Arno Strobl + 6:33 - The Stench From The Swelling (a true story)

Chronique CD album (50:31)

chronique Arno Strobl + 6:33 - The Stench From The Swelling (a true story)

Peut-être n’êtes-vous pas au courant. Après tout, pour peu qu’on ait été retenu plusieurs mois en otage au Sahel ou que l’on vienne de s’enfuir des cachots d’une famille de châtelains dont les divertissements sexuels nécessitent de la chair fraîche pas forcément consentante, on peut ne pas être au jus de ce qui se fait de mieux actuellement dans le petit monde des musiques amplifiées. Alors voilà: l’année dernière sortait Giggles, Garlands & Gallows, EP digital résultant de l’association de 6:33 et Arno Strobl – autrement dit de l’équivalent de l’union des petites teignes du film Orange Mécanique et de Landru, mais transposé dans la sphère du metal qui ne tourne pas tout à fait rond. Le résultat était une tuerie (avec un "Tu Ris" majuscule). D’ailleurs le chroniqueur qui vous cause présentement se le réécoute très régulièrement, et a par ailleurs logé l’engin bien au chaud dans son Top 10 de 2012 (...il aurait d’ailleurs été classé plus haut encore avec plus de recul, moins de sorties croustillantes et un support plus physique). Un vrai petit chef d’œuvre dont vous pouvez lire le plus grand bien en allant farfouiller du côté de la chronique qui lui est toute dédiée.

 

Alors quand l'annonce fut faite que ces 26 minutes de bonheur sortiraient au format CD, qui plus est agrémentées de nouvelles compos, la confiance (et l'excitation!) régnait grave. Car même dilué au beau milieu d'une flaque de titres moins sexy, l’objet aurait encore franchement valu le coup. Et connaissant les zigotos, il y avait peu de chance que le résultat soit tiédasse…

 

… Mais de là à s’attendre à ça!!? Crévindiou’ la fessée!

 

The Stench From The Swelling (a true story) – puisque c’est là le petit nom de la version longue de l’EP aux 3G – ajoute à la saga nano-clownienne et au tube décono-croonesque que l’on connait déjà pour les avoir fait tourner ad orgaseam, ajoute, disais-je, 4 nouvelles bombes, chacune contenant suffisamment de TNT musicale pour vous faire méchamment ch’boum-là-n’dans au niveau des oreilles. Pour vous en causer en 3 coups de cuillère à pot, on pourrait se contenter de dire que ce matériel nouveau consiste en trois morceaux pétillants – qui donnent une irrésistible envie de se trémousser dans le pit sur une chorégraphie mi-pogo mi-Travolta, la tronche déformée par un sourire à la Cousin Randy (cf. Groove Family Cyco, plus une longue marche rédemptrice démarrant dans un désert aride, le boulet de bagnard au pied, avant de progressivement s'extirper de ses chaînes pour finalement connaître la Grâce absolue – de celle qui touche de son aile les meilleurs albums de Devin Townsend.

 

Mais comme vous disposez d'un peu plus de temps que le web-zappeur standard, on va s'attarder un brin sur le sujet. En vous disant pour commencer que « (I Should Have Known) Her Name Was Boogie » porte magnifiquement bien son nom, ce morceau étant le prologue idéal à vos prières du soir (Mes bien chers frères…), les indicateurs de pétillant, de groove et de malice étant tous dans le rouge. Cette ode à la gente féminine (...non?) s'avère en effet le mètre étalon du tube Nawak metal: catchy, sourire en coin, cohérent, puissant, irrésistible et euphorisant... Le truc qui vous remonte à bloc quoi! Puis arrive « Burn-In », titre à l'impact immédiat: dès la première écoute on se prend une grosse mandale dans la plus pure tradition Trepaliumesque, le groove le disputant à la patate. Ce Raymond Poulidor de la tracklist est sans doute l’un des plus fous, et celui qui s'inscrit avec le plus d'évidence dans la tradition de l’EP et de l’album précédents. Il est aussi l’occasion de se rappeler qu’Arno n’est pas la seule attraction vocale de l’album, Rorschach étant lui aussi tout à fait excellent dans son rôle de joyeux psychopathe. Mais le groupe n’est pas qu’un ramassis de joyeux timbrés s’ébattant joyeusement dans le Youpi-Youpla Bunglito et les blagues Carambar – cela étant d’autant plus vrai avec Mr Strobl au volant, celui-ci ayant toujours traîné dans son baluchon un peu du côté obscur de la Farce, y compris sur les albums les plus foldingos de Carnival in Coal. D’où le morceau-titre et -fleuve « The Stench From The Swelling », qui commence au fond du trou (m’enfin dans une obscurité séduisante et rythmée, hein, pas dans le doom pathologique ni dans le black gothico-geignard…), puis qui, petit à petit, de parenthèses Pattoniennes en lignes de saxo, de mélodies lumineuses en ébrouements joyeusement virils, se dirige d’un pas décidé vers un final à l'envergure toute messianique – la crucifixion en moins. Les plus à la page retrouveront dans ces quelques minutes en grandiose apesanteur un clin d’œil appuyé à Devin Townsend, et notamment à la guitare céleste du « Deep Peace » de Terria.  

 

Forcément, après un tel morceau, on se retrouve avec la tripaille tout sans dessus-dessous. Magnanime, le groupe nous accorde alors une pause « Tequilla Sunrise au Blue Coconut Club » via la reprise de l’excellent « Starlight » des Supermen Lovers. Bonheur, disco et bananes flambées! Voilà de la reprise qui a de la gueule: on prend des notes, ces messieurs d'Anthrax, avant de nous sortir un Anthems bis!!

 

Bon, voyons voir un peu ce que ça donne si on fait soigneusement les comptes... Alors 1) pendant 50 minutes, l'auditeur se retrouve soit en train de s'époumonner à reprendre des lignes vocales de folie, soit à rentrer dans des transes défoulatoires façon Danse des Canards Metal, soit à chopper des vagues de chair de poule en mode « Mon Dermato au KFC ». Dit autrement, il se retrouve avec une intraveineuse d’endorphine au Valhalla du Nawak metal. 2) Même en remuant le truc dans tous les sens, on voit difficilement en quoi les artistes ici à la manoeuvre auraient pu améliorer un tant soit peu un quelconque petit bout de l'un de ces 7 titres. 3) Le rayon "metal barré" de la discothèque idéale du chroniqueur qui vous cause contient d’ores et déjà The Stench From The Swelling solidement calé entre le top de la crème des albums de Mr Bungle, Polkado Cadaver ou encore Carnival in Coal.

 

...Alors quoi? Eh bien 10/10. Logique. Et amplement mérité.

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: si on reste à l’affût – et notamment si l'on garde l'un de ses radars braqué sur l'Australie –, on peut, c'est vrai, tomber à intervalles réguliers sur de sympathiques petites pépites de metal barré. Mais avec The Stench From The Swelling, c'est d'un niveau de qualité encore supérieur dont il est question: c'est qu'en effet, à moins d'un sursaut inespéré de la concurrence, on tient là le chef d’œuvre du genre de la décennie en cours. Si si: soyons sentencieux puisque les circonstances l'exigent...

photo de Cglaume
le 10/04/2013

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 10/04/2013 à 11:39:07

Et le ptit extrait qui va bien pour les web-zappeur ?

cglaume

cglaume le 10/04/2013 à 11:41:56

Il y a les 3 morceaux de l'EP dans le player (mais je suis en train de voir si je ne pourrais pas avoir mieux avec le groupe...)

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 11/04/2013 à 08:04:40

Sur la pochette c'est 6:33 + Arno Strobl ; dévoyé va ^^

cglaume

cglaume le 11/04/2013 à 09:59:18

C'est pas moi qui décide de l'ordre !!! :)

cglaume

cglaume le 11/04/2013 à 14:06:56

Hop, j'ai remplacé le lien vers le Bandcamp par un lien vers un MP3. Ça reste un morceau dispo sur Giggles, sauf qu'il est doté du son de "The Stench" ...

toaster

toaster le 12/04/2013 à 17:51:41

Arghhh!!! Pas mieux, cet album est démentiel ! Effectivement un de ces albums fondateurs comme il n'en sort que tout les 10 ou 15 ans, un joyaux sertie de métal précieux dont on a du mal à se décrocher les oreilles ...
Ils jouent au Bloodwave Metal Fest à Saint-Nazaire (44600), le 07 septembre ! Venez nombreux !

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