Anorak - Interview du 01/06/2011

Anorak (interview)
 

Salut à vous les ANORAK ! Votre nouvel album, "Sick", est maintenant sorti il y a plusieurs jours. Contents d'enfin propager ces nouveaux titres à la France entière ?

Alors, oui, très contents de sortir l’album, toujours un peu d’appréhension quant aux retours qu’il va y avoir (ou pas…). Entre la composition, le maquettage, l’enregistrement, le mastering, la recherche de labels, l’artwork et le reste, on a la tête dans le guidon depuis bientôt un an, et on a finalement peu de recul vis-à-vis du disque. Certes, on l’a fait écouter à quelques potes, mais on peut pas dire que leur avis soit des plus objectifs…

 

Comment s'est passé l'enregistrement de celui-ci ? Des anecdotes à ce sujet ?

On l’a enregistré au Boss Hog Studio, à Béthune, avec Clement Decrock de General Lee, dans une ambiance champêtre et bucolique (ah…la campagne nordique en automne !) dans son studio flambant neuf ; Ce dernier est équipé d’un logement pour les groupes (hé oui, le studio dans le studio, quelle mise en abyme…), ce qui nous a permis de vivre sur place pendant le temps de l’enregistrement, de partager nos odeurs corporelles, nos blagues pas toujours fines et parfois nos réflexions sur ce disque, alors en cours de gestation.

 

Vous avez changé de label pour ce nouveau disque. Pour quelle(s) raison(s) avez-vous quitté Thundering Records ?

Thundering Records (devenu Manitou music) ne correspondait pas au type de label avec lequel on voulait travailler, et manifestement, on ne correspondait pas avec au type de groupes avec lequel Thundering voulait travailler (bouh, la vilaine langue de bois…). On a convenu d’un commun accord de rompre le contrat (à la base, on s’engageait pour 2 albums), et ils nous ont fait signer un petit papier qui fait que je n’ai pas le droit d’en dire plus…ah bah oui, ça va jusque là, hein…

 

Et ces choix, Maximum Douglas Records, Basement Apes, Swarm of nails... Comment se sont passées ces signatures ? Pourquoi ces labels ?

Je ne sais pas si on peut parler de signatures. Après notre « expérience Thundering », on a décidé de fonctionner différemment. On ne voulait pas signer de « contrat » pour un album, encore moins pour plusieurs. On voulait garder la main mise sur notre disque, que les décisions se prennent conjointement avec les labels impliqués. Quand on a envoyé l’album aux différents labels qui nous intéressaient, on a expliqué comment on souhaitait fonctionner (au niveau de la co-prod, du téléchargement…)

 

De ce fait, c’est un contrat tacite ; tout s’est construit par mail et par téléphone. Les gars nous ont vu en concert au moment où on tournait pour le premier album, on a sympathisé, on a discuté de nos projets, on a échangé des Skeuds pour nos distros respectives…De ce fait, c’est naturellement qu’au moment de la recherche de labels, on s’est tourné vers eux.

 

Je pense aussi que ce sont des labels qui nous correspondent mieux que Thundering, qui était un généraliste du métal (et qui signait du death, du grind, mais aussi du glam, du thrash, de l’indus, ou même du death-glam…). Là, on travaille avec des gens qui sortent des disques que l’on a dans notre discothèque, pour des groupes avec qui on pourrait (et aimerait) partager la scène. Pour le premier album, on n’avait pas encore le même réseau. Thundering s’et montré intéressé, et on n’a pas cherché plus loin. Peut-être qu’à l’époque, on a été un peu candides, et aussi qu’on a un peu péché par orgueil...

 

Je ne vais pas le cacher, j'ai beaucoup aimé ce disque, et "Crowded sunny streets" en particulier, qui semble bien résumer votre musique : violence, précision, vitesse, mais également ralentissements, et surtout grosse patate rock n'roll. Votre bio ne s'y trompe guère en citant Botch, Nostromo et Keelhaul, mais vous devez évidemment avoir d'autres influences ?

On cite ces groupes parce qu’ils ont été très important à une époque pour nous (en tout ca pour moi, c’est certain…), mais on pourrait rajouter Converge, Coalesce, Knut ou Nasum. Certes, c’est un peu les références « faciles », mais si on mettait Khanate ou Jesus Lizard, pour définir ce qu’on fait, ça n’aurait pas forcément beaucoup de sens, même si on a beaucoup écouté ces groupes. Actuellement, des groupes comme Gaza, Baronness, ou Black Elk font l’unanimité dans le groupe et influencent plus ou mois ce qu’on fait.

 

J'aime également les différentes intonations de voix utilisées dans les cris, qui casse la monotonie de la plus belle des manières. C'est toujours le même qui s'y colle au micro ?

Oui oui, c’est toujours le même au micro, mais c’est vrai que là, on dirait qu’il a bouffé du gravier avant la session d’enregistrement. Au moment d’entrer dans la phase de composition du nouvel album, on s’est accordés un peu plus grave, principalement pour rajouter un coté massif aux passages les plus lents et sa voix s’est naturellement portée vers une tessiture plus basse. Ce qui est certain, c’est qu’il y a toujours une réflexion sur le placement du chant et sur le type de cri à utiliser sur tel ou tel passage. On pose la base instrumentale, puis un premier chant « instinctif ». A partir de là, on essaye de dessiner quelque chose de plus fin, plus réfléchi. Après, quand ma mère écoute l’album, elle ne saisit pas forcément les nuances.

 

Un paquet de groupes français excellent en ce moment dans le hardcore chaotique / noise (etc...), Stuntman, I Pilot Daemon, Dead Like Me, etc... Que pensez-vous de la scène française actuelle ?

Que du bien. Surtout si la profusion de bons groupes peut créer une dynamique, notamment au niveau des orgas de concerts. Après, pour moi, ça ne date pas d’hier, ça fait des années qu’il ya de très bons groupes dans le style en France.

 

Vous avez récemment tourné hors de France... Comment ça s'est passé ? Les retours ont été bons ?

Il y a eu de très bonnes dates, et d’autres plus compliquées…notamment quand au niveau de l’orga, ça n’avait pas suivi. Par exemple, y’a un soir où l’organisateur ne s’est pas pointé, et où le patron du bar pensait qu’on faisait du punk à la Bad Religion….On jouait après un groupe de funk… du coup, quand on a commencé à envoyer le boulet, ça lui a fait tout bizarre.

 

et pour parler de concert... Vous avez participé à la finale du tremplin du Hellfest le 15 avril dernier à Issoudun, remporté par AD PATRES... Un mot à nous dire à ce sujet ?

C’était une bonne soirée, très bien organisée. On a pu jouer dans des conditions professionnelles, ce qui n’est pas si habituel que ça pour nous, donc c’était cool. On était content de partager l’affiche avec Nesseria et Platane. A nous trois, ça donnait une affiche cohérente pour un concert de hardcore ! Pour le tremplin, bah fallait un gagnant et trois perdant…Ad Patres, ce n’est pas forcément ma came, mais ça joue bien, alors pourquoi pas eux.

 

Revenons à nos moutons ! Le visuel de Sick est très sympa, quoi que très actuel, mais vraiment bien foutu. A-t-il une signification particulière ?

On se trimballe déjà un nom gratiné (Je sais on l’a choisi…) alors on ne voulait pas partir sur un artwork trop décalé, histoire d’en rajouter une couche et de tendre les bâtons pour se faire taper dessus (ce qui, mine de rien arrive régulièrement sur les forums ou dans les news postées sur certains webzines). C’est vrai qu’il a un coté assez « metal », mais bon, on l’assume, on a deux poilus dans le groupe… L’idée derrière tout ça c’était d’avoir une image forte, avec un personnage (ce qui n’était pas le cas pour le premier album). Après divers essais, on est parti sur un corps générique, le corps de « monsieur tout-le-monde », mais un peu flou, mal défini, On souhaitait que sa voracité (sa gueule grande ouverte) lui enlève toute son individualité (caractérisé par son absence de visage). C’est parti du titre (sick) et du jeu de mot que tu as décelé (cf. dernière question). Après, les grands discours sociaux, politiques, ou culturels, c’est pas notre fort, alors on laissera chacun y comprendre ce qu’il veut …

 

Et vos paroles ? Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons ? Car impossible de comprendre quelque chose, et le digipack se contente du strict minimum en termes d'infos !

Bah, on y trouve le principal : le nom du groupe, le titre de l’album, qui l’a enregistré, quand, qui a fait l’artwork. On voulait quelque chose de sobre et avec internet, si on veut en savoir plus, c’est pas compliqué d’aller fouiller…

 

Concernant les paroles, en général, Aurélien part d’une idée, un concept parfois un peu farfelu, parfois très terre à terre, et il tricote autour dans ses paroles. Pour lui, c’est souvent un moyen d’écrire des textes sur des cris qui sont déjà posés en amont, au moment de la composition de la musique. Y’a pas de contenu politique, ça parle pas de déceptions sentimentales… encore une fois, c’est pas trop notre truc, on préfère parler d’un gars épileptique qui se roule dans la boue, d’un bout de bois qui parle… Si tu lisais les paroles tu n’y décélérai pas forcement les histoires qui ont servi à les écrire. Dans Anorak, on voit souvent le chant comme un instrument qui va, soit accompagner la musique, soit s’y opposer, soit la compléter ; Pour cela, le chanteur dispose d’une palette de cris, de placements de sa voix qui permettent de retranscrire tout ça, c’est assez impressionniste, quand on y pense.

 

D'ailleurs, est ce que la littérature, certains auteurs, vous influencent dans l'écriture de vos textes ?

Principalement Pierre Bellemare. D’ailleurs, on pense faire un concept album sur lui d’ici peu ; chaque chanson sera la mise en musique d’une de ses « Histoires Extraordinaires » (C’est quand même mieux écrit qu’Edgar Allan Poe).

 

L'album devrait bientôt être en téléchargement libre... Pourquoi faire ce choix ?

Téléchargement libre ou pas, tout album est disponible en 3 clicks sur Internet. Par exemple, Sick était en téléchargement sur certaines plateformes plusieurs semaines de cela, alors même qu’on en avait envoyé très peu de copies promos, qu’on en avait filé quelques exemplaires à droite à gauche, mais qu’il n’était pas en écoute officielle sur la toile…alors autant faire les choses pour que ça soit légal et assumé. Pour la première démo (2006) et le EP (2007), on avait fait le choix de les mettre en téléchargement libre. Pour le premier album (2009), on n’a pas eu trop le choix, mais on vient de récupérer les droits, donc il ne devrait pas tarder à être lui aussi en téléchargement libre.

 

De plus, faut avouer que pour un groupe de la taille d’Anorak, c’est un plus ; On n’a pas de distributeur classique ; Le téléchargement permet donc à chacun d’avoir accès à l’album et de se faire un avis, et ça n’empêche personne de se procurer l’objet dans un deuxième temps, via les labels, en distro ou auprès du groupe. Sur ce point, les labels étaient au courant en amont, et en accord avec l’idée. Ce n’est pas un hasard si beaucoup de groupes (dernièrement Revok ou I Pilot Daemon pour les premiers qui me viennent à l’esprit) font le choix du téléchargement libre ; On vend des disques principalement aux concerts, si le téléchargement libre permet de faire circuler le nom, de trouver des dates, de faire venir des gens, c’est clairement un plus pour nous.

 

Ce qui m'amène à vous questionner sur votre idée du téléchargement sur internet ? Pillage ou grande bibliothèque universelle ?

Ah, vaste débat…Si on regarde ça par la lorgnette « Anorak », comme je viens de l’expliquer, on se dit plutôt « grande bibliothèque universelle », tout le monde fait son marché, et si t’aimes, tu vas directement au producteur (label, groupe) pour acheter le produit (ça, c’est une métaphore digne de Jean-Pierre Coffe). On sait très bien qu’il n’y a pas d’enjeux astronomiques, pas de compagnes de pub, pas de gros studio à payer…Ce qu’on veut simplement, c’est, si possible, avoir assez dans la caisse d’ici quelques temps pour produire le prochain disque sans mettre trop d’argent de notre poche.

 

Si on réfléchit plus globalement, par rapport à une industrie (celle du disque), le débat n’est pas le même. D’un coté, Je me demande même si pour des gros groupes de metal/hardcore indé peuvent avoir quelque chose à y gagner, notamment concernant la fréquentation de leurs concerts, leurs ventes aux stands… Par contre pour les labels, c’est une autre histoire, surtout pour ceux qui on un distributeur physique, des charges de fonctionnement…

 

Quels vont être vos projets à court et plus long terme maintenant que le disque est sorti ?

On a quelques dates en mai et en juin. Sinon, en octobre, on compte se faire une petite tournée d’une semaine en France et à nouveau en Avril prochain, repartir pour une dizaine de dates (Si possible vers les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse). Mais booker une tournée, c’est beaucoup de boulot pour celui qui s’y colle, et comme on le fait nous-même, à partir du réseau qu’on s’est constitué, de mails envoyés à la pelle, c’est assez fastidieux et chronophage. Entre les deux, on essayera surement de caller quelques week-end de concerts, en fonction des dates qu’on nous propose et des opportunités qui s’offrent à nous.

 

Sinon, on a quelques nouveaux titres qui trainent et on se tâte, soit pour faire un EP, un split, ou les garder pour le prochain album. Ça se décidera d’ici peu et en fonction des opportunités…

 

Il y a le logo de l'association "fuck a duck" au dos du digipack, créée par vos soins il me semble ? Que vous apporte cette structure ?

En fait, notre association s’appelle Anorak’n’roll , elle nous permet de structurer la vie du groupe dans ce qu’elle a de plus officiel, notamment pour payer le studio, avancer le pressage, ou pour se faire payer (ça arrive parfois…), quand on joue dans des structures qui souhaitent passer par des assos.

 

Fuck a duck, c’est le nom du «micro-label » qu’on a crée pour sortir la version vinyle du premier album. A l’époque, on avait dealé, avec thundering, le droit d’auto-produire la version vinyle de « My own Haze ». L’une des conditions étaient qu’il n’y ait pas de d’autres labels qui y participe, donc on a crée « Fuck a Duck », qui n’était pas un véritable label, puisque c’était nous…

 

L’idée, c’était d’échanger des vinyls avec d’autres micro-labels afin que la version vinyle de l’album circule, de créer une distro, et si possible d’autonomiser le label. Depuis, je fais mon truc à petite échelle. J’ai co-produit le disque de Marilyn Rambo avec plein d’autres petits labels et d’ici quelques jours, je devrais recevoir le split Escarres – Gu Guai Xing Xui. Ca nous permet d’avoir une petite distro qui nous suit aux concerts.

 

Bon et puis sinon... Qui est atteint d'anorexie chez vous ? ("anorak-sick"... Hum...)

Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire…

 

Allez je vous laisse le mot de la fin !

Bilboquet

 

 


 

Merci à vous les gars !

photo de Pidji
le 29/06/2011

2 COMMENTAIRES

Fred341

Fred341 le 06/06/2013 à 15:19:47

Ques que anorak

Fred341

Fred341 le 06/06/2013 à 15:21:03

Quesce que anorak

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