The Barons Of Tang - Into The Mouths Of Hungry Giants

Chronique CD album (52:25)

chronique The Barons Of Tang - Into The Mouths Of Hungry Giants

Merci Mike Solo. Non vraiment, merci tout plein.

 

Mais qui c’est-y ce Mike? Le fils caché de Han et de Chewbacca?

 

Meuah non, qu'ils sont bêtes! C'est le patron de Bird’s Robe Records, un label australien versé dans le metal prog (surtout) et nawak (aussi). Ce monsieur fait preuve d'un enthousiasme sans pareil quand il s’agit de partager sa passion et sa connaissance des groupes de barjots qui gambadent joyeusement de par les vastes espaces sauvages de son Oz Sweet Home. C’est à l’occasion d’un achat (Corvus de Squat Club – on aura bien l’occasion d’en reparler…) effectué au sein de son catalogue petit mais costaud que quelques emails furent échangés avec le monsieur. Celui-ci en profita pour déniaiser votre serviteur en incluant dans l’une de ces missives électroniques une maousse de liste recensant – liens bandcamp et myspace à l’appui – les petites perles insoupçonnées de son chez lui tout là-bas. Dans le tas figuraient Darth Vegas, Umläut, Toehider, Shanghai… Et même The Kidney Thieves, groupe que je redécouvrirai par la suite sous leur nouveau nom: Osaka Punch! Bonheur, étoiles dans les yeux, BoumTagadaTsoin dans la cage thoracique, miel dans les oreilles... Encore une fois: merci Mike!

 

Au sein de cette liste – en même temps que sur le label du monsieur –, vous me voyez sûrement venir: il y avait un autre groupe. The Barons of Tang, voilà, c'est ça. Alors si comme moi vous êtes plus près des 40 piges que des 30 (moins de 30 balais? ‘spèce de jeunes freluquets!), vous aurez peut-être fait un mouvement de recul, Tang restant à jamais pour beaucoup le nom de cette poudre orange douteuse qui, mélangée à de l’eau, produisait un « jus d’orange » parfaitement dégueulasse. Sauf qu’avec les 7 australiens dont il est question aujourd’hui, point de poudre aux yeux ni de vieil arrière-goût chimique tout moisi. The Barons of Tang, c’est plutôt une sangria fruitée servie par une andalouse avenante, un rhum hors d’âge ou une choppe de stout sifflée dans la chaleureuse agitation d’un pub dublinois. C’est une bamboula alcoolisée où copulent guitare électrique, clarinette contrebasse, accordéon, batterie, banjo, trombone et saxo, ceux-ci étant accompagnés un bon tiers du temps par le chant d'un punk aussi éméché que gouailleur. Et les 2 tiers du temps restant? Ils sont consacrés à des virées instrumentales en complète – et parfaite – autosuffisance.

 

Mais pour ceux qui n’auraient pas le temps ou l’envie de lire une chronique trop verbeuse, on va vous brosser le tableau en quelques références / coups de pinceau rapides: The Pogues, Stanley Kubi, Emir Kusturica, les Pastors of Muppets, Estradasphere, les Négresses Vertes, Grace Jones période « I’ve Seen That Face Before » et Sebkha-Chott. Pas commun, le mélange! 

 

Soyez quand même avertis: la musique des barons n’est pas systématiquement métallique. Le metal ne constitue d’ailleurs que l’un des très nombreux visages du groupe, celui-ci étant tout autant rock, punk, « manouche », tango, klezmer, que versé plus largement dans les musiques de l’est européen. Et ce n'est pas tout. Car sur « Pocket Full of Sand », on fait un détour plus au sud, sous le soleil d’un orient particulièrement cuivré. Sur « The Black Flamingo », on croise la route de sombreros mariachis avant d'être invitaté à se déhancher sur des rythmes latino-insulaires. De « Suitcase » émanent plutôt des odeurs de country nostalgique et colorée, tandis que « The Dogs of Rotterdam » finit – ou presque – sur un blues / rock minimaliste mené de voix de maître par Miss Annie Pfeiffer. Sans parler de ces petits écarts nawak – comme ces polyphonies débiles à base de Doom-doom-dah / Kéké-Kéké à la fin de « The Case… » – qui font chaud à mon petit cœur de lapinou canaillou. Bref, un vrai arc-en-ciel musical fleurissant, pour la plus grande part, dans le ciel bleu d’un monde où l’on danse dans les rues, la bière à la main, en se secouant comme des toons gavés à la Juvamine. A noter une petite préférence perso pour les morceaux mettant en avant Julian et ses faux airs de Shane Mac Gowan, comme « 3 Pieces Lawsuit » qui nous colle une patate d’enfer, un « Apocalypse Kids » qui ne tient pas en place et nous incruste son « Hey, you’re acting like the end of the woooorld! » bien profond dans le crâne, ou encore l’exceptionnel final « The Dogs of Rotterdam ».

 

Surenchérissant sur un Knots & Tangles déjà bien enthousiasmant, Into The Mouths of Hungry Giants est un très très bon 1er album. Pour apprécier ces escapades à travers la grande famille des musiques qui font youpla, il faudra bien sûr ne pas être un metalhead obtus. Mais si vous souhaitez commencer la journée en faisant un grand plein d’énergie positive, et que vous n’êtes pas forcément d’humeur à vous manger une grosse mandale grind, cet album fera plus que l’affaire. Ayez confiance: avec ces barons-là, ça ira, ça ira, ça ira... Peu de chance que vous ayez envie de les voir finir à la lanterne!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: une petite envie d’écouter The Pogues, Vladimir Bozar, les Pastors of Muppets, ainsi qu’un peu de tango, tout en n’ayant le droit de ne choisir qu’un seul album? Hop, Into The Mouths of Hungry Giants et le tour est joué!

photo de Cglaume
le 23/05/2014

2 COMMENTAIRES

Vinchesnut

Vinchesnut le 03/05/2015 à 10:09:28

Le rapport avec Estradasphere est frappant et peut être plus encore avec les deux séquelles du groupe "Orange Tulip Conspiracy" et "Atomic Ape"

cglaume

cglaume le 03/05/2015 à 13:49:28

Bird's Robe Records est un label dont il fait bon fouiller le catalogue :)

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