Thy Catafalque - Rengeteg

Chronique CD album (59:54)

chronique Thy Catafalque - Rengeteg

Je me rappelle avoir galéré comme un beau diable pour mettre la main sur le premier et unique album éponyme de Gire, groupe se trouvant être le pendant death metal de Thy Catafalque – quant à lui plutôt rattaché au courant black – que Kátai Tamás, cerveau et oreilles de ces 2 entités, a réussi à mener bien plus loin que son homologue, puisque cette dernière formation en est déjà à son 5e album, et qu’elle arrive dans le bercail d’un label qui commence à avoir les épaules bien larges – SoM, l’écurie qui remet Marseille au centre de l’Hexagone.

 

Ouawh, commencer une chro’ avec une phrase aussi pleine de recoins, de subordonnées et d’infos entremêlées, c'était risquer l’indigestion avec un grand Yiie-âââârk!!. Heureusement que j’ai finalement renoncé à glisser en plus une mention à la nationalité hongroise du groupe, parce que là ça aurait été la goutte d’eau qui aurait fini de casser la cruche sans amasser mousse…

 

Bon et si on secouait cette intro lourde de la fesse et qu’on la tamisait à travers le filtre de la raison gardée, qu'y trouverait-on? Thy Catafalque est un groupe plutôt blackisant (du moins sur le papier), avec de grosses poignées de kilomètres au compteur, une place dorénavant bien au chaud sous les spotlights de l'actualité, et un petit cousin oublié s’appelant Gire. Bah voilà, comme ça on y voit tout de suite plus clair!

Et au-delà de la lecture de son état civil, que donne l’entretien en tête-à-tête avec cette galette? Eh bien Rengeteg (...on dirait un extrait des paroles de Rama Lama Ding Dong chanté en yaourt!) nous emmène pour une ballade dans les brumes fantastiques d’un folk metal épico-atmosphérico-extrême sans complexe ni limite. Vous y serez accompagnés par des guides locaux dont les gazouillis évoquent une Europe de l’est pleine d’aspérités chantantes, mais aussi par quelques farfadets aux cordes vocales acides réminiscentes d'une époque lointaine passée à croasser de par les grands espaces d'une réserve de pandas misanthropes. Les morceaux oscillent entre mélancolie de viking slave perdu dans les brouillards vespéraux de mornes plaines, et folklore guilleret flirtant parfois dangereusement avec le youpitralala folk-rock gonflé aux hormones (cf. la fin sautillante de « Minden Test Fű ») – d'ailleurs si l'on s'aventurait à opérer de la guitare certains de ces passages les plus joyeux, il deviendrait quasiment possible de les jouer lors de la cérémonie d’accueil des nouveaux arrivants au club Marmara de Budapest-Plage.

 

Mais continuons ce descriptif en freinant un peu sur les pieds de nez blaguesques qui risquent de laisser entendre que l’album est une vaste farce – ce qui est loin d'être le cas! Pour arriver à ses fins, Kátai Tamás – à présent seul maître à bord, et uniquement épaulé le temps de mettre ses compos en boîte – a développé un son compact et brumeux derrière lequel la rythmique semble plus épaisse, les leads plus étranglées et mystérieuses, et les sonorités rétro du clavier plus « folk ». A noter d'ailleurs que ce dernier instrument, quand il n’amène pas frontalement une mélodie évoquant les vieux Amorphis-de-fond-de-lac, apporte sa touche à l’ambiance générale en plaquant des nappes qui – alliées aux samples Natures&Découvertes et au vibrato de leads pleines d’écho (c’est marrant, des fois on croirait presque entendre du U2 – toutes proportions gardées of course!) – contribue à créer des formes merveilleuses et inquiétantes, des paysages montagneux irréels et autres tableaux emplis de fées païennes comme on en croise parfois, tard le soir, Porte de St Ouen.

Et ai-je évoqué les quelques rares et fines interventions de Dame électro? Non? C’est maintenant chose faite. Dans le même esprit, vous tomberez parfois sur un peu de violon, quand ce n'est pas sur des orchestrations grandioses (cf. le sublime « Kő koppan »), ou du chant féminin délicat (sur « Vashegyek »)… Autant d’éléments qui permettent de décliner les plaisirs raffinés d’un album qui, déjà, pour éviter la "monolitic attitude", joue sur les contrastes entre morceaux instrumentaux et chantés, passages contemplatifs et blasteries sauvages, formats « courts » (autour de 4 minutes) et épopées affichant de 9 à 14 minutes au compteur.

 

C’est impressionnant comme finalement, sur RengetegThy Catafalque rejoint l’univers de Gire. Bah oui: cette importance primordiale des atmosphères épic-oniriques, ce clavier, ces longueurs progressives, ces touches (forcément...!) hongroises, ces interventions occasionnelles de violon, de chant féminin et d’électro: ça ne vous rappelle rien? D’autant que Gire laissait parfois transpirer des influences black, et que Rengeteg, en dehors du morceau « Minden Test Fű » dont la première partie sent le vieil Emperor ressuscité, est bien plus death que black quand il se fait extrême. Sans dec’, le début de « Fekete mezők », ça respire le death imposant, sombre et sentencieux d’un – allez, disons... – Nile. M’enfin pas étonnant qu’avec l’âge, Kátai ait du mal à rester dans le registre de la schizophrénie musicale, et qu’il retourne instinctivement vers sa « vraie nature ».

 

Au final, ce nouvel album me laisse la même très bonne impression que Gire (non, n’insistez pas: pas d’autre comparaisons, je ne connais pas le reste de la discographie de Thy Catafalque!), avec cette fois, en plus, une aptitude plus prononcée à proposer des morceaux tubesques. Bref: si chevaucher dans les limbes d’un univers onirique peuplé d’âmes-en-peine slaves vous tente, Rengeteg sera votre ticket pour l’aventure!

 

 

 

 

 

La chronique, version courteRengeteg est un voyage enchanteur à bord d'un vaisseau "folk extrême" naviguant dans les brumes d'un univers peuplé de sirènes et d’incubes aux roucoulements slaves enivrants… 

photo de Cglaume
le 17/01/2012

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