Grorr - Interview du 22/10/2014

Grorr (interview)
 

The Unknown Citizens est segmenté en 3 parties distinctes – quand Anthill, lui, l'avait été en 4 chapitres. Peut-on savoir ce qui, dernièrement, vous a motivés à ainsi proposer vos œuvres à la découpe ? Ne pouvez-vous pas envisager de fusionner les diverses atmosphères développées sur ces différentes parties en un ensemble de titres plus globalement homogène ?

Le fait de découper nos albums en plusieurs grandes parties distinctes nous plaît beaucoup. Tout d’abord cela nous permet de véritablement raconter une histoire, de sentir le passage d’un chapitre à l’autre, d’immerger l’auditeur dans plusieurs ambiances. Ensuite ça permet de vraiment composer des morceaux dans le but de coller à une histoire, et de ne pas simplement enchaîner des compos sans lien logique entre elles. Après, même si The Unknown Citizens et Anthill sont découpés en chapitres, ce découpage n’a pas le même sens dans les deux cas. Pour Anthill, il n’y avait qu’une seule histoire découpée en plusieurs phases. Dans The Unknown Citizens par contre, il y a vraiment 3 histoires distinctes avec trois ambiances différentes. On aurait quasiment pu sortir 3 EP séparés, et c’était vraiment l’impression que l’on voulait faire ressentir. Enfin, pour ce qui est de l’homogénéité, c’est le contraire de notre objectif. On veut composer une musique variée, la moins monocorde possible, et cohérente avec le concept de l’album.

 

Les différents artworks que vous a confectionnés Egle Zioma, dans un style rétro-début de siècle-« Ere industrielle », sont particulièrement fabuleux : qui est-elle, et comment l’avez-vous rencontrée ? D’ailleurs, petite question quant à la couverture : ce jeune homme possédant le tablier du travailleur, le béret vert du soldat et la désinvolture d’un Rimbaud incarne-t-il la réconciliation des 3 entités célébrées sur l’album ?

De même que pour la graphiste d’Anthill, on a trouvé Egle sur deviantART.com. Le choix a été long parce qu’on s’est arrêté sur un nombre incroyable de graphistes extrêmement talentueux et extrêmement divers, mais nous avons choisi Egle car elle a un côté « révolution industrielle » qui collait parfaitement au thème, ainsi qu'une vraie personnalité dans ses créations. Le personnage de couverture est effectivement composé d’une part de chacun des protagonistes de l’histoire. On est tous un peu combattant, travailleur, rêveur, mais l’histoire parle aussi de 3 générations qui se succèdent…

 

Après toutes ces années passées à l’ombre de Bernard Werber et de « Fourmiz » (pardon pour le manque de sophistication des références utilisées), comment faites-vous pour toujours trouver de l’inspiration nouvelle au sein de la fourmilière où évolue le groupe ?

Justement, après Anthill nous nous sommes dits qu’on avait fait le tour des fables sur les insectes. Pour être honnête, on a longtemps réfléchi à en faire la suite, mais on n’arrivait pas à trouver quelque chose de vraiment intéressant et nouveau à raconter sur ces petites fourmis. Il y a eu le passage où nous avons été jusqu’à lire des contes du monde entier portant sur le sujet, et puis petit à petit, l’idée d’abandonner les animaux a fait son chemin… Plutôt que de faire des paraboles sur les êtres humains, on a décidé de parler directement d’eux.

 

J’ai l’impression que le chant clair de Bertrand s’est encore amélioré depuis Anthill... Prend-il des cours ? Cet aspect de votre musique est-il amené à se développer de plus en plus ?

Dès le début de la composition de The Unknown Citizens, le choix a été fait d’appuyer sur le chant et sur les ambiances. Bertrand n’a pas pris de cours, mais la composition du chant a été très longue et très étalée dans le temps. Quand sur Anthill la composition des chants a dû s’étaler sur 3 semaines, celle réalisée pour The Unknown Citizens a pris un an, et s’est déroulée lors de sessions de travail régulières. Il y a donc eu un gap technique entre la première et la dernière note, d’autant plus que nos ambitions étaient bien plus élevées en termes de résultat final. Chaque membre du groupe a émis son propre point de vue, ce qui a tiré l’ensemble vers le haut.

 

On entend du Gojira, du Meshuggah, du S.U.P. (cette dernière référence étant surtout valable pour les opus précédents), du Septicflesh (surtout sur les 3 premiers morceaux), du Human Fate (pour le côté « Ushuaïa ») dans vos titres… Mais en réalité, quelles sont vos vraies influences ? Et vos derniers coups de cœur ?

Dans nos influences, en effet, il y a MeshuggahGojira, et dans le metal on est également très fan de Tool et de Devin Townsend. Tout ce que l’on écoute, lit ou voit peut avoir une influence sur notre musique, et on écoute beaucoup de choses très variées en fait. Je pense que dans les influences « profondes », côté chant il y a Pantera et Korn, ainsi que du NIN, du King Crimson, mais aussi un peu de la scène de Seattle des années 90s (eh oui, on était ado à l’époque). En dehors du rock on aime beaucoup les BO de films (John Williams, Basil Poledouris, Danny Elfman), des compositeurs comme Stravinsky, et des musiciens comme Jonas Hellborg qui ont construit un pont entre les musiques orientale et occidentale.

Dans les grands coups de cœur de ces dernières années, il faut citer Tosin Abasi et Animal As Leader (qu’on va voir sur scène dans quelques jours), Karnivool dont on est très fan, et Vildhjarta. Du côté des albums sortis par notre label, on a flashé sur Boil et Persefone. Et puis il y a nos potes palois de Yurakane qui viennent tout juste de sortir un EP, ainsi que les Dawn Of Justice qui sont en plein enregistrement. On en oublie, et pourtant on en a déjà cités beaucoup… Tiens, encore 2: Hacride et Om Mani (un unique album génial).

 

Après une démo et 3 albums de grande qualité, ce n’est que justice que vous soyez enfin signés sur un label. Alors, heureux ?

C’est tout neuf mais oui, heureux ! Thomas Hörnkvist, le patron de Vicisolum Productions, nous a signés sur un coup de cœur, et c’est quelqu’un qui travaille vraiment bien. Il a toute confiance en ses groupes autant que nous avons confiance en lui. Ça n’a pas de prix. On va bénéficier d’une plus grande exposition de notre musique, et aussi de la caution d’un label dans nos démarches. Après ce n’est pas une fin en soi… On se revoit dans quelque temps pour faire le bilan ?

 

Beaucoup des nouveaux titres s’enchainent les uns aux autres sans presque aucune discontinuité. Comment allez-vous gérer cela en concert – surtout dans le cas éventuel de sets de courte durée ? Cela vous obligera-t-il à laisser complètement de côté les titres des anciens opus (ce qui serait dommage !) pour bénéficier du temps nécessaire à développer vos nouveaux titres ?

Je te rassure, nous allons continuer à jouer des morceaux d’Anthill ! On a longtemps joué notre album précédent d’un bloc, car cela semblait logique. L’avantage avec The Unknown Citizens, c’est qu’au lieu d’un morceau de 45 mn, on en a 3 de 15mn. Du coup on peut panacher facilement avec d’anciens titres. On peut aussi adapter les fins des morceaux du nouveau parce que, même s’ils s’enchaînent sans pause, ça reste de vraies chansons. L’idée c’est de pouvoir changer facilement de setlist, car à force ça pourrait être lassant de refaire à chaque fois le même set…

 

D’ailleurs pour embrayer sur ce dernier point : il faut absolument que vous nous fassiez profiter de tout ça sur les planches ! Vous avez des plans de concerts et/ou de tournées et/ou de festivals pour les mois à venir ?

Pour l’instant nous n’avons que la Release party, prévue le 25 janvier dans notre bonne ville de Pau. D’ici là, on va préparer le nouveau set. On jouera avec les musiciens occitans sur scène lors de la Release, donc on espère pouvoir tout filmer et sortir quelque chose. Pour les concerts / tournées / festivals, pour l’instant on est comme avant, c’est à dire livrés à nous même. Donc on travaille à l’organisation de tout ça, et on espère aussi se faire des contacts qui pourront nous y aider.

 

Je vous laisse le mot de la fin, des fois que j’aurais occulté un sujet important, ou que vous souhaitiez en profiter pour faire de la réclame pour les cours privés d’entomologie que vous dispensez peut-être en parallèle de vos activités artistiques.

Un peu de promo alors : tous nos clips sont réalisés en Stop Motion. Après celui de « We Legion » pour Anthill, on collabore à nouveau avec Médéric Grandet sur le prochain. Cela fait 6 mois déjà qu’il est dessus, et ça va vraiment être quelque chose de beau. On a hâte de pouvoir le montrer ! Et puis un grand merci à Gilles Lahonda qui mixe nos albums depuis le début. On pense avoir encore franchi un palier dans la production, et comme on a progressé ensemble durant toutes ces années, cela nous rend d’autant plus fiers.

 

photo de Cglaume
le 17/11/2014

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