Young Widows - Easy Pain

Chronique CD album (48:53)

chronique Young Widows - Easy Pain

Petit rappel historique en mode télégraphique : tout commence avec Breather Resist, groupe américain de noise hardcore deluxe avec des rifts que même en rêve tu les imagines pas. Une poignée de ep's, un album démentiel et puis s'en va… Ou pas puisque le groupe ressurgit aussi sec sans le chanteur mais toujours avec ses riffs noise trois étoiles. Un album cool, un second absolument indispensable et un troisième qui, sans être inintéressant ou décevant, s'embourbe dans un cafard poisseux assez déstabilisant pour tous ceux qui attendaient une nouvelle branlée déculottée. C'était il y a à peine trois ans et force est de reconnaître que ce dernier album en date avait émoussé mon inconditionnel enthousiasme à l'égard des américains… La peur de succomber à la déprime potentielle de ces derniers, peut être.

 

Mais nous sommes maintenant en 2014 et c'est après quelques mois d'une promo assez soutenue faite de morceaux dévoilés et d'album intégralement joué en live le tout relayé sur YouTube (ultra bonne idée ça) que finit par sortir la bête… Ornés de cette maintenant habituelle tête de mort étrange qui se retrouve plus ou moins déclinée depuis trois disques, les huit titres déboulent donc enfin sur nos platines... Huit titres plus deux en bonus calés sur un 7' pour les veinards qui ont chopé une prévente... On appuie sur play et là : frissons et sourire figé...  La joie des retrouvailles… De vraies retrouvailles... Je n'emploie pas ce mot à la légère tant on se rend compte dès les premières secondes de ce disque que le trio a su se forger une identité sonore forte au fil de ses sorties successives. On retrouve donc ce son de guitare râpeux et noyé de reverb, ces rythmiques minimalistes et frontales, ces compositions épurées à l'extrême, cette basse vombrissante et ce chant déglingué, usé, empreint d'une fausse maladresse. La formule fonctionne toujours et, à travers elle, les nouvelles compos du groupe se frayent une belle autoroute jusqu'aux tréfonds de nos petites sensibilités. Parce que ouais, c'est pas tout d'avoir sa patte, d'être reconnaissable entre mille voire même de laisser planer son ombre sur bon nombre de formation de noise rock qui émergent ces jours-ci. Avec du recul, c'était peut-être même le principal défaut du disque précédent, outre ce spleen un peu indigeste : Young Widows s'y contentait d'être un groupe cool et reconnaissable qui joue des compos cool et reonnaissables, mais un peu moins inspirées que par le passé, à la  limite du pilote automatique.

 

Pourtant les patterns basse/batterie qui tournent en boucle sur ce Easy Pain nous rappellent bien ceux qui pointaient déjà leur nez sur In and Out of Lightness and Youth : entêtants, répétitifs à l'extrême, étranges, hors du temps et, une fois de plus, empreints d'une espèce de tristesse globale et poisseuse… Tout pareil à la différence près que Evan Patterson semble néanmoins avoir repris du poil de la bête. Ses guitares se font plus frontales, ses envolées noise, plus dingues et ses refrains, plus fédérateurs. Résultat des courses : la mornifle tant attendue depuis Old Wounds s'étale enfin sur nos deux joues, lourdement et proprement. "Godman", premier titre du disque, entame bien la tache en nous collant des gros murs de gratte saturés de larsen en pleine poire, "Cool Night" poursuit l'affaire en déroulant des couplets bien dramatiques qui s'ouvrent sur un putain de refrain imparable (et éponyme) qui peut bien rester en tête des jours entiers, "Kerosen Girl" accélère le tempo comme au bon vieux temps pour encore mieux permettre aux miaulements de Patterson de nous vriller les tympans. Et ça continue donc tout au long du disque. A noter quand même quelques titres peut être encore plus marquants que les autres comme ce "King Sol" et son rift introductif ultra efficace ou encore "The Last Young Widow" (mauvais présage ?!?), titre conclusif toujours plus dramatique et désespéré… mais putain ça marche. On peut aussi parler des deux titres Bonus, en particulier de ce "The Money", bluesy et touchant, qui laisse un goût bien amer dans la bouche, tout particulièrement quand on s'intéresse aux paroles.

 

Bilan des courses, Easy Pain n'est pas loin de passer pour un pur chef d'oeuvre, entre la frontalité jouissive d'Old Wounds et le désenchantement boueux d'In and Out of Lightness and Youth. Un vrai disque de rock où il se passe des choses, où des histoires nous sont racontées et qu'on a envie de réentendre tous les soirs comme un môme qui attend fébrilement que son père lui balance le petit chaperon rouge pour la vingtième fois.

 

Dans le top 2014 d'office bien sûr aussi.

photo de Swarm
le 20/05/2014

1 COMMENTAIRE

Noisybear

Noisybear le 28/05/2014 à 15:42:08

En fait, je pense que le problème de In and Out Of Youth And Lightness est le son qui est terriblement plat. Et ils retrouvent un son puissant et massif avec Easy Pain.

J'adore le 3ème album que je trouve inspiré niveau composition et qu'avec cette prod l'album aurait été bien plus appréciable.

Pour le reste je te rejoins sur pas mal de points

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