A.I.(d) - Solar Feelings

Chronique Maxi-cd / EP (31:23)

chronique A.I.(d) - Solar Feelings

Il y a peu, la chronique d’Esoterica – 1er EP de Shanghai – nous donnait l’occasion d’une prise de conscience soudaine: celle de l’existence d’un micro-courant musical, l’« asian-nawakung-fu metal », incarné par une poignée de groupes assez nettement apparentés les uns aux autres. Eh ouais, on est comme ça sur CoreAndCo: on défriche l’underground avec une machette dans la main droite, un microscope dans la main gauche, et des gadgets classés Secret Défense dans le slip. Hum. Voilà-t-y-pas que, bam, à peine quelques jours passent, et la chronique d’un autre EP – Solar Feelings de A.I.(d), je vois que rien ne vous échappe – nous permet de découvrir un autre de ces microcosmes métalliques. Préparez les scalpels, celui-là est encore plus pointu: cette sortie s’inscrit en plein dans le mouvement des cyber-électro-djent starting-with-an-A one-man-bands instrumentaux, catégorie on ne peut plus sélective où évoluent déjà Amogh Symphony, Animals As Leaders et The Algorithm (oui oh c’est bon: Animals as Leaders peut être considéré comme la petite chose de Tosin Abasi, pas la peine de pinailler sur le terme « one man band » hein!).

 

L’appellation de cette niche étant relativement parlante, vous imaginez déjà des tornades de saccades abrasives et barbelées, des brouillards épais de Shebam-Pow-Blop-Wiiiiiiiz glitcho-breakcore émis par des supercalculateurs autistes, des ambiances de fond de cosmos à la « 2001 Odyssée de Facebook »… Et il y a un peu de tout ça, c'est vrai. Car A.I.(d) est à la fois fils de Meshuggah, et complètement geek (ah, parce que ce n’est pas systématique?). Et s’il est beaucoup plus clairement djent et moins dance floor que The Algorithm, et que la virtuosité guitaristique y tient une place considérablement plus importante que dans le projet de Rémi Gallego, sa musique est tout de même bien plus électro-cybérisée que la créature de Tosin. A vrai dire, ce sont les univers thématiques et musicaux d'Amogh Symphony qui sont les plus proches de ces Sentiments Solaires.

 

Sur la grosse demi-heure que dure l’EP, Lou Grégoire – the man behind the band – nous propose un univers exigeant, stimulant – exténuant aussi, pour les amateurs d’easy listening –, au sein duquel le défaut principal (allez, parlons-en tout de suite) consiste en un manque occasionnel de lisibilité globale, les crises d’épilepsie math-syncope-core étant parfois plus éprouvantes que franchement justifiées. C’est ce qui explique que la première moitié de « Bath Salts » ou le bien nommé « Apocalepsy » soient plus intéressants que véritablement passionnants. Mais heureusement, la grande majorité du temps, ce sont de véritables petits moments de pure magie qui jaillissent de ces apoplexies stroboscopo-mélodiques, de ces breaks découpés au laser par des robots parkinsoniens, et des ces rythmiques télégraphiques.

 

Prenez « 530.000 », et admirez donc le paysage. A votre droite, par le hublot, vers 1:29, vous pourrez profiter de magnifiques ultra-saccades adroitement truffées de bidibips robotico-asiatiques, laissant progressivement la place à une rétro-électro minimaliste sympathiquement funky. Et par le hublot de gauche, vers 2:55, vous verrez que – pour calmer le jeu après de multiples et courtes éjaculations de math-shred millimétré – le "groupe" vous offre un magnifique développement mélodique et aéré, le tout parcouru de multiples décharges de djent-glitch parasitaire. Impressionnant non? Sur « Bath Salts », si vous avez la patience d’attendre la trêve annoncée par une boucle de piano entêtante, vous en prendrez plein les mirettes grâce à une interprétation breakcore de l’évangile mélo-djent selon St Textures. Les fans de pluies lead cristallines devraient quant à eux apprécier le début de « Spearmint », d’autant que vers 1:30 suivent des palpitations stéréo servant d’écrin à une guitare céleste qui aurait trouvé naturellement sa place sur le 2e album d’Animals As Leaders. Un vrai bonheur.

 

 

« I know that you're afraid, you're afraid of us, you're afraid of change... »

 

La tirade finale de Solar Feelings, extraite de "Matrix", est tout à fait appropriée. Le voyage proposé ici n’est pas des plus simples, pas des plus reposants. Ça vous bouscule dans vos habitudes – du moins si vous n’êtes pas encore accoutumés aux cyber-électro-djent starting-with-an-A one-man-bands instrumentaux. Ça vous remue la tripaille et les neurones en dehors du cambouis organique des grandes autoroutes du metal « trad’ ». Mais l’expérience en vaut la chandelle. Et les fans des groupes précédemment cités, de Meshuggah ou de Textures, devraient être conquis.

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte:  Solar Feelings propose un cyber-djent à mi-chemin entre The Algorithm et Animals As Leaders, hyper robotisé et pourtant plein de délicates guitares. Un must pour les fans d’Amogh Symphony.

photo de Cglaume
le 06/06/2013

2 COMMENTAIRES

TheDiggingSquid

TheDiggingSquid le 12/06/2013 à 12:21:29

Ça sent un peu le fruity, mais j'ai beaucoup aimé ! C'est bien fait, original et moderne !
Merci pour la découverte ;)

cglaume

cglaume le 12/06/2013 à 12:29:16

De rien, c'était fait pour :)

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