The Algorithm - Octopus4

Chronique CD album (54:56)

chronique The Algorithm - Octopus4

Dans la grande aire de jeu de la création artistique, certains groupes se laissent glisser sur des toboggans stylistiques qui les entraînent aussi logiquement qu’inexorablement loin de là où on les avait initialement connus et aimés. Ainsi, pfffuiiiit, Arkan a glissé rapidement loin des-yeux-loin-du-cœur sur la pente glissante du gothique metal tristoune, Opeth a dévalé le tobogan du rock psychédélique made in 70s… Et The Algorithm sur celui d’une électro-geek s'affranchissant de plus en plus franchement de ses attaches metal.

 

Mais rappelons tout d’abord quelles sont les variables, les entrées et les sorties de l’algorithme implémenté par Rémi Gallego, le développeur fou à l'origine de cette pieuvre discographique. Après 2 démos hyper sexy (sexyes? sexys? sacré-bon-sang de franglais!) pratiquant une fusion électro-djent abordée par le versant technoïde de l’accouplement, 2012 vit l’arrivée de Polymorphic Code, 1er album longue durée ayant propulsé la popularité de son géniteur en orbite autour de la planète Fame, et ayant permis que s'enchaînent les dates à l’internationale. C'est donc peu de temps après que déboule Octopus4, dans un style plus décontract’ que jamais, Rémi ayant semble-t-il gagné en confiance et en envie de se faire plaisir avant tout. Premier indice de cette « insouciance artistique »? Le court texte disponible dans le livret, destiné à planter le décor thématique: nous voici plongés dans un monde soumis au contrôle d’un Commodore 64 omniscient (… et pourquoi pas d'un Amstrad CPC 464 ou d'une calculette Texas Instrument, Rémi, espèce de vieux geek :) !?) qui va se retrouver hacké par un dénommé Pythagore, amateur notoire de rencontres coquines en ligne, dont une erreur fatale va conduire une grande majorité de l’humanité à se retrouver métamorphosée en Will Smith. "Cowabunga!" aurais-je envie de rajouter. (Si, si j'ai envie d'abord...)

 

Mais l’indice le plus évident de la « Yolo attitude » qui donne le ton de ce 2nd opus, c’est tout simplement l’aspect très hétéroclite des nouvelles compos, celles-ci s’éloignant un peu plus encore qu'auparavant du monde du metal djenteux pour aller où bon il semble à Rémi. M’enfin attention hein: Octopus4 n'en reste pas moins le fruit logique de l’évolution artistique suivie depuis les tous débuts du groupe. Son électro, peut-être plus ambiante que par le passé  et fortement imprégnée d'une touche « old school gaming » , reste globalement dans la droite ligne de ce qu’il proposait par le passé. C’est juste qu’on regrette que la très grande majorité des titres se contente d’inclure un passage ponctuel de saccades strobosco-guitaristiques sur fond de déhanchement mécanico-rythmique, sans aller beaucoup plus loin dans l'accouplement grattes/joystick – sans parler des 3 titres 100% non metal de l’opus. Parfois cela sonne même un petit peu artificiel, comme sur « Damage Points » ou « Un Dernier Combat » par exemple, où les rafales saccadées n’arrivent qu’en toute fin de morceau, comme pour rattraper in extremis un oubli malencontreux.

 

Mais je vous parlais d’hétéroclisme. Car Rémi batifole. Et balance des 8biteries en veux-tu en voilà, surtout en début d’album. De la plage SF-atmo-minimaliste sur « Void » (Rzzzzzzz). Du rap plus râpeux que jamais sur « Un Dernier Combat » (un clin d’œil à Hacktivist avec qui il a tourné?). Le tout culmine sur un gros gloubi-boulga sans queue ni tête (...nawak?) – mais reconnaissons-le, plein de moments bien tripants… (Michael Jordan!) – sur « Will Smith ».

 

Comme pour Polymorphic Code, c’est sur la 1ere moitié d’Octopus4 qu’on tripe le plus, notamment sur l’électro funky’n’flashy et doucement rétro de « Discovery », ainsi que sur le tube Pac Manesque « _MOS » – qui va faire mouiller les liquettes des fans de Pryapisme (bien que le morceau soit certifié sans matière métallique ajoutée). Mais les 3 titres qui suivent constituent également une bonne grosse source de move-ya-booty enthousiasmant, notamment un « Synthesiz3r » qui alterne avec un malicieux génie chant typiquement Eurodance et gros Beuâârh, puis balance un djent méchamment moshy. Sur la 2e moitié de l’album, on va dire que c’est un peu moins la fête (...du moins pour un poilu de mon espèce). Même si la séquence djenteuse qui termine « Un Dernier Combat » réveille efficacement les morts. Et même si le dernier titre – « Octopus 4 » donc – nous propose à nouveau l’excellente fusion symbiotique djent / électro qui nous avait fait frissonner sur les 3 premiers opus.

 

Si vous appréciez les œuvres précédentes de The Algorithm et que vous n’avez pas de problème avec le fait de glisser de plus en plus profondément dans un monde déshumanisé (… ou plutôt "dé-rockisé"), Octopus4 devrait vous flatter agréablement les ouïes. Car on y retrouve régulièrement ces vagues de guitares robotiques qui interprètent leur partition à coups de machette-laser, le tout étant ornées de boucles technoïdes aussi geek que dansantes. Par contre si vous aviez déjà trouvé les œuvres précédentes du programmeur fou un poil trop no-life, là ça risque d'être la goutte d'eau qui n'amasse pas mousse. J’avoue osciller entre les 2 positions. Mais tant qu’il y aura des « _MOS », des « Octopus4 » et des grosses branlées djent monstrueusement moshy comme celles figurant sur « Will Smith » et « Un Dernier Combat », Rémi pourra compter sur moi!

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: encore plus électro (et donc moins djent) que par le passé, Octopus4 continue logiquement sur la voie tracée par les opus précédents. C’est vrai qu’on aurait parfois envie d’abréger les épisodes synthélectro ambiants et les zigouigouis techno pour rajouter une louche de syncopes métalliques, mais The Algorithm réussit quand même à pondre quelques belles pépites qui donnent in fine envie de continuer l’aventure.

photo de Cglaume
le 01/08/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 01/08/2014 à 12:09:44

Algorithm, Pythagore, Will Smith : trop de maths pour moi dans ta chro.

cglaume

cglaume le 01/08/2014 à 12:18:55

Quand je pense que l'algorithme de Will Smith n'a toujours pas été démontré !

Tookie

Tookie le 01/08/2014 à 12:19:35

Je suis déçu par la voie plus electro qui a été choisie et pourtant mes oreilles peuvent s'y faire au bout d'un certain temps. Ce n'est pas encore le cas pour cet album.
Ça reste tout de même le projet solo au-dessus de milliers d'autres...

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