Headcharger - Interview du 22/07/2011

Headcharger (interview)
 

Bonjour, les Headcharger ! Il vous reste encore des forces pour répondre à mon interrogatoire, merci ! Alors ça y est, la tournée est bouclée ?

 

Seb :  Ouais, ça y est, enfin ! (sourires) En tout cas, on est ravi de pouvoir finir comme à la maison, sur un festival que nous aimons bien et devant un public qui nous connaît bien.

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors, plus vraiment besoin de vous présenter, on vous connaît également chez CoreAndCo. Vous en êtes à tourner avec votre troisième album sous le bras et votre C.V commence à en imposer. Hellfest, Sonisphere et tournée en Angleterre, c’est plutôt honorable ! Alors, heureuses?

 

Seb :  Oui, ca-rré-ment ! Excellentes expériences ! Tu sais, tout ça se fait naturellement, on n’a pas vraiment eu de plan d’attaque prévu à l’avance. On a juste la chance de faire les bonnes rencontres, des gens qui croient en nous et les projets viennent d’eux-mêmes…

 

 

Qu’est ce qui vous a le plus marqué sur cette année de concerts écoulée ?

 

Seb : Plein de choses ! J’aurais envie de te dire chaque concert, mais ça fait un peu fayot ! (rires) En fait, c’est surtout le fait de partir une quinzaine de jours en Angleterre avec My Ruin, dans un vrai pays de culture rock. Ça nous a vraiment marqué, ce côté aventure collective, tu vois…

 

(ndlr : à ce moment-là, Anthony, le guitariste, arrive. Il est un peu en retard et pour cause : il s’est cassé le nez pendant le concert ! Sa Gibson Flying V est toute tachetée de sang ! Mais, ce mec-là est un guerrier : il n’ira pas aux urgences tout de suite ! Normal, c’est interview avec CoreAndCo !)

 

Anthony : C’est clair, un vrai pays de musique ! Tout le monde, du musicien au technicien en passant par l’organisateur et surtout par le fan, tout le monde marche dans le même sens. Des vrais fans de musique ! Par exemple, un groupe comme Slayer, quand ils viennent en France, ils vont faire 3 dates : un Zénith de Paris, un concert en région, un gros festival et basta. Alors qu’en Angleterre, ils vont aller dans des salles beaucoup plus petites (dont une dans laquelle on a joué !). Mais ils vont tourner sur dix, quinze, vingt concerts. Parce qu’ils savent qu’en Angleterre, il y a un public de connaisseurs et ils vont être accueillis dans des bonnes conditions techniques…

 

Seb : Il ne faut pas se leurrer, la France, pour ce genre de groupe, ne reste qu’une étape de passage pour aller de l’Angleterre à l’Allemagne ou vers la Hollande…

 

Anthony : Tout ça, ce n’est pas pour dire que le système français n’est pas bon, ce n’est pas le propos, c’est juste pour dire qu’on est en retard et qu’on n’a pas encore cette culture de la musique. Nous on adore le système des SMAC, être accueillis comme des rois, manger des Nuts toute la journée mais ce confort là finit par nous desservir. En Angleterre, les gens sont à bloc tout le temps, branchés musique en permanence, à bosser tout le temps, payés ou pas.

 

Seb : Il y a là-bas cette culture qui fait qu’à un moment donné, tu sais pourquoi tu en es arrivé là. Dès l’école, ça commence : ils ont des cours de culture du rock. Un truc que tu ne verras jamais par chez nous ! Tu vois, encore un autre exemple : Gojira, qui joue ce soir avec nous, a été reconnu en France seulement après avoir été reconnu à l’étranger. Parce qu’on reste dans cette logique d’être un peu des moutons. Le rock, en France, ça reste de l’underground. Ce qui passe à la télé et sur les grands réseaux de radios et qui est étiqueté rock, ce n’est pas du rock pour moi, c’est de la pop.

 

Anthony : A l’inverse, tu vois, quand on a joué au Sonisphere, (encore en Angleterre) on est venu la veille. La grosse tête d’affiche, c’était Rammstein. Ils ont fait 50 000 personnes, énorme. Le lendemain c’était Iron Maiden : 70 000 personnes ! Juste 20 000 personnes de plus, juste pour eux ! Les gens venaient en famille avec leurs gamins. Et là, on s’est tous fait la remarque : Iron Maiden en Angleterre, c’est Johnny Halliday en France… Ah, c’est gore, il y a des mouches qui viennent boire le sang sur ma guitare ! (rires)

 

 

Allez, maintenant je vais tenter de vous poser quelques questions chiantes qu’on doit vous poser en permanence ! Comment des minots de Caen réussissent justement à en arriver là ?

 

Anthony : Ouais, t’as raison, c’est vraiment des questions à la con ! Je ne pense pas particulièrement que le fait qu’on vienne de Caen nous ait servi ou desservi…

 

Seb : Non, mais il te demandait juste comment des frenchies en étaient arrivés là ! (rires)

 

Anthony : Heu, oui, désolé ! Je dois avoir le cerveau dans le nez ! (rires) Non, mais on a coutume de dire qu’on a eu le bol de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Mais si tu ne te fous pas un bon coup de pied au cul à un certain moment, le bol, tu le trouveras jamais. Si on a eu du bol, c’est aussi parce qu’on a su se bouger.

 

 

Vous vous êtes également donné du temps, pour bosser au calme et avancer par étapes…

 

Seb : Oui mais pas uniquement ! Rien ne vient comme ça. On a bouffé de la merde, aussi !

 

Anthony : De toute façon on est des bosseurs et des grands fans de musique. On n’utilise pas le fait de faire de la musique pour nous donner un alibi de ne rien branler !

 

Seb : Pour rester sur ce que je viens de dire, il y a vraiment ce côté où on n’a pas encore tout compris. J’ai l’exemple à Caen où des producteurs ou des salles mettent le paquet sur des groupes qui n’ont jamais bouffé de merde et juste pour des raisons institutionnelles, pour avoir du résultat tout de suite. Ils les prennent sous leur coupe et les font monter artificiellement. C’est plus facile de prendre un groupe qui part de rien et les amener à un « petit peu » que de prendre un groupe qui a déjà ce « petit peu » et de le pousser à « beaucoup plus ». Je pense que le fait d’avoir bouffé de la merde nous fait encore plus apprécier le fait de jouer à un festival comme le Art Sonic, dans des superbes conditions.

 

 

Le fameux triptyque café-concert, bières et pizzas…

 

Seb : Ah même pas ! Après des journées passées sur la route, on s’est déjà vu offrir un saladier de betteraves et un petit pack de bière (alors qu’un d’entre nous ne boit pratiquement pas d’alcool !) et c’est tout ! Sans parler de dormir à 7 dans une piaule de 10 m2 chez l’organisateur. Mais mec, on l’a fait et on sait pourquoi on l’a fait !

 

 

Tiens, ça me donne l’occasion d’en terminer avec mes questions bateaux et d’enchaîner sur quelque chose d’un peu plus fun ! En parlant de manger de la merde, je sais qu’Anthony est un fin gourmet… Mais est ce que l’un d’entre vous serait capable de me donner une petite recette, voire un menu Headcharger pour se requinquer après un dur concert ?

 

Anthony (qui prend un air très sérieux) : Tout dépend de combien de temps tu disposes et de ce que tu as à disposition !

 

 

Tu as tout le temps que tu veux et open fridge !

 

Anthony : Alors je ferais ma spécialité ! Un petit magret de canard au pain d’épices et au pamplemousse. C’est tout simple, tu fais une sauce avec du pain d’épice que tu as cuit et tu le mixes avec un jus de pamplemousse…

 

Seb : Attends, mais tu es en train de nous faire croire que tu manges équilibré, là ! (rires) Hé, mais on va pas se mentir, quand t’as la dalle et que tu rentres à pas d’heure, tu bouffes un McDo ! (rires)

 

Anthony (qui ne se dégonfle pas) : Mais c’est pas forcément équilibré, le magret, c’est plutôt bourratif voire un peu gras ! Donc, tu fais revenir le truc à feu doux et tu sers ça avec des quartiers de pamplemousse…

 

Seb : Mais en plus il est sérieux quand il en parle, il est à fond ! (rires)

 

 

Et un petit dessert avec ça ?

 

Anthony : Ah, moi je suis bien branché desserts ! J’aime faire le tiramisu aux spéculoos…

 

Tout le monde : Haaaaaa !

 

Anthony : Si je vous fais ça, vous êtes tous par terre et vous en mangez tous 3 kg ! Je suis très fier de moi quand je fais ça ! J’aime bien aussi faire des muffins, j’ai plein de recettes…

 

Seb : Moi, je suis assez jambon-chips ! C’est pas mauvais avec de la mayonnaise ! Et le lendemain, t’es heureux… Je suis un grand spécialiste des knackis-chips également ! Sachant que je fais réchauffer les chips au micro ondes ! (rires)

 

(ndlr : Romain, le bassiste, arrive justement à ce moment-là…)

 

 

Et toi, Romain, tu aurais aussi quelque chose à nous proposer ?

 

Romain : Non, Romain, il ne dit rien lui ! Plus sérieusement, ce que j’aime bien faire c’est une petite poêlée. Mais c’est pour les gens qui aiment le gras bien gras ! Tu prends des petites pommes de terre en quartiers, de la viande hachée, des oignons, de l’ail et surtout plein de crème fraîche ! À la fin, tu rajoutes du fromage râpé en laissant cuire tranquillement et c’est très bon ! Très gras, mais très bon ! J’ai déjà vu quelque chose de tout fait en commerce, une poêlée normande, qui y ressemblait un petit peu… Et comme ça, je garde un corps svelte !

 

Anthony : C’est scandaleux ! Il mange n’importe quoi et il est mince alors que moi je mange équilibré et je suis gros ! (rires)

 

 

Un petit vin, par-dessus ?

 

Romain : Un Bourgueil, c’est pas mal ! J’aime bien le Côte Rôtie aussi, un peu cher mais très bon…

 

 

Donc, si je me fais inviter chez vous, je suis dans la merde, je ne mange pas de viande !

 

Tous : Ah oui, ça ne va pas du tout te plaire, nos plats !

 

 

C’est ce que vous comptez manger en studio ?

 

Seb : On va surtout manger de la musique ! Ça tombe bien que tu en parles, puisqu’on y sera dès la semaine prochaine pour deux mois ! On retourne enregistrer notre prochain album au Studio de la Souleuvre, comme ce qu’on a fait pour le précédent. Anthony fera les prises son et Guillaume Doussaud se chargera du mix.

 

Anthony : Je le fais si je ne finis pas dans un lit d’hôpital !

 

Seb : Jamais de la vie ! Toujours est-il qu’on garde la même formule et le mastering sera fait à New York par Alan Douches. Cet album sortira normalement fin 2011 ou début 2012 chez XIII bis Records.

 

 

Donc, chez Headcharger, il n’y a pas de vacances !

 

Seb : Ah non, il n’y aura pas de vacances avant Octobre pour nous, quand l’album sera bouclé et quand le clip vidéo sera tourné. On sent que c’est le moment de faire fructifier toute cette année qu’on vient de passer sur la route. On sent aussi qu’il y a une demande et surtout qu’on en a envie ! Ça fait quinze ans qu’on fait de la musique et ce n’est pas le moment de lâcher l’affaire. On y croit !

 

 

Petite question bâtarde du Fatbastard pour finir : je vous suis depuis une dizaine d’années en tant que Doggystyle puis Headcharger, est-il vrai que vous avez changé de nom suite à une menace de procès de la part de Snoop Doggy Dog ?

 

Seb : Héhé, oui et non ! Nous avons effectivement eu une menace de procès, mais pas de la part de Snoop Doggy Dog. Ça venait d’un groupe de punk rock des années 90 qui s’appelait aussi Doggystyle. Ils avaient déposé le nom et donc on a reçu via leur avocat américain l’ordre de ne plus utiliser ce nom. Ce à quoi Snoop Dogg a rebondi. Étant en France, on s’est dit qu’on s’en foutait un peu. Mais, en même temps, à cette époque, nous étions en train de changer de direction musicale. Ce que nous commencions à faire, ça n’avait plus rien à voir avec le hardcore énervé de nos débuts. Ce n’était plus le même groupe, même sans renier nos racines, on faisait quelque chose avec d’autres influences. Un autre projet, complètement différent. Donc plutôt que de continuer à se mentir à nous-mêmes comme aux gens qui nous suivaient, on a décidé de prendre le nom de Headcharger. Bien sûr, on peut prendre la chose comme une continuité, mais dans nos têtes ce sont deux projets différents, avec en plus d’autres intervenants autour du groupe. Je reste cependant persuadé que l’énergie que tu as pu percevoir dans Headcharger n’est pas moindre que celle qu’on a dégagée avec Doggystyle. Ce n’est juste pas la même. Elle est peut-être plus canalisée…

 

 

OK et bien merci pour cette interview, les Headcharger ! Avec toute cette discussion tournée vers la nourriture, j’aurais bien une petite faim !

 

Seb : Je voudrais juste terminer sur un truc, au risque de saouler Anthony… Pour revenir à toute cette culture rock et surtout à l’underground du rock en France, je voulais vous remercier d’être ici. Parce que sans les webzines, les radios libres, les fanzines et autres, le metal en France serait encore moins que ce qu’il n’est. Heureusement que vous êtes là pour faire perdurer le mouvement et montrer au monde qu’il existe. Parce que je n’ai pas l’impression que ça soit de moindre qualité qu’à l’étranger… Merci et…

 

 

…Paix dans le metal !

 

Seb : Yeah baby !

 

 


 

Vous connaissez maintenant le happy meal façon Headcharger:
- Entrée : Muffins salés et chips au micro-ondes
- Plat : Magret de canard au pain d'épices et pamplemousse avec sa poêlée normande
- Dessert : Tiramisu aux spéculoos
Un stoner appétit !

photo de Geoffrey Fatbastard
le 16/09/2011

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