[kataplismik] - Apparence

Chronique CD album (34:16)

chronique [kataplismik] - Apparence

Finalement pour un webzine qui a pour vocation de causer -Riffs-, on ne parle qu'assez rarement de Guitare ! Puisque l'on ne se refuse aucun plaisir, à la rédac, voici un temps pour réparer cette situation cocasse. Et souvenez-vous, seule la musique parle valablement.

 

Qu'il est loin le temps où [kataplismik], alors projet solo, squattait les compilations et les forums consacrés au post-rock, se payant le luxe d'intituler un premier album, la bande originale du film de ma vie, tutoyant Mogwai sur son propre terrain avec des titres comme « les choses se mélangent » ou « strange atmosphère », déroulant un tapis presque dancefloor avec « Candidas Albicans ». Nous étions en 2006, une éternité. En effet, Apparence renvois vers le début des années 80 mais pas celles des années punk ou new-wave, vous l'aurez compris.

 

En ces temps de surenchère pour n'importe quelle démo gonflée sur ordinateur, comprenez trop beau pour être tout à fait honnête, le duo fait le choix du bois et des cordes en nylon. Apparence est par conséquent un album réservé et disons-le, difficile à saisir. Un album où les respirations sont importantes, où la musique, globalement, est belle, s'il ne fallait qu'adjoindre un seul qualificatif. Belle et réservée.

 

Leur précédente publication Hypnose contenait des expérimentations et des bidouilles sonores issues de boues industrielles. Organique en l'état mais tenu en alerte par ces arrangements. Apparence balaie tout ça d'un grand revers de caisse de résonance. Si je vous parlais d'années 80, le début, c'est parce qu'il faut vous orienter vers des albums comme Castro Marin de Paco de Lucia (1981) ou mieux pour la même année le Friday night in San Francisco qui réunit de Lucia, John Mc Laughlin et Al Di Meloa. Des ouvrages tout tournés vers la guitare et une mise en avant de virtuosité. Ici la virtuosité ne se mesure pas nécessairement qu'à la difficulté ou non de jouer ces parties, mais bien dans l'intention de faire passer les émotions et d'embarquer l'auditeur ailleurs. La phrase introductive de « Regarde » semble être une incarnation de Al Di Meloa justement. Rapidement, Apparence dépasse le cadre du jazz classique – même si celui-ci traîne en filigrane dans l'idée des compositions-.

 

[kataplismik] parvient à délivrer un album résolument acoustique sans emprunter les chemins du folk, du jazz, ou même du blues. C'est une orientation plus cinématographique qu'ils défendent par des accointances avec certains travaux d'un Ennio Morricone ou d'un Jean-Claude Vannier ; alors que des titres comme « Agréable Désordre » ou « La perdue » les rapproche d'un groupe comme Mermonte.
C'est qu'ils ont eu la bonne idée de s'entourer avec des instruments souvent utilisés en renfort, qui ici ont une place bien à eux,que ce soit les cuivres (trompette et bugle), la flûte, le piano ou le glockenspiel.

 

Assurément, Apparence est un album qui dénote dans le paysage musical actuel, particulièrement dans l'hexagone qui semble redécouvrir, l'autre versant de ces années 80...
Dire de cet album qu'il est passionnant et envoûtant sur toute la ligne tracée ne serait pas honnête. Il s'agit d'un album de passionnés avant tout, de bosseurs appliqués aussi tant tout est précision et justesse.
Probablement que l'on est spectateur bien plus que dans le partage ; et à l'écoute, l'une ou l'autre distraction n'est pas exclue.

 

photo de Eric D-Toorop
le 27/02/2014

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