Kicking Records - Interview du 17/05/2016

Kicking Records (interview)
 

10 ans que Kicking existe. Mais 10 ans aussi que des gens découvrent son existence chaque jour, alors pour les vilains ignorants, dis nous ce qu'est Kicking : radio / records / fest / skates etc.

De la pop acoustique au heavy rock en passant par une grosse dose de punk rock, KICKING RECORDS produit des disques à base de guitares, de mélodies et de sincérité. Des disques, mais pas seulement. Des livres aussi, qui tentent de coucher sur papier l'inénarrable histoire du punk. Et puis des skateboards à l’effigie des groupes du label et une radio qui porte les meilleures émissions indés de France. Mais encore des festivals qui rassemblent les adeptes de la musique du Diable. Plus qu'un label, une way of life, ahahah....

 

Quel est le déclic, le truc qui t'as donné envie de te lancer dans une aventure comme celle de Kicking ?

C'est une longue histoire que je vais tenter de rendre limpide. J’ai passé, pour raisons familiales, 4 ans en Françafrique colonisée, loin de toute guitare saturée. Si ce voyage a été pour moi une source intarissable de rencontres et de découvertes, voire d’expériences initiatiques, il a aussi été synonyme de sevrage de rock’n’roll…. J’ai cependant continué à suivre la scène française via ma connexion à 38 kbt/s et ai de ce fait correspondu avec Nasty Samy. Nous nous connaissions de vue et de réputation, ayant participé chacun à notre tour à la grande escroquerie du rock’n’roll à Besançon. Il était fan au début des 90’s d’Original Disease, groupe dont j'assurerai à un moment le chant, et j’étais fan de Second Rate quelques années plus tard. Je les avais d’ailleurs programmés à leurs débuts en première partie de Portobello Bones, il y a une petite vingtaine d’années de cela. Bref, nous avons tissé des liens sur le net et, alors qu’il montait le projet The Black Zombie Procession et que je préparais mon retour en France, je lui ai proposé de l’aider à sortir ce skeud. De fil en aiguille, KICKING RECORDS est né. Je suis seul à investir temps et argent dans cette danseuse. C’est mon truc, perso, que je gère comme je veux, sans avoir de comptes à rendre à personne. Mon espace de liberté. Je fais ce qui me plait. Je n’ai pas de limites, pas de contraintes dans mes choix sinon mes envies du moment. Je revendique cette indépendance, cette liberté, cette personnalisation. KICKING RECORDS est Mr. Cu!. S’il existe une association, c’est juste répondre aux obligations juridiques.

 

En 10 ans, quel regard as-tu sur l'évolution de ton monde musical ?

Malgré ce que j'ai pu penser au début de l'aventure, il y a un vrai renouvellement, avec des groupes qui arrivent (genre Ghost on Tape, Water Mane, Heavy Heart, Buried Option...). ces mecs ont appris de leurs aînés et font les choses correctement dès le début. Ils touchent à tout pour savoir se démerder seuls au maximum, de l'enregistrement de leurs disques au booking de leurs tournées. Ils tapent directement à l'internationale, ayant bien compris que la France ne sera jamais une terre d'accueil pour le punk rock. Ils sont aidés par des petites structures qui pratiquent l'échange et l'entraide. Bref, la scène existe et agit selon les préceptes du DIY, autan par nécessité que parce que c'est ce qu'on lui a montré. C'est plutôt encourageant. Cette scène est de plus en plus vivace, et elle le restera, jusqu'au prochain Nirvana, la prochaine mode qui s'abattra sur elle ... alors il faudra à nouveau tout rebâtir et ça mettra 20 ans... c'est cyclique.

 

Plus gros regret / meilleur souvenir / grosse fierté en 10 ans ?

Le plus gros regret? Il n'y en a pas d'énormes, plutôt des petits qui font chier sur le moment mais qui s’effacent vite avec le temps et sont remisés aux rayons des mauvais souvenirs, cachés très loin des bons. Je me rappelle surtout des bons trucs. Les regrets, ce sont les splits des groupes avec lesquels je pensais avoir un vrai projet et qui bouffent le contrat (moral) entre eux et avec moi du jour au lendemain. C'est aussi dur à prendre comme décision pour eux que c'est difficile à comprendre pour moi, mais c'est la life et on passe à autre chose. Ce qui est bien quand tu es label, c'est que quand ça va pas avec un band, ça va avec un autre. Tu n'es pas obligé de ressasser ce qui ne va pas, tu te tournes toujours vers les projets, le positouf. Il ne faut pas oublier que je fais de la zik pour me faire plaisir, pour créer un truc en parallèle censé équilibrer la vie de merde qu'on me propose. Ce n'est pas un taf, pas un hobby, c'est ma vie telle que je l'entends. Donc si ça va pas avec un projet, c'est pas grave, on passe à autre chose, je n'ai aucune obligation de réussite, je fixe mes objectifs et mes règles pour mieux les transgresser quand l'occasion s'y prête. La plus grosse fierté ? Avoir tenu 10 ans. Je me rappelle d'une remarque d'une imprimerie avec laquelle j'ai commencé à bosser au tout début du label,et qui, quelques temps après m'a dit : "Quand on t'a vu arriver avec ton sourire et ton speed et tes commandes incessantes, on s'est tous dit que tu allais rapidement rejoindre les rangs des gars qui ont vu trop gros trop vite et qui se sont ramassés... on s'était trompés, tu es encore là et tu nous fais encore plus bosser qu'au début." Et 10 ans après je les fais encore plus bosser. Donc oui, si il y a une fierté à avoir, c'est celle d'avoir fait mon truc sans écouter les peines à jouir autour de moi, en conciliant un emploi du temps hyper serré, et de pouvoir le fêter avec tous mes nouveaux copains que cette aventure m'a permis de rencontrer ! Le meilleur souvenir? le 1er KICKING FEST' à Angoulème peut être. La première édition a eu lieu grâce à l'idée folle de Baptiste Devil, futur maire d'Angoulême ahahah, à l'époque programmateur au Mars Attack de cette ville, qui voulait une soirée avec un plateau 100% KICKING dans son club. Pour moi c'était juste une putain d'excitation d'avoir un tel retour, un programmateur qui voulait du Kicking, rien que du Kicking et seulement du Kicking ! J'ai foncé. J'en garde un excellent souvenir ! C'est là que je me suis vraiment rendu compte qu'il était possible de fédérer autour du concept de Kicking Records. Fédérer les groupes, mais aussi des gens autour, qui se proposent pour filmer et monter les images du concert, les graphistes qui passent du temps sur l'affiches et la comm', et le public, surtout, qui peut à la fois apprécier un concert des The Hop La ! et de The Black Zombie Procession dans la même soirée. Et puis on a bien fêté.

 

Tu es installé en France, mais distribué un peu partout en Europe : notre pays est-il vraiment à la bourre question culture rock / punk ?

Ah mais oui ! On est autant à la bourre au niveau des lieux autogérés capable d'accueillir des groupes en tournée, que des clubs rock. Pour ne parler que des lieux hein. Imagine, sur la carte d'Europe d'un groupe US, la France c'est une mer entre l'Allemagne et l'Espagne. La plupart passe au-dessus en avion sans s'imaginer qu'on peut y écouter du punk-rock ! C'est contre cela qu'on oeuvre tous depuis des décennies, et ça n'avance pas beaucoup? Il manque juste un public rock plus nombreux, plus cultivés, plus assidus, plus "consommateur" au stand de merch. Tous les groupes qui vont tourner en Allemagne te le diront, le public là-bas est plus ouverts sur le rock. Normal, ils ont été occupé par les ricains pendant les bonnes décénnies, les GI écoutaient du rock et ont semés sa graine dans le pays. En France, on a été occupé par les nazis. On a les occupants qu'on mérite... En Espagne c'est la guerre à chaque concert, les gens sortent pour faire la teuf, pas pour se regarder en chiens de faïence... En Italie, toutes les villes possèdent un lieu autogeré qui est un véritable oasis de culture underground dans la ville. En bref, on est à la bourre de points de vue culturel, associatif et social oui.

 

Kicking touche à tout, qu'est-ce que tu n'aimes pas faire dans ce métier ?

Booker je n'aime pas trop, pour toutes les raisons énoncées ci-dessous. Je n'ai me pas passer mon temps à remplir des tableaux de suivi non plus. Je pensais que ce serait plus glamour de tenir un label. Ah, et je n'aime pas répondre aux interviews, mais je me force...

 

Parlons de ta fête d'anniversaire. Y'aura des ballons, de la musique etc. Tu pensais que tu en serais là 10 ans plus tard ?

Ah je n'y ai jamais pensé. J'ai souvent souhaité arrêter l'aventure durant ces 10 ans, me disant que j'avais fait le tour, et puis il y a avait toujours un nouveau projet, un nouveau disque où une nouvelle idée qui venait relancer la machine. Je fête les 10 ans mais ce n'est qu'un prétexte pour monter le festival de mes rêves...

 

Penses-tu être là dans 10 ans ? Ta motivation ne s'est pas émoussée d'un iota ?

Au-dessus de la musique, il y a les choix de vie personnelle et familiale. Je serai donc là tant que Kicking pourra s'accommoder avec ces 2 là.

 

J'imagine que tout ce qui est sur Kicking est sur Kicking parce que tu aimes beaucoup. Mais si tu ne devais en garder qu'un ?

Les disques bien-sûr ! Le disque et la musique tiennent une part énorme dans ma vie, depuis l'enfance, et sans que personne ne m'y ait poussé. Sans la musique je ne serais plus depuis belle lurette.

 

Un petit espace pour remercier les gens qui t'ont donné un sacré coup de main ces dernières années.

C'est un grand espace qu'il faudrait, il y en a tant. j'ai tenté de leur rendre hommage sur l'insert qui accompagnera le picture disc des 10 ans, où 14 kicking bands reprennent 14 kicking hits.... mais j'en ai oublié.

 

En dehors des sorties du label, qu'écoutes-tu en ce moment ?

Troy Von Balthazar, Kurt Vile, Peter Black... je suis dans une phase smoothie... mais j'écoute beaucoup les groupes du label aussi.

 

CD ? Vinyls ? Cassette ? Streaming ? Téléchargement ?

Les CDs dans le van, les vinyles à la maison, les MP3 pour incruster sa musique chez les autres.

 

Pour plus d'infos sur le festival, rendez-vous sur : www.kickingfest.net 

 

Le teaser du festival :

 

 

 

 

 

photo de Tookie
le 23/05/2016

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