The Men - New Moon

Chronique CD album (46:10)

chronique The Men - New Moon

Le principal problème avec The Men vient de tous les espoirs que le groupe avait concentré avec son premier album sorti de nulle part, le bien nommé Immaculada (2010), petit précis de rock sale et bruyant, joué et enregistré tous les potards dans le rouge. Un album assez décousu, mais qui dégageait une fraicheur certaine, surtout si votre définition de la fraîcheur se résume à des guitares qui croustillent, une basse qui vrombit, des cymbales qui percent les tympans, une voie noyée dans la disto et la réverbe, le tout masterisé avec un grille-pain. On pardonne beaucoup de choses à un premier album, surtout quand les espoirs qu’il suscite sont grands ; encore plus quand on considère qu’un groupe a le temps de se construire et qu’un premier album peut à la fois être une ébauche et un aboutissement.

 

Quatre ans et trois albums plus tard, The Men n’est donc plus ce  « bon petit groupe ». Sa notoriété a connu une croissance accélérée (boostée par sa signature sur un des label branchouille du moment : Sacred Bones). Cette relative reconnaissance médiatique s’est  accompagnée d’une évolution express du garage-noise supersonique vers une sorte de fourre-tout pop-rock pas désagréable mais très loin des aspirations originelles du groupe.

 

Ce constat en demi-teinte, quelques-uns l’ont fait dès Leave Home (2011) et ses errances sonores. Déjà, on pouvait deviner que The Men n’était pas du genre à labourer inlassablement le même bout de terrain, le groupe accentuant encore son grand écart entre longues plages trippées et garage plus classique. Open your Heart (2012) intégrait quant à lui des éléments plus pop, des constructions plus classiques, et avec le recul,  annonçait la relative gueule de bois que constitue ce New Moon.  

 

 Que dire donc de ce nouvel album qui finira d’achever les maigres espoirs de leur fan-base initiale partie depuis draguer d’autres obscurs combos ? Car, c’est officiel, The Men fait désormais de l’indie rock, et très soft le rock, s’il vous plaît, sans réelle prise de risque et sans danger. On y entend du Lemonheads, du Dinosaur Jr, du Neil Young ; des influences, qui, avec le recul, ont sûrement toujours été sous-jacentes mais qui, agrémentées d’une production largement plus policée, sautent aux oreilles. Et ce qui dérange ici, ce n’est pas la qualité des compositions, toutes plutôt bonnes dans leur style mais la désagréable impression d’être devant un groupe qui joue « à la manière de ». Les clins d’œil aux aînés sont trop putassiers et même si le savoir-faire est indéniable, on passe son temps à se poser une seule et même question : Comment en est-on arrivé là ? Comment un groupe, parti d’une tambouille aussi personnelle il y a 4 ans, en arrive à proposer un disque si convenu, un disque paradoxalement très maîtrisé (le songwriting, le son) et si maladroit (le poids des influences, l’évolution musicale du groupe)...

 

Le rythme des sorties est en est peut-être la cause,  la volonté de ne pas se répéter, une autre. Toujours est-il que cette évolution consterne  plus qu’elle ne surprend. « New Moon » est un album fade, sans aspérités ni émotions. La seule chose qui en ressort finalement, c’est une forme d’indifférence lasse. Quoi de pire pour ce groupe aux aspirations initiales radicalement opposées ?

photo de Crousti boy
le 27/07/2013

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