement en mode électro-acoustique (« Disciple of The Watch », « Eerie Inhabitants » … même « Trial By Fire »!), et on se retrouve avec un peu trop de raisons de ronchonner pour un soi-disant « incontournable » du Thrash. D’ailleurs l’explication de tout cela nous est donnée par Alex Skolnick lui-même, qui avoue lors d’une interview que leur contrat les obligeait à proposer plus de 40 minutes de musique. Ce qui les a poussés à allonger certains titres, à coller des instrumentaux supplémentaires… Et à enregistrer la reprise d’Aerosmith « Nobody’s Fault » (qui se trouve néanmoins être tout à fait sympa).

 

Du coup, jaugé depuis 2016 – avec certes un certain déséquilibre affectif qui le désavantage par rapport aux 2 albums qu’il jouxte –, The New Order apparait comme une œuvre bonne-mais-pas-majeure d’un groupe que les vils persifleurs continueront de qualifier de « Seigneur des Seconds Couteaux ». D’ailleurs un détail assez significatif suffit à mes yeux à entériner l’opinion que je vous livre aujourd’hui: découvert avec un retard identique, The Years of Decay d’Overkill (dont je vous parlais tout au début) a lui par contre complètement réussi à me décoller la pulpe. Alors pourquoi l’un et pas l’autre, si ce n’est du fait d’une différence de… « qualité »?

 

… Mais que ça ne vous empêche pas de vous fracturer la nuque sur « Trial By Fire » lors du prochain passage du groupe sur une scène près de chez vous!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 2e album de Testament – et à ce titre membre à part entière de la trilogie légendaire qui a fait le groupe à ses débuts – The New Order souffre un peu du manque de ce petit quelque-chose qui différencie les vraies œuvres majeures des bons albums un peu survendus. On lui préférera The Legacy et Practice What You Preach… M’enfin on se gardera bien d'en dire sérieusement du mal!

photo de Cglaume
le 26/06/2016

2 COMMENTAIRES

Ian McKaye

Ian McKaye le 26/06/2016 à 15:37:27

Bon album de Thrash traditionnel à qui il manque toutefois la classe d'un "The Years of Decay", le côté fun d'un "Fabulous Disaster" ou encore l'originalité d'un "No More Color" sortis à peu près à la même période... Manque la petite plus value pour en faire un vrai classique !

cglaume

cglaume le 26/06/2016 à 17:06:09

On est d'accord ;)

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