Cowards - Interview du 02/02/2015

Cowards (interview)
 

Comment s'est passée l'écriture de ce deuxième Lp et que vouliez-vous aborder comme sujet sur cet opus?

Ça s'est passé tout naturellement à vrai dire. Quand Hoarder est sorti, on s'est remis à écrire à chaque fois qu'on avait le temps. Comme d'habitude, c'est la guitare qui arrive en premier, rarement des chansons entières, on joue les parties, on en trouve de nouvelles, on essaye d'intellectualiser le processus au strict minimum. La première grosse différence sur cet album est qu'on voulait faire ce qu'on avait voulu faire sans en avoir le temps sur les précédents : avoir des parties de guitares bien différenciées mais là pareil, sans jamais trop y réfléchir, une fois que le morceau est couché en démo, on se pose on fait défiler et on construit la deuxième guitare, la seule consigne est de garder le tout bête, méchant et laid. On a beaucoup travaillé les parties rythmiques aussi, avoir un basse/batterie solide était très important, garder quelque chose de catchy, un peu teinté hip hop à chaque fois que possible. Au niveau des sujets qu'on a voulu aborder sur le disque, c'est très simple aussi : aucun. On n'aborde aucun sujet, on n'analyse aucune problématique, on en met pas en lumière de problèmes sociétaux, ce n'est pas le propos et nous ne sommes pas vraiment jury ou bourreaux de quoi que se soit, juste juges. Les paroles s'écrivent toute seule, le cahier se noirci d'idées, des paragraphes, parfois juste une phrase. Ce qu'on voit, ce qu'on entend, ce qu'on croit et ce qu'on veut en quelque sorte. Il y a quelques messages adressés ici et là à des types qu'on a pu croiser sur la route, pour le ton ça reste assez ironique, un peu sarcastique, assez arrogant mais ce n'est pas calculé, ça vient de la source ça.

 

Pourquoi avoir encore choisi Francis Caste pour produire Rise to Infamy? Comment se passe une enregistrement avec Francis?

On le connait depuis très longtemps : on a travaillé avec lui pour de précédents groupes, depuis 2007 (Hangman's Chair, Eibon, Sickbag, Hellbats, Death Mercedes...), les deux premiers disques ont été faits avec lui et après ces deux disques, avec deux manières assez différentes de procéder on avait une vision très claire de ce qu'il fallait qu'on fasse pour arriver au résultat qu'on voulait, en gros on voulait tout comme avant, mais plus. A tout les niveaux. Enregistrer guitare/batterie en live comme sur Sb&P ou basse/batterie en live comme sur Hoarder ne nous permettait pas, chez Francis, d'avoir un contrôle assez précis de tout les paramètres nécessaires pour obtenir le son de batterie et de basse qu'on visait. Un autre truc qu'on a fait différemment c'est de vraiment mettre l'accent sur le couple basse batterie avant de penser au son des guitares, faire abstraction de comment pourraient sonner les guitares en fait et se concentrer d'abord vraiment sur la basse, affiner au maximum et faire le son des guitares en fonction du son de la basse. C'est la première fois qu'on procédait comme ça et c'est extrêmement satisfaisant. Je ne pense pas qu'un enregistrement avec Francis se passe de manière très différente que chez un autre producteur au détail près que Francis n'est pas très scolaire dans sa dynamique. Autant qu'on trouve, il est très impliqué dans le processus et, avec nous au moins, très enclin à essayer de nouvelles manières de faire, appelle ça la magie, la folie ou faire n'importe quoi mais au final ça laisse pas mal de place pour se laisser surprendre par son propre disque et ce n'est pas un luxe quand, comme nous, tu fais le son que tu voudrais écouter, on doit être nos plus grands fans. C'est triste mais c'est comme ça. Francis est aussi un salaud de perfectionniste et s'il avait le temps il travaillerait encore le mix et le master au jour d'aujourd'hui, à vrai dire en sortant de Sainte-Marthe on avait le disque bouclé mais deux semaines après il nous a renvoyé un second master et si le disque n'était pas parti au pressage il m'en aurait renvoyé un troisième... D'ailleurs il ne semble pas possible, en prenant autant de temps que nous l'avons fait (5 semaines) d'être déçu de son travail... Si tu es au studio, que tu écoutes et que tu discutes avec Francis, il est capable de tout comprendre et de tout régler selon tes préférences, dans la limite de la technique (matérielle et musicale), par exemple, il est improbable de vouloir une batterie qui sonne naturelle, puissante et dynamique sans frapper comme un âne. A moins de faire fausse route en tant que groupe ou de ne pas savoir expliquer ce qu'on veut, ça nous dépasse qu'un groupe puisse sortir de 5 semaines d'enregistrement chez lui sans le disque de l'année sous le bras.

 

 

On vous compare assez souvent avec Kickback (a raison d'ailleurs). J'aime beaucoup ce style de Hardcore, que je suis le premier depuis Hoarder, a qualifier de Blackcore. Qu'en pensez vous? Et surtout vous sentez-vous l'ame d'un leader d'un peut-etre nouveau genre "made in France"?

Alors. On ne fait pas que nous comparer à Kickback, on a même étés percés à jour : on leur a tout volé. On espérait faire passer le chant pour inspiré aussi par Arkangel, en oubliant que personne d'autre au monde que Kickback n'a ce genre de voix, jamais dans le second opus de Black Spirals ou dans le Insomnia de Elizabeth, pour n'en citer que deux, français ou francophones, on ne peut entendre des relents de ce genre de voix.

On espérait aussi que notre section rythmique paraisse influencée par Unsane ou des beats hip hop avec un brin de relents black... Et bien sûr on s'était dit que les guitares seraient trop metal, trop lentes, trop dégueulasses. On s'était dit que tout ça masquerait notre plagiat évident mais apparemment ça n'a pas suffit. Tant pis, on adore No Surrender, on a déjà vécu de plus dures comparaisons. Cela dit, il ne faudrait pas penser que nous visons à être Kickback, à les remplacer ou à « prendre leur place », à la rigueur, pourquoi ne pas nous taxer de révisionnistes de No Surrender, ça nous irait même si ça reste assez réducteur. Pour le style, on vous laisse le soin de décider, nous on était pleins d'ambitions, on pensait à Gehenna, Integrity, Pulling Teeth plus récemment, on croyait qu'on arriverait à faire passer tout ça pour du Holy Terror, échec.

Leaders... Leader ça sonne bien. Mais on ne travaille pas assez, on ne tourne pas assez et surtout on ne prétend pas du tout à cette place, surtout pas d'un nouveau genre. Tout a été fait, il n'y a pas de nouveau genre, pas notre musique en tout cas et ce n'est pas ceux qui nous ont percés à jour qui nous contrediront. Tout au plus, c'est avancer d'un cran sur l'échelle commencée il y'a bien longtemps déjà du crossover. En plus de ça, comme on l'a déjà expliqué, on est pas très calés en hardcore, sorti de Biohazard, Integrity, Arkangel, Negative Approach, Neglect ou Section 8, c'est pas vraiment notre créneau et encore moins à jouer, pas qu'on aime pas, juste on ne sait pas faire, on vient plutôt du metal malheureusement.

 

Rise to Infamy marque peut-etre un tounant pour le groupe, avec de plus gros concerts et tournées. Vous pouvez nous en toucher deux mots?

Difficile à dire. On sait déjà que ce n'est pas ce disque qui va faire l'unanimité et pour le moment il n'y a rien de très gros qui se profile pour nous. Quelques petits festivals très cools oui, comme en février à Lisbonne, au Burning Light, en mai un petit événement french touch dont on ne peut pas encore trop parler ou en juin, en Suisse. Il semblerait qu'on reste assez confidentiels et ça n'a pas l'air d'être parti pour changer mais ça ne nous embête pas encore, au fond ça ne fait que trois ans que nous existons donc autant dire qu'on a la vie devant nous. On est en train de booker le premier segment européen de notre tournée Rise..., on réfléchi déjà au second segment, qui se concentrera plus sur le sud de la France, Espagne, Portugal avec un peut-être un chouette petit festival là-bas. On est en discussion avec un tourneur Allemand, on fait du pied à des tourneurs US, rien de très solide pour le moment, mais on reste concentrés sur le projet, on verra bien si ça nous amène quelque part.

 

Où voulez-vous aller avec Rise et quel pourrait etre l'avenir du groupe a moyen terme, en sachant que si on ne s'appelle pas Gojira, ou qu'on ne tape pas dans l'oeil d'un mec comme Jacob Bannon (pour Birds in Row), bah a part la France et l'Europe on ne va pas loin quand on est Français.

Ce n'est pas entièrement vrai, par exemple cette année, Plebeian Grandstand est parti tourner aux Etats-Unis et en Inde pour ne citer qu'eux. En ce moment même, Calvaiire est en Australie, même s'ils accompagnent Birds In Row ça reste un exemple de ce qui peut se passer avec du travail et de la chance. Il est aussi possible de tourner assez simplement au Canada mais tout ces projets demandent de connaître les bonnes personnes et à notre niveau, demandent aussi d'avoir une bonne trésorerie, de groupe ou personnelle, et ce n'est pas encore notre cas.

On ne réfléchit pas spécifiquement à où on voudrait aller, on fait le son, on fait le show et on examine toutes les propositions, on est pas encore avides d'eurodollars mais on ne se déplace pas à nos frais, c'est le minimum. Après, comme on le dit plus haut, c'est beaucoup de travail, d'implication et de chance et les deux groupes que tu cites en sont un parfait exemple. On n'accroche pas tellement à Gojira, leur musique et leur créneau greenpeace, bon enfant, tellement sympas qu'ils en deviennent énervants mais il nous semble quand même que ces types là ont travaillé d'arrache pied pendant et depuis longtemps pour être là où ils sont. Quant à Birds In Row, tu as vu le nombre de concerts qu'ils ont abattus ? Là encore, c'est un genre d'implication dont on n'est pas capable, non pas qu'on ne voudrait pas mais qu'en l'état actuel des choses, on est tous trentenaires, on est pas des stars et on est pas assez bourgeois pour subvenir à nos besoins sans travailler.

Alors on fait vivre le boulot et la musique du mieux qu'on peut. Et puis Birds In Row, ils ont aussi un capital sympathie, DIY, fédérateur, dans la scène, dont on ne dispose pas et là, c'est vrai que c'est sans doute une erreur mais on se fait tellement marrer entre nous qu'on en oublie complètement de travailler notre réseau, ce qui nous a pas empêché de rencontrer des mecs incroyables, dignes de confiance et qui nous font confiance, comme Matthias à Throatruiner, Pedro & Vitor de Ruins Records, Alex de Deadlight, les gars de Oblivionized, les horlogers de Elizabeth ou David de Brutal Beatdown à Cuba.

 

 


 

L'avenir appartient à Cowards, et "Rise to Infamy" va nous bourdonner dans les oreilles un bon moment.

photo de Jull
le 17/02/2015

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