HELLFEST 2011 - Le week-end de Cobra Commander

HELLFEST 2011 Le week-end de Cobra Commander (dossier)
 

 

Jeudi 16 juin

(On the road again, again!)

 

C'est reparti pour un tour! Les chapiteaux du Hellfest débarquent à Clisson avec leurs cortèges de traditions, de rituels et de poilades incontournables. On commence par s'esquinter les mirettes à force de faire les yeux doux aux nuages pour que le ciel ne nous tombe pas sur le pif. Flottera? Flottera pas?  Le Hellfest a souvent eu les pieds dans la gadoue... et cette édition n'y échappera pas - hélas. Mais rien de comparable avec le déluge de 2007.

Autre tradition: le bal des pécores constipées du crucifix qui partent en croisade contre les musiques impies... mais ça, c'est rigolo...

Bref, rigolades, picolades, déconnades, de la bouffe plus saturée de gras que les miches de Dame Christine, des concerts à s'en faire péter les tympans, des ampoules plein les arpions et du bonheur en citerne! Toutes les traditions sont là et respectées à la lettre!

Clisson, terre de traditions!

Trois jours de cholestérol, de headbang, de vannes pourries, de retrouvailles avec des potes, de poussière (un peu), et surtout trois jours de groupes cultes venus des quatre coins du globe pour nous fesser les joues, nous remplir la panse de madeleine de Proust et venir fêter avec moi mon enterrement de vie de garçon! Mazeltof pour moi!

Here we go!!!

 

Jeudi matin, on plie les gaules, on remplit les sacs, on prépare la méga compil Top DJ volume 666 pour chanter dans la bagnole. Un saut à la gare pour récupérer Lord Tenebranus Luciferia Glaumicus Lapinathor en mode escargot – maison sur le dos et rasé de prêt... C'est parti pour 400 bornes au cours desquelles j'apprendrais effaré qu'un certain chroniqueur de Core And Co dont je tairai le nom par pure charité chrétienne n'est pas foutu de distinguer Bon Jovi de Mötley Crüe et qu'il s'emmêle les saucisses lorsqu'il s'agit de différencier Suffocation de Luciferion... Misère... On mettra ça sur le compte de la bière et de l'excitation de pucelle qui monte dans la Twingo from Hell à mesure que la distance qui nous sépare de Clisson s'amenuise... Par contre, tel le riz Oncle Ben's, Lapin Glaume reste incollable dès qu'il s'agit de trucs techniques!


Arrivée à bon porc... heu... bon port? Non, y a pas de bateau par contre y a du cochon... donc... Hmmm?

Bref. Apéro, installation des tipis dans le jardin du tonton de Madame Cobra et hop, on trace se rincer la luette au Metal Corner. Il flotte mais pas de quoi en chier une galette... deux trois gouttes... Des vrais Warriors of True Metal of Steel Of Power, c'est comme ça qu'on est chez Core And Co!!!

 

Premier étonnement, on met quinze piges avant de trouver une place de parking, le site est blindé, gavé de partout! Des Angles, des Teutons, des Ibères, les Lusitaniens, des Bataves... Bref, le Hellfest, c'est la tour de Babel! Hallucinant, l'année passée, il y avait nettement moins de populo... Du coup, on est obligé de se farcir 20 minutes de marche avant d'arrivée assoiffé au Metal Corner... Il est bientôt 23 heures, et sous le chapiteau arrive Ad Patres qui vient défendre son gros Brutal Death qui barbote entre Deeds Of Flesh et Cryptopsy. D'entrée de jeu, on se prend une baffe – la première d'une longue série qui durera jusqu'à dimanche – bien que placé loin de la scène, on est soufflé par la puissance du son et la rage que déploient les zicos tout frétillants d'offrir au public du Hellfest ses premiers acouphènes. Ca blaste, ça grunte et toutes les promesses de la démo (chroniquée sur Core And Co) sont tenues. Ultra carré, enjoué, écrasant, Ad Patres prend un panard évident à foutre le feu au Metal Corner qui s'acclimate doucement à ce Hellfest 2011. En attendant que le groupe se hisse au niveau de notoriété qu'il mérite, je file me mettre à l'abri... Et oui, Clisson est soudain balayée par une averse torrentielle. On retourne au campement pour une nuit de repos avant le déclenchement des vraies hostilités! Bonne nuit les zouzous!

 

Vendredi 17 Juin

(J'suis trop vieux pour ces conneries)

 

Le Soleil vient de se lever... et en guise d'ami Ricoré, on se farcit Lapin qui s'est extirpé de sa tente aux aurores pour écrire des chroniques... P'tit déj copieux, on prend des forces et y a intérêt parce que cet après midi, putain, cet après midi sous la (Michel) Rock Hard il va y a voir LE concert qui m'a fait venir au Hellfest, LE groupe! Krisiun... Mais avant de célébrer la foire aux blasts, on revient sur terre sous des cieux lourds... Arrivée sur le parking champêtre où les bagnoles s'agglutinent, plaques d'immatriculation bigarrées, des visages encore frais, des foies encore frais, des esprits encore frais et de la vodka, des bières et de l'armagnac encore fraiches... "D'façons, j'vous préviens, aujourd'hui, y a Krisiun, alors j'ai droit de faire de fripon!" C'est donc hystéro comme un gamin devant le sapin de Noël que je pénètre sur le site. Quoi de neuf? Baaaaaah... rien, le site est inchangé, les deux noix de coco des Main Stage 1 et 2 sont là, La Rock Hard ici, la Terrorizer là... L'Extreme Market est là... OK, rien de neuf depuis l'année dernière... Tant mieux! A part l'affiche, le cru 2011 sera la redite de 2010 qui avait été farpaite grâce au boulot titanesque des bénévoles. Rien à reprocher, tout est idéal, carré, nickel, on sait où on met les pieds... Le Hellfest, c'est un peu le 5 étoiles du Metal. Un seul reproche, ils auraient pu passer un coup d'aspirateur... Poussière de merde! Bref...

 

Note pour plus tard:ne jamais se trimballer avec une bouteille de vodka à la main: on se fait taxer par tous les soiffards du site (ils sont nombreux), mais c'est ça aussi le Hellfest; l'amitié, l'amour, la joie!

 

Au loin, tonne Suicide Silence si j'étais méchant et très très vilain, je qualifierais ce groupe de sans intérêt. Ultra clinique, manucuré, du Deathcore bateau qui ressasse les mêmes recettes à l'infini avec un son désespérément propre... Javel Dose Metal. Et les apostrophes du chanteur maculé de tatouages malabar sont assez agaçantes... M'enfin, c'est la vitrine du "renouveau" du Death Metal... hygiénique, gentillet... mes oreilles de vieux cons se ferment comme des huitres! On va laisser ces Brutal Hannah Montana à leur Néo Death inefficace pour glisser dans le vieux Death mythique de Malevolent Creation qui va retrousser les tuyaux des festivaliers entassés sous la Rock Hard Tent.

 

Une lampée d'armagnac à la santé de Malevolent Creation et hop, on va secouer son popotin au rythme du Death Metal classique, sobre et sans fanfreluche de ce légendes maudites. Malevolent Creation - malgré une carrière impeccable et une qualité constante - n'a jamais sorti son nez en dehors du peloton... et en assistant à leur concert, on se dit que c'est pô juste! Une attitude à la cool, une musique puissante, racée qui caresse à grands coups de pelle les feuilles des croûtons du Death Label Rouge! Le groupe passe en revue ses grands classiques et bénéficie d'un son... correct... Ca groove à s'en décoller la rétine, ça blaste sec, ça gueule et les riffs mythiques s'enchaînent et remplissent le chapiteau! Un grand groupe, un gros concert, plein de tubes, nostalgie et furie: la première claque de la journée. On ressort de là avec une pure banane et quelques difficultés à marcher droit...

 

Une pause gastronomique au stand de bouffe végétarienne... pas par conviction que les animaux sont des gens comme vous et moi, mais par prudence intestinale! Les kébabs douteux, les frites molles et les pizzas LidL hors de prix... Oui, mais non. En glapant ma mixture de légumes, j'ai une petite pensée pour les gourmets qui risquent leurs falzars en s'essayant au chili con carne... Bonne chance pour affronter les chiottes! D'autant plus qu'en passant devant les latrines, on a la narine subtilement flattée par un fumet pour le moins fruité.

 

Church Of Misery, c'est pas trop ma chapelle, mais j'ai toujours entendu grand bien de ces Japonais et les souvenirs que j'en ai sont au poil, on file donc dans le four à crasse de la Terrorizer pour un moment fraîcheur avec une belle assiette de Sludge suant et poisseux... A peine montés sur scène, que les amplis dégueulent de vrombissements! Là, débarque une bande de clodos moisis au look débraillé. Des gens de qualité qui incarnent la force tranquille... ils sont sûrs de leurs billes, ils savent quelle fessée ils vont coller aux festivaliers et que leur Sludge obèse va rougir quelques joues. Nonchalants, à la fraîche, décontractés du gland... Hop! C'est parti pour trois quarts d'heure dans les volutes épaisses et moites d'une musique aussi fine et élancée que la boustifaille des stands voisins. Le chanteur arrive... et là, on a peur. Au rayon vicelard et malsain, le Dude s'impose les doigts dans le pif! Imaginez un croisement entre Gainsbarre, Issei Sagawa et Lemmy qui titube sur scène en braillant des vocalises hallucinées qui vous arrivent en pleine gueule... dantesque! Un concert "à part"... l'ambiance est pesante, le son titanesque, le charisme impressionnant et le groove gicle de partout! Mais pas le temps de s'émerveiller plus longtemps, le Brésil m'appelle!

 

Krisiun est là! Krisiun est parmi nous! Youpi tralala! "Une vraie groupie"  bah oui! Et je revendique d'être aussi chafouin! La Rock Hard est encore déserte, mais les balances rameutent les gens, plein de gens! Des gens partout qui vont vite se transformer en garniture de tomates farcies lorsque Krisiun aura déclenché les hostilités! Deux trois étirements pour éviter les claquages, embryon de pogo sur les rafales de caisse claires du sound check... J'en ai marre d'attendre!!! Ca va chier! Ca va chier!!! Ca va chiiiier!!! En plus, ils sortent un album bientôt! Haaaaaaaa!

KRRRRRRRRRRRRRRIIIIIIIISSIIIIIIIIIUUUUUUUUN!!!

Le concert commence et là... Le panard.

 

Un son monumental qui réveillerait Patrick Roy, une prestance d'ours, et des titres tous plus violents les uns que les autres. Bonheur. Fidèle à sa réputation, Krisiun s'impose dès les premiers coups de cymbales et ils envoient la tartine, écrasent le Hellfest sous une avalanche de blasts ultra sauvages et une fureur épatante! Et dans le pit, c'est la foire à la bidoche, les bras, les têtes, les guiboles voltigent au rythme de "Hatred Inherit", "Combustion Inferno" et autres "Vicious Wrath"... L'illustration du Darwinisme sous une fricassée de solos, de vocaux enragés et d'une batterie qui laisse sur le cul. Si la connerie est la décontraction de l'intelligence... j'suis très détendu! Et d'ailleurs Lapin a failli finir en civet pour avoir eut l'outrecuidance de tripoter la toison capillaire de Mr Propre! Sur album, Krisiun ne fait pas dans la dentelle, mais en live, ils accélèrent le tempo quitte à faire crever la moitié du public! Ces concerts-là, c'est l'Apocalypse, l'enfer sur terre, la boucherie totale, bref: l'extase! Par abus de gentillesse, Alex Camargo laisse souffler ses ouailles en les apostrophant de son sempiternel discours que certains trouvent démago... Ok, c'est téléphone (allô?) mais les harangues de Krisiun sont sincères, honnêtes et sont l'antithèse des groupes qui pètent plus haut que leurs culs et qui toisent leur audience... Je m'égare: retour dans la fournaise! Plus le concert avance, plus il devient intense et bestial. Du blast à foison, des riffs qui se plantent directement dans la cervelle, une attitude dévote à l'égard de l'Eglise du Brutal Death Metal. Krisiun est l'essence même de ce style, la quintessence de ce que représente ce genre musical. Tartiflax²! Une petite trêve pour le nouveau titre qui se veut plus lent et passablement groovy... un titre qui laisse les racines Thrash du groupe dépasser du champ de bataille habituel. Intéressant! Grande hâte de poser une feuille sur la nouvelle galette des Brésiliens! La seule et unique microdéception vient du fait que Krisiun ne joue presque plus ses vieux titres... à cause d'un manque de temps, et de sets beaucoup trop courts. Point de "Black Force Domain" ou de "Conquerors Of Armageddon"... Tant pis... j'espère simplement qu'un jour ce groupe mythique aura la reconnaissance qu'il mérite. L'heure tourne, et au milieu du pit une pensée horrible me cisaille la cervelle: "Putain! Mais c'est bientôt fini! Noooon!" Bah, oui: Krisiun en concert, on a pas envie que ça s'arrête, ils pourraient jouer jusqu'à ce que mort s'en suive, on les suivrait! Mais bon... un dernier titre, et rideau... on a beau se retrousser les poumons pour un rappel: impossible. L'heure a sonné. La 12° fois que j'assiste à un concert de Krisiun... je ne m'en lasserai jamais. DEATH METAL ETERNAL!!!

Lessivé mais guilleret je rejoins le stand des vitamines K... Kronenbourg... Il paraît qu'il s'est mis à flotter tout au long de la prestation de Kri-Kri! Ha? Rien vu... il fait beau... et le Hellfest se remplit de sonorités tartignoles... Qu'est ce? C'est Maximum The Hormone... ha, mais c'est pas beau!

Difficile de pouvoir apprécier le concert des Japonais et leur tambouille qui fricote avec la guimauve après s'être fait sévèrement corriger par Krisiun. Quoi qu'il en soit, c'est gentil, joyeux, nunuche et ça sent la Pop MTV à plein pif...

 

L'autre concert immanquable de la journée se joue sous la Rock Hard Tent qui va s'embraser de la flamme épique des Irlandais de Primordial . Découverts par hasard sur une édition précédente du Hellfest où je suis resté en pamoison, je file voir ce groupe merveilleusement à part qui marie mélancolie, fureur, introspection, grandiloquence épique, Metal et musique Celte. On entre en communion avec le vocaliste barbouillé de sang qui va faire tout son possible pour faire oublier un son trop faible pour rendre hommage à la musique de ce groupe magique... Il s'époumone tandis que ses camarades s'acharnent à se faire entendre. Paradoxalement, cette ambiance difficile n'est pas pour me déplaire... L'aspect tragique et poignant des titres de To The Nameless Dead ou Redemption At The Puritans Hand n'en est que plus prégnant. Somptueux et charismatique, Primordial impose le respect. C'est religieusement qu'on écoute ce concert, bercé par ces rythmes lascifs, puissants, épiques, on a le visage fouetté par les embruns et l'on se promène sur ces ballades comme on reste contemplatif au bord des falaises de Moher... Terrible, vous dis-je!

On sort de là, ravi, on n'a qu'une idée en tête se replonger immédiatement dans les chefs-d'œuvre de ce grand groupe qui nous colle une baffe et nous envoie la tête dans les nuages... Nuages gris en l'occurrence puisque les cieux retombent sur la tête du Hellfest...

 

Après l'onirisme Irlandais direction l'Ecosse de The Exploited. Fan depuis l'adolescence, j'attends ce concert avec frénésie! N'importe quel quinquagénaire avec une crête sur le sommet du crâne aurait l'air d'un blaireau... tous sauf Wattie Buchan qui mène la danse du Punk depuis 31 ans! The Exploited n'a pas besoin d'être présenté, il incarne depuis toujours l'esprit du Punk véritable, crasseux, urgent, engagé, enragé, intense et direct... et ce concert illustrera ces valeurs immuable du Rock'n'Roll! Il flotte, on est trempé par cette saloperie de bruine pénétrante mais on reste devant la Main Stage!!! The Exploited est une institution, un monument du Punk et ils prouvent que leur rang de légende n'est pas usurpée en dégueulant sur le public un torrent de fureur, toutes les époques du groupes sont passées en revue. "Sex And Violence", "Fightback", "Cop Cars", "Porno Slut", "Chaos Is My Life"… Cinquante minutes de concert / cinquante minutes de tubes indémodables repris en chœur par la foule constamment haranguée par un Wattie déchaîné! Punk's Not Dead? PUNK'S NOT DEAD!!!

Le son est tranchant comme la crête du chanteur, la basse grasse pisse d'un groove qui a du faire frétiller les merguez des stands de bouffe et la voix est aigre! Le bonhomme y met tout son cœur! Et il convaincrait le plus conservateur des Lords Rosbifs de foutre le feu au palais de Buckingham! On y croit, on est dedans, on retrouve ses instincts keupon et on se revoit à 15 ans coller des affiches No Pasaran dans les couloirs du lycée! Hahaha!!!

Grosse madeleine de Proust! Gros concert. Bonheur! Mal au cou à force de se secouer la boîte à cerveau pleine de bibine! Brööööps!!!

Encore une baffe donnée par des Britanniques! God Shave The Queen!

 

Un p'tit creux... Une halte bouffe / spiritueux / houblon / spiritueux / houblon ... Down va monter sur scène... mais il commence à pleuvoir des cordes et j'ai pas spécialement envie de risquer une pneumonie pour les yeux mi-clos de Phil Anselmo... Au bout de dix minutes de concert, je file m'abriter dans les jupes de Vader... et grand bien m'a pris d'agir ainsi; il paraît que le show de Down a été poussif et plutôt mauvais... (Anselmo tout bourré?) Pas facile de créer l'ambiance Stoner extirpé des vases du Mississippi sous une averse 100% Bretonne! Tant pis...

 

Vaderen live, c'est toujours pareil. C'est toujours réglé au micropoil de fion près, c'est presque chiant tellement c'est pro. Je ne serai pas démenti: Vader vient, tabasse tout, passe la Rock Hard au napalm et repart sillonner les routes Européennes tel David Carradine dans la série Kung-Fu... Rien de neuf, clinique, propre, direct, irréprochable... Ca blaste bien par contre, niveau ambiance, on reste sur sa faim. Vader monte sur scène comme on va à l'usine, sans grand enthousiasme. Il fait son taf, rien de plus, rien de moins. Excellent et professionnel... A force de trop tourner, la flamme doit finir par s'étioler... j'sais pas... Un concert mi-molle malgré la reprise de Black Sabbath de Black Sabbath

 

Mechouga ? The Young Gods ? Mouais... bah ça sera une halte rafraichissement, on trimballe ses guiboles endolories sur le site... Ca commence à tirer dans les pattes... J'ai plus vingt ans, j'encaisse moins! Hahaha! Moisi!

 

On retourne faire un tour sous la Rock Hard, où tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, redonne un sens à ta vie en y mettant du Belphegor! Même si j'ai quelque peu décroché depuis Goatreich Fleshcult je garde une affection toute particulière pour ces Autrichiens cabotins! Même constat que pour Vader: un set carré, professionnel, hygiénique... rien de dépasse, pas une fausse note ni la moindre frénésie... Sur scène, comme sur album, ça tape. Leur Black/ Death hargneux fait mouche mais manque un peu de patate. Beaucoup de mal à rentrer dans ce spectacle blasé appuyé par un son triple épaisseur... Ils jouent quelques classiques, beaucoup de nouveaux titres, emballez, c'est pesé. Rien de bien croustillant à se mettre sous les oreilles, plus je vois Belphegor, plus j'en ressors maussade... Du coup, je me débine avant la fin pour jeter un œil sur l'Iguane qui se dandine sur la Main Stage...

 

A mesure que je m'approche de la Main Stage, j'entends No Fun... la chanson mythique des Stooges que j'ai connue grâce aux Sex Pistols! Ce Hellfest 2011 a un côté UMP, on repousse le départ à la retraite le plus loin possible pour faire marner les vieux: Ozzy, Scorpions, Doro, Hawkwind et Iggy Pop qui semble avoir la patate malgré ses 64 printemps! "No Fun! No Fuuuuuun"... Ok, ça craint de se faire une idée qu'à partir d'une seule chanson, mais ça m'a mis en joie d'entendre ce titre et de voir ce grand bonhomme de l'histoire du Rock'n'Roll terminer son show en baissant son froc pour montrer ses miches fripées!

 

Il est un peu plus de 22 heures, le soleil plante ses derniers rayons dans les yeux des festivaliers, et se pose un gros dilemme... A ma droite Clutch et son Rock Bluesy qui vous charme aussi vite qu'une lampée de Jack Daniel's. A ma gauche Morbid Angel, légende incontournable du Death Metal. Que faire? Deux groupes à ne pas rater menés par des prêcheurs au charisme très différent mais d'une intensité égale... David Vincent, archange du Death Metal. Neil Fallon Saint Père du Rock'n'Roll? Les deux groupes jouent en même temps, les deux groupes sont des merveilles en live, les deux groupes jouent en même temps! MERDE!!! Hors de question de sacrifier l'un pour les beaux yeux de l'autre... Bon bah ça sera le deux en même temps! J'vais me fader 3.000 aller-retour entre la Main Stage 2 et la Terrorizer!

 

D'après ce qu'on m'a dit, il paraît que le dernier Morbid Angel est très cracra-pas-beau... Ca sera d'ailleurs LE sujet de conversation du week-end... 99.99% des gens que je croise le trouvent moisi... grand bien leur fasse! Moi, je le trouve fantastique et j'ai hâte de voir ce que les nouveaux titres donnent en concert... et surtout s'il se trouvera dans le public des mouches à merdes qui - comme promis sur le Net - vont balancer des trucs sur la scène de Morbid Angel... Morbid Angel arrive, David Vincent harangue la foule et met les choses au clair en annonçant tout un florilège de titres anthologiques!!! Une prestation parfaite, des tubes à foison piochés dans toutes la carrière du groupe, un son titanesque, un charisme total, bref: un grand concert de Death Metal... que l'on quitte un moment pour jeter un œil avide sur Clutch...

 

Clutch qui vient donner une leçon de Rock'n'Roll à tout le monde, prenez des notes, on ramasse les copies à la fin! Une orgie de groove, des musiciens sans aucun artifices mais qui imposent le respect – voire la bigoterie! On écoute pieusement ce sermon à la gloire du Saint Riff et de Notre Dame de la Classe. Clutch, comme le whiskey, ça vous réchauffe les boyaux et ça vous fait tourner la tête. Neil Fallon est éblouissant, totalement possédé par sa musique et sa voix de stentor vous embroche l'âme dès la première syllabe. Le groupe oint les oreilles de la Terrorizer pleine comme un œuf des meilleurs titres de sa carrière et ...

 

Trey Azagthoth tricote le solo mythique de "Rapture" et on est tous sur le cul, l'impact des vieux titres est intact, on s'en prend plein la gueule et visiblement, ils prennent leur panard à charcuter le public qui est parcouru d'un courant d'air froid lorsque David Vincent annonce "I'm Morbid"... Une pincée de connards crispent leurs petits majeurs et font des bras d'honneur à ce géant du Death Metal... Il paraît même que certain de ces pignoufs ont tourné le dos à la scène... Comportement puéril et ridicule, consternant de stupidité.

 

Si tu n'aimes pas un groupe, rien ne te force à aller le voir... Rien à part l'envie d'être vu par d'autres minus de ton genre qui seront ébloui par ton courage, par ta "true" attitude de pécore dont ils parleront admiratifs sur leur skyblog... Cette minorité qui se force à aller voir un groupe pour l'insulter se fait néanmoins exterminer par la puissance du titre qu'ils haïssent de toute leur âme chétive. "I Am Morbid" retentit dans tous les recoins du Hellfest, et David Vincent met tout son cœur dans cette chanson qui précède le mémorable "Chapel Of Ghouls". Là, c'est l'apocalypse!!! Morbid Angel étale tout son talent et finalement, on peut se dire que le fait d'avoir sorti un album qui fait polémique le force à s'investir pleinement dans son concert. Contrairement à certains fonctionnaires du Death, Morbid Angel joue avec conviction, avec panache et balaye d'un revers de main la nuée d'hyènes qui prophétisent leur décrépitude.

 

Pendant ce temps, Clutch continue à chauffer la Terrorizer, une pluie de groove jusqu'à l'apothéose finale, Niel Fallon, va chercher sa Les Paul... Oh, ça, ça sent le "Electric Worry": tout juste! La tente est caressée par l'intro Bluesy et la voix chaude du barbu et hop: on danse! Sur le refrain qui ferait bander une centriste convaincu, tout le monde chante et tape des mains; un putain de moment! Ca chante et on n'a pas envie que ça s'arrête BANG BANG BANG BANG!!! Vamanos! Vamanos!!! Non, on veut pas que ça s'arrête!!! Le morceau s'achève et hop, on en remet une couche! Clutch est le meilleur coup du Hellfest! Un des 3 meilleurs concerts de ce festival! Vivement la prochaine!!!

 

On se rue sur la Main Stage pour choper la dernière miette de Morbid Angel... Arf: ça tabasse toujours! Bizarre de quitter le final de Clutch pour enchaîner aussi sec sur celui de Morbid Angel, l'impression d'avoir traversé une porte dimensionnelle! M'enfin, pas grave! Y a du "Domination" qui flotte dans l'air et c'est jouissif! Ils disent au revoir, j'en ai plein les pattes! Deux concerts énormes en même temps... J'ai passé l'âge de ces conneries! C'est donc sur les rotules  que je rejoins les buvettes où je vide mon p'tit gobelet... Oui petit, plus petit que l'année dernière! Mais bon, on va pas chier partout pour 3 centilitres, non? Si? Hein? Bref... on pose une fesse en attendant la suite... Morbutch Clugel, ça vous soufflette les miches quelque chose de concret!!!

 

Rob Zombie? Possessed? Finalement, ça sera juste un moment tranquille à papoter avec un pote et à regretter nos vingt ans, l'époque où l'on pouvait enquiller tous les pits, picoler sans avoir mal aux cheveux, dormir deux heures par nuit et péter le feu le lendemain... Aujourd'hui, on est rouillé et on a mal aux panards dans nos rangeos... Faudrait des chaises! Et des hamacs! Des canapés! Non, le must, ça serait des concerts qui finissent plus tôt, parce que là, j'irais bien faire un bisou à mon oreiller! J'ai passé l'âge de ces conneries!

 

Prémices de la moisification qui touchera quelques trentenaires qui croient avoir autant de patate qu'en 97! La vieillesse est un naufrage.

 

>On va donc souffler un peu avant d'aller voir le spectacle des 25 piges de Mayhem. Apparemment, ça va chier quelque chose de velu... Perso, je m'attendais à un grand moment guignolo comme sait le faire ce mythe du Black Metal... Baaaaaaah, finalement , on ira se pieuter plus tôt que prévu.

 

La scène encadrée de deux toiles 666% Satan s'enfume, les musiciens arrivent et commencent une bouillie informe! Les yeux écarquillés devant ce spectacle, on constate que le son est tout bonnement minable! Pourvu que la présence d'Attila fasse miracle! Et bah, non... Il se pointe sapé comme un curé, il s'installe derrière l'autel planté sur la scène... Oui...? Mais encore? Aussi statique qu'un menhir, Attila gesticule en de rares occasions pour jouer avec un crâne en plastoc et porter son micro à ses lèvres pour en sortir des gargarismes lugubres... Oui…? Mais encore? Franchement, pour ce qui était annoncé comme un gros spectacle ressemble à un numéro de cabaret foiré... qui ne se rattrape même pas aux branches d'un son correct. D'où je suis, à gauche de la horde de fans, je ne perçois que quelques voix fantomatiques et la caisse claire... Le reste est flou, dans une galaxie lointaine, très lointaine... décevant.

Au bout de vingt minutes d'un set mou de la tige, je me retire... un poil amer, je m'attendais à un grand spectacle avec têtes de cochons, du feu et tout le tralala... et plof... une parodie de messe...


Il est tard, j'ai un gros coup de barre... direction la Queshua 2 secondes à déplier / 3 heures à remballer!... Ronflette.

 

 

Samedi 17 Juin

(L'alcool, c'est mal)

 

Samedi matin, réveil pâteux, des fourmis dans le crâne, la langue rêche et les bras couverts de bleus attrapés dans la chamaillerie de la fosse de Krisiun. J'ai beau être matinal, j'ai mal... Ciel bas et humidité froide qui donne envie de retourner au fond de son sac de couchage à comater... Mais bon, le Lapin frétille et continue impassible à écrire ses chroniques sous la pluie... Un homme étrange...

Un p'tit déj, une douche chaude et un bronze: ça y est on est prêt!!! Pour la seconde couche du Hellfest! Yesss!!! Par contre, on a trop trainé la patte et on rate les premiers groupes...


Note pour plus tard: vodka et l'armagnac, c'est plus fort que moi... L'embêtant, c'est que je vais rester torchon-chiffon-carpette jusqu'à 17 heures… Le report de ce samedi sera donc écourté. J'ai vu plein de concerts, Severe Torture, Hail Of Bullets, Exhumed et Municipal Waste... je sais que c'était excellent... par contre, je ne m'en souviens pas du tout... Grosse ambiance sur Municipal Waste, grosse baffe sur Exhumed, le reste est perdu dans les vapeurs éthyliques.


Au rayon fossile, Thin Lizzy vient nous chanter la ballade des gens heureux sur fond de Hard Rock aimable. A vrai dire, je connais que deux titres de ce groupe: "Whiskey In The Jar" et "Jailbreak" respectivement grâce à Metallica et Six Feet Under. Bref, ça passe bien en cet après midi ensoleillée... Le son est bon... Rien de particulier à raconter, Thin Lizzy donne un concert honnête... j'connais pas assez pour en parler plus... Un bon moment passé à grignoter un casse-dalle "Saveurs des Montagnes" une roteuse à la main en se dandinant sur des riffs frais... Ambiance Hellfest, du bonheur! On profite du festival, des gens déguisés, de la bonne humeur qui flotte dans l'air... J'aime ce pays!

 

Destruction, Comeback Kid, Apocalyptica? Je vais me poser cinq minutes au coin VIP le temps de prendre une lampée de Jack Daniel's et quelques liquides spiritueux... Houlàààà... ça recommence à me tourner la tronche, petite balade digestive au Metal Market, histoire de faire quelques emplettes et essayer de retrouver ma dulcinée... Peste soit d'l'amour!...

 

Et à propos de peste, y a 1349 qui va pas tarder sous la Rock Hard, j'vais enfin pouvoir les voir, la dernière fois qu'ils ont joué à Clisson, la tente était tellement pleine que beaucoup n'ont rien vu du set...

1349, c'est du Black Metal avec tout ce qui va avec: war paints, clous, blasts, des gens qui font la gueule et du Lucifer à toutes les sauces. Je connais que très peu la tambouille de ces oiseaux-là, ça envoie la saucisse bien comme il faut, mais rien de croustillant à se mettre sous les oreilles... Du Brutal Black assez conventionnel qui satanise à tous les étages... Niveau prestation scénique, là aussi c'est du classique... rien de neuf, la galerie des poncifs du Black. L'impression de voir une sorte de Dark Funeral croisé Setherial... Vu la réputation du groupe je m'attendais à quelque chose de nettement plus tartiflax... pas grave: la grosse baffe Black Metal du week-end aura lieu dimanche avec Tsjuder... on en reparlera plus tard!

 

La cervelle encore imbibée j'ouïs, au loin "Blasphemer" deSodom, ça me rappelle Luciferion! Hahaha! Sur disque, le Thrash musclé de Sodom a le dont de me faciliter le transit intestinal, sur scène c'est moins pire... enfin, c'est mieux! Ca envoie la purée, ils sont fâchés tout rouge et tartinent plein de riffs entraînants et des montagnes de solos... Plaisant! C'est vraiment pas ma tisane, mais j'y laisse traîner une oreille jusqu'à ce que Black Label Society arrive sur scène...

 

Je le confesse, cette journée sera l'occasion de découvrir Black Label Society, ô bien sûr le nom ne m'est pas inconnu mais j'ai toujours eu la flemme de creuser plus loin... D'après le spectacle donné, c'est pas demain de j'investirais un radis dans ce groupe... Tout est axé autour de Zakk Wylde et de son melon. J'ai rarement vu un ego aussi hypertrophié, tout tourne autour de son nombril, tout est fait pour qu'il soit mis en avant, le Alain Delon du Hard Rock... Du solo onaniste, une pléiade de poses "c'est moi la vedette", bref, il se la pète à mort, roule des mécaniques se beurre la nouille... Pourtant, pas de quoi s'exciter, la musique est certes propre mais elle ne décolle pas la pulpe du fond... Une voix de crécelle nasillarde qui singe celle d'Ozzy Osbourne, un groove aux abonnés absents... Ha! Tout s'arrête, Alain Delon se caresse la raie avec un solo diarrhéique de 3 plombes... Ca tricote, ça tricote... c'est lourd… Allez, la coupe est pleine, je me casse voir Septic Flesh...

 

Septic Flesh sur album, ça en impose un max.

Septic Flesh en live, ça en impose un max... mais moins. Le Death Metal grandiloquent des Grecs a les défauts de ses qualités (j'adore ces phrases pourries qui font croire qu'on a vachement réfléchi!). Pour mettre en place toutes les orchestrations et recréer l'atmosphère mégalithique de ses albums, le groupe est obligé d'utiliser toute un tas d'artifices plus ou moins heureux. Du sample à tout-va, du playback et 300.000 effets divers et variés... faut bien ça pour que leur musique en jette. Mais bon, ça nuit un peu au côté instantané, au feeling "live". On a l'impression que Septic Flesh est en équilibre au dessus du gouffre et qu'au moindre faux-pas ils sombreraient dans les profondeurs du ridicule où pataugent Bal-Sagoth ou Cradle Of Filth... Un concert magistral mais très (trop?) contrôlé, il ne faut pas compter sur Septic Flesh pour partir en impro; tout est réglé comme du papier à musique. Rien ne dépasse. Une fois cette impression oubliée, on se prend au jeu du groupe qui réalise un sans faute, on est plongé dans l'univers du groupe et on prend un panard certain à siroter les meilleurs morceaux de Sumerian Daemons, Communion ou The Great Mass... Le son est d'une puissance hallucinante, si bien qu'on est littéralement assommé par la force de frappe de Septic Flesh. On rigole pas. On écoute. On regarde. Tout est parfait. Surtout la voix dinosaurienne du chanteur. Epatant, le bonhomme! Ils ne bougent pas des masses, mais le charisme est là. Une jolie mandale! Et le concert s'achève doucement sur un "Persepolis" d'anthologie qui laisse le public avec le fondement comme un chou-fleur...

 

Surdose de gnôle + concert über classe de Septic Flesh = besoin d'une pause avec les potes qui m'emportera jusqu'au concert de Scorpions! La grosse tête d'affiche de cette édition 2011! La Main Stage est envahie de monde, à croire que tout le festival est là pour voir ces vieux grigous qui ont trôné dans le haut des Top 50 des années 80! Je n'attends rien de ce concert. Mais là, il y a beaucoup trop de monde, l'impression d'être dans le RER les jours de grève... Gavant! Tiens, aux buvettes, y a moins de monde: allez les gars: repli stratégique. On aura à boire et on pourra entendre nos blagues pourrav' sur Scorpions! Oui, bah, c'est pro, il y a de jolis effets de lumières, la musique est en place patati patata... Mais bon, on s'emmerde sec: c'est quand qu'on chante les mega tubes!? (les seuls titres que connaissent les festivaliers âgés de moins de 45 piges!) Ha! Le rappel: "I still Lovin You" et "Rock You Like A Hurricane"!!! On a beau se marrer devant le slow maxi beauf de Scorpions, n'empêche que... n'empêche que bah tout le monde ferme sa gueule! C'est comme lorsque l'an dernier on s'est pris "Paradise City" par Slash ou "I Wanna Rock" de Twisted Sisters: on se laisse prendre au jeu et on braille à s'en décoller la plèvre "Ce soir, j'ai les pieds qui puent"!!!

 

Allez hop, on a bien rigolé maintenant on file à la guerre: Bolt-Thrower et au lit! Ha non, c'est l'instant Kleenex du Hellfest avec l'hommage à Patrick Roy... Il y a quelque chose qui me chiffonne. Le député PS qui a pris fait et cause pour le "Rock Metal" s'est éteint cette année et depuis, on a l'impression que le microcosme Metal - qui aime bien larmoyer et faire son Caliméro - en fait un Messie, un Saint Martyr. Oui, il a défendu le Hellfest contre la débilité consanguine des quelques intégristes insignifiants... Mais enfin... faut pas déconner non plus... Il a juste pointé du doigt l'inculture pathologique d'une petite bande de tarés qui croient encore à leur âge au Diable, au petit jésus, à la Petite Souris et aux exorcismes... En enfonçant cette porte ouverte, Patrick Roy - politicien - a fait son buzz... Je ne retire rien à la qualité du mec... quelqu'un qui fait chier Boutin et meugler Balkany ne peut pas être mauvais. Non, ce qui me gave c'est toutes ces larmes de crocodile versées sur ce gentil bonhomme érigé en mascotte 2011 du Hellfest...

Je m'approche de la Rock Hard pour Bolt-Thrower... sans savoir ce qui m'y attend!

 

Pour faire simple, si vous avez raté Bolt-Thrower, vous avez raté votre Hellfest. Les Anglais ont donné le meilleur concert du week-end. Je le dis sans emphase, c'est un fait. Ces légendes du Death Metal sont venus à Clisson, ils ont attrapé le festival, lui ont baissé le froc et lui ont collé la plus sévère fessée de sa vie. Rien de plus. Rien de moins.

 

Une leçon de Death Metal.

 

Le public accueille à bras ouverts ces vétérans du Death, et en retour ils arrosent le public d'un "The IVth Crusade" qui donne la couleur: ça va chier. Clair. Net. Précis. La poudre va parler et tout le monde va s'en prendre plein la gueule pour pas un rond!!! Le Death Martial de Bolt-Thrower pilonne la Rock Hard et force est de constater qu'ils ont décidé d'employer la grosse – la très grosse – artillerie. L'inébranlable Jo Bench et ses camarades gratifient le Hellfest d'une setlist de rêve: que des tubes! Que du bonheur: toute la discographie du groupe est passée en revue, ce qui propose un voyage dans le temps via planète Marseille...

Merde, je raconte n'importe quoi moi! Pouf-pouf: un voyage dans le temps qui me catapulte presque 15 ans en arrière à l'époque où j'écoutais The IV Crusade à plein pot dans mon baladeur K7 et qu'un énorme logo de Bolt-Thrower embellissait mon cahier de maths! Toute une vague de souvenirs me remontent en pleine gueule à mesure que la double pulvérise la nuit de ce Samedi 17 Juin 2011. J'en ai la gorge serrée tellement c'est beau!!! Tout le monde est en communion avec ce groupe qui fait partie intégrante de l'existence des Death Metalleux de la génération Club Dorothée! Les chansons cultes s'enchainent, le son est titanesque, l'attitude est parfaite, Karl Willetts débraillé comme un vieux Grinder chauffe ses troupes de sa voix éraillée, les guitares sont massives et perforent le blindage de tous les tympans, la basse bave et enfle le mur de son qui s'abat sur le chapiteau qui rentre en transe! "Cenotaph", "When Glory Beckons", "Where Next To Conquer"... On croit avoir eu le meilleur, Bolt-Thrower en remet une couche encore et encore, sans aucune pitié pour les cervicales tuméfiées par deux jours de Hellbang! On frissonne, on est extatique, on s'éclate: BONHEUR! L'ensemble du public se voue corps et âme à la musique grandiose de ces Grands Anciens. Jamais je n'avais vu un groupe autant soutenu par l'amour de son public! On hallucine à mesure que les hymnes de guerre de déchaînent! Et l'apothéose de cette grand'messe du Death Metal arrive pour flatter les esgourdes de Mars en personne: "No Guts... No Glory"!!!"No Guts... No Glory"!!! "No Guts... No Glory"!!!

Là, boucherie, dans la fosse, les bras, les jambes et les têtes volent! Merveilleux!

On espère que le temps suspendra sa course pour profiter encore un peu de ce concert somptueux... Mais non, il est l'heure de retourner sur terre... avec un sourire béat sur ce moment qui restera très longtemps dans ma mémoire. HORNS UP!!!

 

Une énième bibine pour se remettre de ses émotions et on retourne faire un dodo... La fatigue commence à gangrener les festivaliers qui quittent le festival fourbus mais heureux!

 

Dimanche 18 Juin

(Moisis nous sommes, moisis nous resterons!)

 

Réveil très difficile... trois gueules de bois en trois matins... J'ai beau être matinal, j'ai mal. Lapin, lui, il est déjà prêt et écrit ses chroniques dans la fraicheur de ce dimanche matin. Je commence à avoir des doutes et soupçonne le bougre de ne pas être totalement humain. Mi-homme, mi-carotte. Un mec qui ne porte que des maillots Gorod... Bizarre... Pareil que la veille, les punaises que j'ai dans le crâne et la crise de flemme aïgue font qu'on va rater une bonne partie des groupes du matin... les boules, j'voulais pourtant pas rater Last Days Of Humanity et Impureza... Mais bon, c'est pas comme si je les avais jamais vus! J'aurais bien voulu voir Arkona, juste pour le plaisir d'en dire du mal dans mon live-report... Tant pis, j'assisterai pas à la farandole des Russes... La journée va être longue putain. J'me sens définitivement comme une bamba triste... totalement moisi! Et retrouver les potes qui sont dans un état tout aussi déplorable me rassure. Crevés, courbaturés, lessivés... bref: moisis!

 

Orphaned Land? Ca me dit rien... c'est quoi? "Du Rabbi Jacob Metal" Ha? C'est avec cette description que j'arrive vers la Main Stage... Difficile d'émettre une opinion sur le concert d'un groupe qu'on est en train de découvrir... Orphaned Land joue son savant mélange de Metal / Prog / Oriental devant un public visiblement ravi de les voir. Ca me plaît bien leur popote... c'est frais, rayonnant, excellemment joué, le chanteur a la patate et fait bien participer le public. Les zicos ont une attitude à la cool qui colle farpaitement à ce festival... Unitaire, sans frontière ni barrière. Classieux et élégant. A chaque refrain, on fait clap-clap avec ses nageoires et on fait du "La La La La" sur ces airs suaves qui sentent bon le sable chaud. La musique de Orphaned Land est de prime abord ambitieuse voire ampoulée mais l'ensemble du groupe la rend accessible à tous. Danseuse du ventre, percu' Orientales, gammes Arabes... gros riffs qui tachent, un son cristallin et une ambiance fraternelle, que demander de plus? Je suis séduit! Une très belle découverte, un très beau concert. Les drapeaux flottent, Bretagne, France, Royaume-Uni, Allemagne, Israël, République Tchèque, Irlande, Algérie, Espagne, Colombie etc... les étendards claquent au vent sur les rythmes lancinants de ce groupe venu de la Terre Promise. La Metal Brotherhood existerait-elle vraiment? Vers la fin du concert, le chanteur affirme "Music is the best politician" tout en se drapant dans les drapeaux Israëlien et Libanais... La classe, la très grande classe.

 

On quitte la chaleur d'Israël pour la froideur Norvégienne, on oublie ses velléités pacifistes pour plonger tête baissée dans la guerre totale de Tsjuder. Les apparitions de ce groupe étant assez rares, la Rock Hard est pleine comme un œuf! Sur cinquante minutes de concert, Tsjuder a joué environ 49 minutes 55. Aucune communication orale avec le public, pas de pause, pas de temps mort. Ils jouent pied dans le phare et ratatinent sec. Bref, ils arrivent sur scène tout peinturlurés, le blondinet bassiste/chanteur gueule: WE ARE TSJUDER - TRUE NORWEGIAN BLACK METAL et hop c'est parti pour une partouse de blasts, du riff tranchant et des vociférations enragées! Black Metal jusqu'au trognon, oui mais pas que puisque le groove s'insinue dans les interstices de cette cathédrale de fureur. Linéaires, brutaux, primitifs, jouissifs, ils ne disent rien, n'annoncent pas les titres par contre il se créé quelque chose avec le public. Télépathie? Magie noire? Non, simplement Tsjuder distribue les baffes et se fait vite respecter! Ils feraient de bons instits! Un déluge de feu appuyé par un son excellent! Ca ratatine, pas sûr que l'herbe repoussera... Après tout, on s'en tamponne: l'an prochain, le Hellfest changera d'adresse!
Dernier titre: une reprise de Bathory "Sacrifice"... Titre culte, groupe culte, concert génial et un feeling Punk qui fera office de cerise sur ce gros gâteau noir! On ressort de là avec une grosse fleur à cinq pétales sur la joue. Grosse baffe. What else?

 

C'est pas tout, mais j'ai la dalle! Pause goûter avant d'aller jeter un œil aussi furtif que triste sur Cavalera Conspiracy... C'est un Max patapouf qui vient sur scène pour s'acharner sur la dépouille de ce qu'il a été. Un bien triste spectacle... Des titres fadasses, des reprises ratées de Sepultura.

Non.

 

Comme des centaines d'autres festivaliers, je me traîne jusqu'à la Rock Hard complètement claqué...je me pose là à papoter avec des potes durant le concert de Grave... J'aime pas ce groupe, leur Death poussif m'ennuie profondément, mais tant pis, au moins, je suis assis sur l'herbe et je profite d'un moment calme... Les Suédois bénéficient d'un très bon son et d'un public fidèle qui se fait bénir du Death archaïque et – à mon avis boiteux - du groupe qui achève son concert sur le seul titre potable du seul album potable de sa carrière: "Into The Grave"... Je somnole à moitié au dessus de mon gobelet. Un pote me conseille Goatsnake... Ouais... plus tard, là, je me fais une pose végétative...

 

En s'approchant de la Terrorizer, je me dis que le Hellfest commence à être à l'étroit sur ce site. Il y a des gens partout et la Terrorizer est trop petite pour accueillir des groupes aussi gros... C'est pas un mal de changer d'endroit...

 

Goatsnake, j'connais pas du tout... j'pensais que c'était une sorte de Post Hard Core machin truc, bah pas du tout! Leur Stoner enfumé fini de m'achever en me plongeant dans une torpeur zombifiante... Les vocaux de crooner du chanteur ne m'aident pas non plus à revenir dans le monde des vivants: Morphée m'appelle! Ca plane, ça groove, la musique de Goatsnake sent le stupre et la luxure! La bande son idéale pour un film de boule! Mais bon, vu la densité de population sous le chapiteau, la moitié des gens venus pour Goatsnake reste dehors et "profite" du concert en aveugle... Planant et gorgé d'un feeling Rock 70's de toute beauté. Deuxième vraie découverte du week-end.

 

 

J'erre parmi les âmes perdues du Hellfest, la fatigue a gagné le public qui traîne la savate dans la poussière et les gobelets qui jonchent le sol où roupillent les plus avinés. Un p'tit creux: ça sera le dernier sandwich graisseux du week-end, la diététique du Hellfest ne va pas me manquer! Une bibine, un casse-dalle et une bande de potes pour attendre les deux derniers concerts de cette journée placée sous le signe du moisi. Judas Priest et Ozzy.

 

Un coup d'œil sur celle que les fans appellent la Metal Queen: Doro. A part son nom, je ne connais pas grand'chose de la Fräulein blonde qui vient de souffler sa 47° bougie début Juin... Une cougar assez bien roulée qui joue de son physique pour faire frétiller les fans qui s'agglutinent devant la Main Stage 2. Le concert commence, un Heavy Metal traditionnel qui glisse entre les oreilles facilement. C'est propre, carré, Allemand. Elle a une jolie voix, mais globalement ça reste très guimauve... Plus les ballades s'enchaînent, plus elle me fait penser à une sorte de Bonnie Tyler sauce Heavy!

Pas ma tisane tout ça... en plus il commence à faire frisquet!

 

Moisis nous sommes, moisi nous resterons!

 

La nuit tombe doucement et le Hellfest accueille le crépuscule des dieux! La dernière tournée de Judas Priest passe par Clisson, impensable de rater ça! Judas Priest arrive et on voit arriver un Rob Halford vêtu de papier alu de pied en cape! Kitsch? Flashy?

HEAVY METÖÖÖÖÖWÖÖÖÖÖWÖÖÖWÖÖÖÖÖÖÖÖÖWÖÖÖÖÖÖÖÖÖL!!!

Le groupe incontournable de l'histoire du Rock en général et du Metal en particulier déverse une tonne de tubes sur le festoche, que des morceaux mythiques!!! Et Rob Halford n'oublie pas de préciser que Judas Priest, c'est 40 ans de Metal! Et figurez-vous qu'ils connaissent leur métier! Un show impeccable, les riffs d'anthologie fusent de toute part, la batterie martèle avec une précision chirurgicale les hymnes que le public reprend à tue-tête! "Hell Bent For Leather", "You've Got Another Thing Coming", "The Green Manalishi"… que du bonheur!!! Bonheur et une certaine nostalgie qui se lit sur le visage des vieux fans qui assistent sans doute au dernier concert de cette légende! Rob Halford se dandine, sûr de son aura, un pape en pleine cérémonie! Le seul hic c'est que sa voix est quelque peu bancale... La Whitney Houston du Heavy! "Metal Gods"..."Victim Of Changes"... et bien sûr l'incontournable "Painkiller" et son intro de batterie magique! Moto sur scène, des tubes en pagaille, un Rob Halford en habit de lumière, un excellent concert! Rien à ajouter.

 

Electric Wizard joue dans la Terrorizer qui, une fois encore, déborde de partout... la flemme d'écouter un concert sans le voir... Là, gros coup de barre, juste envie de me poser quelque part, à côté des photophores géants qui illuminent l'obscurité... Au loin, Therion joue. Sans commentaire... J'économise mes dernières forces pour aller voir Mr Ozzy !

 

Idéal de finir un festival éreintant sur le concert d'un mec éreinté! Ozzy, la figure papale du Metal déboule sur scène, lui aussi c'est 40 ans consacré au Metal!!! Le vieux s'éclate sur scène, il chante plus ou moins juste, la voix est fatiguée mais l'envie est intacte! Il s'amuse avec le public qu'il arrose de mousse et de titres qui ont fait danser nos pères! "Mr Crowley", "Crazy Train", "Suicide Solution" etc... Une set-list orthodoxe ponctuée des plus grands classiques de Black Sabbath "Iron Man", "War Pigs" entonné en chœur par le festoche tout entier... Le concert s'interrompt le temps d'un "Rat Salad" interminable, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie, solo de gratte, solo de batterie...

Ho c'est fini oui?!?!?!

Ca y est le concert reprend. Il y a quelques mois à Bercy, c'était pareil, sans doute que cet interlude permet à Ozzy de se reposer un peu? J'sais pas... Et c'est reparti pour faire la fête avec un Ozzy espiègle comme un gamin! Il s'amuse sur scène et il sait que même s'il n'est plus au sommet de sa forme, l'amour immodéré que lui porte le public lui donne des ailes! Un grand!

 

Après Ozzy, plus rien ne me branche... Cradle, Opeth, rien à battre. Kyuss, ouais, sans plus... et on est tous claqué. C'est donc Ozzy qui va terminer ce Hellfest et devinez avec quel titre le Vénérable du Sommet dit au revoir à la scène? L'indétrônable, l'indémodable, l'immortel "Paranoid"! Cette chanson a 41 ans et elle est toujours aussi efficace, tout le public la chante! La fête s'achève sur un grand moment de Rock'n'Roll! Excellent! Le Hellfest peut retourner hiberner jusqu'à l'année prochaine!

 

On quitte le site lessivé par quatre jours à vivre hors du monde normal mais ravi! Un petit pincement au cœur en se disant que d'ici quelques heures, on sera entassé dans le métro avec des gens agressifs et violents qui seraient prêts à s'entretuer pour descendre de la rame avant leur voisin... Le Hellfest est un pays à part, avec ses coutumes, ses traditions, sa monnaie et avec une mentalité nettement plus saine et positive que celle qui baigne les gens "normaux"... Un festival Casimir peuplé de monstres gentils qui écoutent de la musique bizarroïde!

EXTREME MUSIC FOR COOL PEOPLE!

 

Un grand coup de chapi-chapo aux bénévoles qui – une fois de plus – on prouvé leur compétence, leur talent et leur abnégation!

 

Même si cette édition a été plombée par une météo pénible et une surpopulation évidente, on se lasse pas du Hellfest! Vivement l'année prochaine dans un site plus grand capable d'accueillir toutes ces légions de Hardos !

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 04/08/2011 à 10:19:46

"Lord Tenebranus Luciferia Glaumicus Lapinathor" :))))))) Je garde!
Le seul truc c'est que j'aurais préféré que les initiales fassent Z.O.B. ou P.O.I.L., parce que L.T.L.G.L, c'est même pas trou !
Excellent report Cobratien sinon !

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 04/08/2011 à 15:24:02

Mais non de Dieu, arrêtez de faire les vieux, je connais Thin Lizzy AVANT les reprises de...

Merci de confirmer ma position de fossile de la rédac ... pfiuuuu

C'est bien chouette à lire ton report.. satané Crotale.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements