The Old Dead Tree - The End (again)

Chronique CD album

chronique The Old Dead Tree  - The End (again)

Quand je sors des Kleenex, c'est rarement pour sécher des larmes.
Sauf lorsqu'il s'agit de The old dead tree.
Avec ce groupe, je me sens comme un gilet jaune cerné par une compagnie de CRS : il n'y a qu'une certitude, les nerfs lacrymaux vont douiller.

Ça, c'est à cause de l'histoire personnelle que j'ai avec The perpetual motion (je suis tombé amoureux en même temps que ma découverte de TODT) mêlée à leurs qualités musicales. 
Ce groupe ne parle sans doute pas aux moins de 20 ans, qui sont sans doute peu nombreux à lire nos goûts et avis de vieux cons, mais The Old dead tree c'est ce groupe qui aurait mérité de porter l'étendard metal français hors de nos frontières à l'instar de Gojira.
La singularité du groupe est de faire un metal influencé par le death et le goth bien plus marqué par son empreinte mélodique que sa technique. Cela n'empêche pas la bande d'être remarquable dans son écriture en proposant des morceaux teintés d'accents prog ou d'arranger ses titres avec talent.
 

Mais j'en parle au présent alors que tout ça, c'est fini. 
Le temps du deuil est passé depuis perpet': The water fields, leur dernier album, a 12 ans (ndr : on est fin 2019), et malgré quelques espoirs de reformation, des concerts sous un nom d'emprunt (We cry as one, titre phare de la bande), on le sentait bien que c'était vraiment mort.
Pourtant, si les fans peuvent porter le deuil plutôt facilement, il y avait chez Manuel Munoz (chanteur) l'impression que la phase de déni était plus difficile à passer. Semblait demeurer un goût d'inachevé, comme s'il fallait boucler la boucle pour passer éventuellement à autre chose.
The end (again) est là pour ça. 

Cet EP fait du neuf avec du vieux. Des titres enregistrés il y a plus de 5 ans, un titre co-écrit avec Fred Guillemot (batteur originel qui a fait le triste choix de partir il y a 20 ans), largement retravaillé, pour un total de 22 minutes qui achèvent une belle histoire musicale.
 

Je me suis un jour bien marré d'un zine qui avait osé noter "l'authenticité", concept parfaitement volubile (et aussi stupide que d'évaluer sur 10 un album...), mais si on s'y mettait, j'collerais 5 étoiles à la bande et à l'une des plus belles voix du "metal français".
Munoz peut prendre un ton ronchon et enchaîner sur un chant clair avant de se lancer dans des spoken words pleins de gravité sans provoquer le moindre lever de sourcil tout en donnant le sentiment qu'il y met toute son âme...jusque dans les paroles vraiment parlantes. 
C'est encore réussi sur ces cinq titres qui sont la suite logique de The water fields et offrent un dernier témoignage des qualités d'écriture de The old dead tree.

Son efficacité dans le riffing, sa variété sans jamais être ultra-technique, sa capacité à sortir des mélodies toutes emballantes, toutes prenantes, réussissant le tour de force d'être à la fois solennelles et touchantes.
The old dead tree magnifie son style bâtard entre goth et death en mélangeant finement les gimmicks (pour ne pas dire clichés) des deux genres et ainsi recréer son style hybride. Cette alchimie des étiquettes fonctionne une dernière fois pour un voyage "interviscéral" : les mots prennent aux tripes, la musicalité va direct jusqu'aux cervicales sans jamais avoir un abord bas de front.
 

Il y a toujours eu quelque chose d'intemporel dans la musique de The old dead tree : son écriture et son interprétation ont toujours sonné justes et dépassent les genres avec une telle aisance que ce metal de fragile, pour fragile, laisse toujours place à des sentiments confus, pour ne pas dire paradoxaux, rendant l'écoute schizophrénique voire masochiste. On se sent perpétuellement touché et meurtri.

Pour son EP...posthume, TODT laissera le souvenir d'un groupe qui n'aura pas fait le moindre faux pas, un groupe qui aura toujours abordé son art avec son humanité, ses qualités, sachant cacher ses éventuels défauts.
Cet EP révèle également combien la musique du groupe fait fi des modes : rien ne laisse présager que ces titres ont quelques années, rien ne laisse penser que tout ceci a longtemps dormi avant d'être sorti des tiroirs pour finalement boucler la boucle, comme TODT méritait de le faire, et ainsi clore sa carrière qu'on aurait aimé voir continuer sur une si belle lancée.

photo de Tookie
le 19/12/2019

2 COMMENTAIRES

sepulturastaman

sepulturastaman le 19/12/2019 à 11:25:00

Du "metal" pour les gens qui n'aiment pas le metal mais qui écoutent quand même The Old Dead Tree parce c'est pas du metal bruyant. ALLEZ TOUS CREVER !!! z'avez vu avec mon casque à corne j'imite vachement bien Chromy.
Bon à part le morceau "kids" le reste merci mais non merci.

Tookie

Tookie le 19/12/2019 à 14:30:05

J'aurais dû le préciser tout de même : cet EP est sans doute ce que le groupe a fait de plus calme et accessible tout en restant dans la veine des précédents. Mais oui, ça reste carrément accessible et sans trop de surprise pas ta came !

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