Amenra - Mass VI

Chronique CD album

chronique Amenra - Mass VI

On a tous ce pote mélomane, qui connaît trouze mille groupes, dont l’avis est affuté et pertinent, et dont les suggestions de découverte sont toujours bienvenues. Appelons le Didier (je sais que tu vas me lire Didier, bisous).

Alors qu’on en était à s’insulter à propos de ma chronique de Der Weg einer Freiheit, lui me disant que j’y connaissais rien, moi le traitant de nazi, Didier me dit de la fermer et d’aller écouter Amenra et que si après ça je revenais en disant de la merde, il m’enverrait un hitman.

J’ai donc fouiné et je suis tombé sur ça.

 

MERCI DIDIER

 

Amenra, c’est ce groupe belge qui se voit coller une étiquette et s’applique à la décoller petit à petit. Post-hardcore, pour les rédacteurs de news pas trop regardants et les chroniqueurs pas trop inspirés. Doom metal selon wikipedia. Très beau projet selon moi.

Sorti en 2017, Mass VI est le 6e album studio du groupe et  comme d’habitude j’ai 15 ans de retard.

 

Ce qui frappe dans Mass VI, c’est d’abord la lenteur. Tous les titres ont cette ambiance pesante, mais également une élégance, quelque chose d’aérien dans la composition et dans l’interprétation. La voix d’enfant battu de Colin Van Eeckhout (Si près de toi), les riffs très inspirés de la musique ancienne européenne (A solitary reign), la production intense et aérée, tout cela dessine une œuvre extrêmement homogène.

 

C’est peut être ce qu’on pourrait reprocher à cet album, si on voulait trouver à y redire. Didier m’a dit un jour « Fine est la crête entre le sommet de la cohérence et l’abîme de la redondance ». Les titres se ressemblent beaucoup, mêmes tempis, même construction des riffs principaux, mêmes harmonies, mais il y a une beauté. Comme si l’album avait été pensé comme un seul morceau de 40 minutes, une expérience hypnotique. Children of the eye, qui ouvre l’album, pose très bien ce style. Les riffs se ressemblent mais ne sont pas identiques, et les croches plantées pendant presque 10 minutes par les guitares nous emmènent, nous prennent par la main vers les profondeurs de l’album.

 

Quand on se noie, toutes les vagues se ressemblent.

 

La cohérence, c’est aussi celle du groupe. Une écoute attentive révèle de légers changements de tempo ( Children of the eye) qui semblent indiquer un enregsitrement sans métronome, ce qui de nos jours est a la fois rare, audacieux, et extrêmement pertinent pour ce qui concerne Amenra (grindeux, ne faites pas ça chez vous, l’échec est trop proche)

Exception faite de la voix, souvent doublée -intelligemment- la production est directe. Les guitares sont deux, pas quinze, la batterie n’a pas l’air d’avoir été jouée par un robot, tout ça sonne très proche du son live, et on imagine assez facilement les mecs jouer exactement ce qu’on entend, tous ensemble dans un grand studio de campagne.

 

Tout ça va trop loin. Je vais trop loin. Amenra se passe de mon analyse à la petite semaine. Mass VI vit, se vit, comme une expérience musicale singulière, ce n’est pas simplement un album de plus par un groupe de plus, c’est une vraie belle œuvre d’art, émouvante, sincère, intelligente.

 

A noter qu’il existe deux versions de cet album, une US mixée par Billy Anderson et une EU mixée par Jack Shirley. Je préfère nettement la première, au mix plus lisse, mais les amateurs de compression outrancière et de guitares râpeuses pourront préférer la deuxième.

 

 

Production : 2

Composition : 2

Interprétation : 2

Originalité : 1

Cohérence artistique : 2

9/10

le 05/11/2018

2 COMMENTAIRES

Freaks

Freaks le 05/11/2018 à 10:10:21

Sur ce coup là on tombe d'accord ;)

gulo gulo

gulo gulo le 05/11/2018 à 10:50:55

Doom metal : you're doing it wrong.

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