Anaal Nathrakh - A New Kind Of Horror

Chronique CD album (32:58)

chronique Anaal Nathrakh - A New Kind Of Horror

N'allez pas prendre l'intitulé du nouveau skeud d'Anaal Nathrakh au sens propre : A New Kind Of Horror est très loin de faire office de nouveauté dans le petit microcosme sonore du duo anglais. Et ce, même si on tente de nous le faire croire. A New Kind Of Horror prend ce qui a été laissé au bout de The Whole Of The Law qui, lui-même, prolongeait ce qui avait été fait dans Desideratum... en moins bien. Et là encore, on s'enfonce d'autant plus dans les abysses du moins bien.

 

Malgré tout, on ne peut pas forcément condamner trop sévèrement Anaal Nathrakh et lui foutre une note de merde : ils sont seuls sur leur propre terrain et l'absence totale de concurrence fait qu'il y aura toujours ce petit effet « waouh ! » qui décoiffe bien les conduits sonores. Un peu comme, dans un autre style pas forcément si éloigné dans l'esprit, Impaled Nazarene. Ce neuvième album ne vient pas bouleverser le constat des premières écoutes, ça défouraille tellement dans la surenchère de massif mixant black/grind oversaturé, indus' overgainé et touches de sympho hautement grandiloquentes, que ça te pète bien les dents dans la joie, la bonne humeur, et adrénaline jouissante. Malheureusement, dans le cas de ce neuvième album, le côté spectaculaire tombe (trop) rapidement à plat pour laisser place au doux-amer. Ce même genre de sentiment que tu peux ressentir sur tes partenaires précédents quand tu tombes enfin sur un vrai bon coup au lit. Sauf que dans le cas d'Anaal Nathrakh, ça fait quand même treize ans qu'il nous a balancé sa plus grosse cartouche orgiaque en l'entité d'Eschaton. Et à côté, même si la volonté de ses géniteurs n'est clairement pas d'aller dans ce genre de sillage, A New Kind Of Horror fait un peu office du vieillard qui tente de jouer au jeune étalon en se dopant au viagra : ça fait le taf c'est vrai mais c'est bien trop mécanique pour être marquant.

 

Parce que clairement, quand on entend des « Forward ! » ou des « Are We Fit For Glory Yet ? (The War To End Nothing) », ça pue quand même bien la mi-molle tout sauf inspirée. Deux exemples manquant cruellement de saveur qui pointent du doigt à eux seuls le principal problème dont souffre le duo britannique depuis quelques années : c'est mou du genou, ça a perdu de sa folie et de son mordant. Dommage car Desideratum était quand même parvenu à retrouver un peu de cette essence quand bien même l'on sentait que la fougue de la jeunesse s'était quelque perdue. Mais là, pour le coup, c'est le pompon. Alors, oui, bien sûr, de cette folie outrancière, on pourrait croire qu'elle est encore là lorsqu'on entend le castra haut perché typé King Diamond hautement parodique du black metal (« The Reek Of Fear », très fun dans son genre) ou encore lorsque ça lorgne vers le passé, l'excellence en moins (« New Bethlehem / Mass Death Futures », « Obscene As Cancer » archi-classique qu'on aurait juré entendre sur le précédent album). Poussant le vice jusqu'à se repomper soi-même de manière assez gênante (le riff principal, quand bien même il poutre, de « Vi Coactus », les micro-breaks groovy de « The Apocalypse Is About You »). Autant dire, 2018 est placé sous le signe de la roue libre pour Anaal Nathrakh. A tel point qu'en à peine plus d'une demi-heure et l'album est torché. Même si, à la limite, on ne leur en voudra pas sur ce point-là, l'éjaculation précoce a ses avantages dans ce genre de contexte.

 

Bref, A New Kind Of Horror, c'est cet album qui ne racle pas forcément de la bonne manière. Lorsqu'on le prend dans sa discographie tout du moins. Parce qu'autrement, Anaal Nathrakh continue son petit bout de chemin tout seul dans son style et distribue une nouvelle fois une belle plaque de tôle en pleine face. Qui fera sûrement mouche pour le non-initié qui serait curieux de voir ce que donne la débauche de violence aussi gratuite que tapageuse. Le plus connaisseur, en revanche, n'aura pas de mal à se regreffer les crocs perdus à la première écoute.

photo de Margoth
le 18/03/2019

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/03/2019 à 19:31:20

8, 7 et maintenant 6/10 (en arrondissant): où va s'arrêter la dégringolade ?

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !
  • Bongzilla + Tortuga + Godsleep à Paris, Glazart le 14 mai 2024
  • Seisach' metal night #5 et les 20 ans de COREandCO !
  • Devil's DAY #2 à Barsac (33) les 18 et 19 mai 2024