Acid Reign - The Age of Entitlement

Chronique CD album (44:05)

chronique Acid Reign - The Age of Entitlement

« Acid Reign »? Je comprends mieux le clown sur la pochette... Et pourquoi pas « Trou dans la Couche du Trône », ou « Gaz à Effet de Sceptre » pendant qu'on y est (si des fois vous parliez Anglais comme ma grand-mère, explication: le groupe joue sur la proximité des mots « rain » et « reign » pour transformer les pluies acides en règne douloureux)? Pourtant, non, ces amateurs de jeux de mots météo-monarchiques ne s'adonnent pas plus au Circus Metal que Nanowar au Doom misanthropique. Il ne s'agit par ailleurs pas de sombres inconnus fraîchement éclos, comme j'ai pu le penser initialement. D'ailleurs, grosse baffe pour le lapin qui pensait être un vieux de la vieille: non seulement le groupe a été signé sur le label Under One Flag à la fin des 80s, mais il a tourné avec pas mal de pointures, comme Nuclear Assault, Dark Angel ou encore Candlemass. D'aucuns prétendent même que s'il devait y avoir un Big 4 of British Thrash Metal, ce sont ces gugusses qui figureraient aux côtés de Sabbat, Onslaught et Xentrix – dans le rôle d'Anthrax sans doute, ou de Tankard pour le pendant teuton des mousquetaires du Thrash. Pourtant je dois bien avouer ne jamais avoir entendu un traître morceau de leur discographie avant d'avoir reçu The Age of Entitlement. Comme quoi, combler son ignorance est une tâche sans fin...

 

Mais puisque je ne suis peut-être pas le seul à débarquer complètement, donnons un peu plus de contexte, histoire que les uns et les autres puissent raccrocher leurs wagons au train du savoir. Après 2 albums sortis en 1989 et 1991 – The Fear et Obnoxious, ce dernier ayant apparemment été reçu fraîchement – il commença manifestement à y avoir des gouttes de pluie dans le gaz au sein de la formation, jusqu'à ce que celle-ci arrête « définitivement » les frais, en 1991. Pour la petite histoire, l'un des guitaristes a alors rejoint Lawnmower Deth, tandis que les deux autres et le batteur intègrèrent Cathedral, le pro des peaux prolongeant quant à lui son périple plus tard au sein de Cronos. Fin de l'aventure. Mais à partir de 2015, cela commence manifestement à chatouiller fort Howard "H" Smith, le chanteur de la troupe, celui-ci décidant de remonter un tout nouveau line-up from scratch. Acid Reign s'en revient alors progressivement, par petites averses successives, via 2 singles et quelques dates, sans non plus trop se mouiller. Et ce n'est que cette année, 30 ans après leur premier album, qu'arrive finalement leur 3e opus longue durée – The Age of Entitlement, donc – pas plus attendu que ça de ce côté-ci de la Manche a priori...

 

Avec le temps, on a appris à se méfier des come-backs. Souvent de l'ordre du pétard mouillé, parfois carrément un flop retentissant: rares sont les grosses bonnes surprises... Mais bon, on n'est jamais à l'abri. Rien que cette année tiens, on a eu du Whaou avec le nouveau Xentrix, et du Mouôrf avec le dernier Sacred Reich. Et là, bonne nouvelle: le retour d'Acid Reign se situe dans la bonne dynamique de ses compatriotes nés sous X.

 

Le groupe a beau avoir atteint un statut enviable de pilier de la scène Thrash d'en face, ne vous attendez pas non plus à ce qu'il ait une touche incroyablement personnelle. Car si les 3 quarts d'heure que dure ce nouvel opus sont variés, plaisants et carrément bien foutus, on n'y découvre pas non plus des façons de riffer nouvelles. On s'y balade dans les rues mille fois empruntées des grosses cités américaines, entre le New York d'Anthrax, Nuclear Assault et – en trichant un peu – Overkill, et le Frisco de Testament, Death Angel et Metallica. Là où le groupe marque des points, c'est que, à l'instar de la plupart de ces références, il sait varier les plaisirs et composer de bons petits titres qui marquent, qui plus est en conciliant grosse prod' et respect d'un grain typiquement old school. Tantôt on se fait claquer le beignet sur de courts brûlots combatifs et urbains (le punky « Ripped Apart » et sa basse vrombissante, le racé « Sense of Independance »), tantôt on est plongé dans de sombres mais séduisantes histoires (« Within The Woods » qui revisite Evil Dead, « United Hates » qui part vaillamment en guerre). Le groupe se permet même une touche d'espièglerie en reprenant un titre de Suzanne Vega (« Blood Makes Noise ») avec la vigueur Punk Rock d'un The Offspring bodybuildé. On acquiesce aux larges épaules et aux « Everybody wants to be me » de « #newagenarcissist », on retrouve avec plaisir le riffing vigoureux des vieux Metallica sur « My Peace of Hell », on apprécie la classe et le sens aiguisé du-bon-petit-plan-qui-claque déployés sur « Hardship », ainsi que la justesse de leads qui n'en mettent jamais plein les yeux pour le fun, mais interviennent toujours avec intelligence, pour relancer les morceaux avant qu'ils ne s'essoufflent.

 

Alors si, année après année, vous continuez de chercher encore et toujours les bonnes petites sorties Thrash, bien que l'on comprendrait parfaitement que vous n'appréciez ni les selfies ni les clowns dreadlockés, faites-vous violence: essayez The Age of Entitlement, vous allez vous prendre une grosse drache bien piquante!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: s'il est naturel d'aborder les « albums du retour » des vieilles ganaches plus ou moins oubliées avec une certaine circonspection (remember le dernier Sacred Reich?) , avec The Age of Entitlement vous pouvez retourner vous baigner dans le Thrash d'Acid Reign sans avoir peur d'y perdre votre temps ni vos tympans. Il s'agit ici d'un vrai retour gagnant, frais, inspiré et ménageant parfaitement la chèvre gros son et le chou old school.

 

 

photo de Cglaume
le 25/11/2019

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 25/11/2019 à 08:00:39

Qu'elle est moche cette pochette ! :P

el gep

el gep le 25/11/2019 à 15:02:05

Ah bon, tu te trouves!? Pas si dégueu pour moi...

papy_cyril

papy_cyril le 25/11/2019 à 20:27:55

Ils viennent de sortir un coffret avec les 3 premiers album, plus un cd de bonus

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/11/2019 à 18:51:40

Je rejoint le chef: pochette vraiment des gueux.

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