Annihilator - For the Demented

Chronique CD album (48:10)

chronique Annihilator - For the Demented

S’il y a bien un domaine dans lequel Annihilator ne casse pas des briques (… des rétines, plutôt!), c’est bien celui du choix de ses pochettes. Sans rire: Refresh The Demon, Criteria for a Black Widow, ou même celles des plus classiques King of the Kill et Set The World on Fire… On ne peut pas dire que ça fasse rêver! Si on devait jauger les Canadiens sur ce critère, ils se retrouveraient tout en bas du classement de la 3e division du Thrash! Alors c’est vrai que cette décennie-ci, l’âge et les conseillers œuvrant sans doute dans le bon sens, il y a eu du mieux. M’enfin sans dec’: quand on peut bosser avec quelqu’un d’aussi talentueux que Gyula Havancsak (matez donc son boulot ici), on ne lui demande pas de commettre un gargouille grignotant un Mr Freeze humain en arborant une mimique à la Michel Galabru crénom!

 

Heureusement, ce qui n'est pas donné à l'œil, c'est l'oreille qui s'en goinfre: ainsi c’est toujours le même très bon jus de guitare qui coule des 10 titres nouveaux proposés ici. Jeff Waters aime parler de sa musique comme d’un mélange de Thrash et de Heavy Metal… Mais perso ce que j’entends une fois de plus sur For the Demented, c’est plutôt du « Thrash’n’Roll ». Véloce, vif et nerveux quand il passe à l’attaque (grosse claque sprintée sur « Twisted Lobotomy », poignée en coin sur « Altering The Altar », genou à fleur de bitume dans les virages de « Not All There »), le Canadien laisse son blouson de vieux motard et un sourire complice remonter à la surface dès qu’il décélère et que le groove l’emporte sur l’agression. Poussé jusqu’au bout de la logique Wak’n’Woll, ça peut même donner « The Way », morceau de Hell’s Angels en puissance, avec gros pot d’échappement et – à l’occasion – chœurs des potos en perfecto (parmi lesquels Dan Beehler d’Exciter). La tonalité est peut-être globalement un peu plus sombre que d’habitude (le thème de ce 16e album: les troubles mentaux), mais cela n’empêche pas que l’on tape sévèrement du pied et qu’on se sente aussi bien ici que dans le sofa de copain Julien à siffler des bières en écoutant des vinyles.

 

Evidemment, avec la bouteille et la personnalité qu’a la père Jeff, Mme ImpressionDeDéjàVu n’est pas complètement absente des 48 minutes que dure ce nouvel opus. Elle est même tout particulièrement bavarde sur le faux instant douceur « Pieces of You » – Hannibal se fait un snack sur un remake de « Phoenix Rising » – ainsi que sur « The Demon You Know » – un peu de « The Edge », un peu de la basse de « 21 », un peu de blabla qu’on a déjà entendu mais va savoir sur quel morceau… Mais rien qui titille suffisamment pour qu’on trouve qu’il y ait vraiment de l’abus. D’autant que, par ailleurs, s’il y a un groupe de Thrash qui se rappelle à quoi servent les solos, c’est bien Annihilator: il ne s’agit pas ici de se la raconter "Mr 200 doigts" en complet décalage par rapport au reste du titre, mais bien d’emmener celui-ci au paradis des étoiles filantes – comme aux trois quarts de « Twisted Lobotomy » tiens, au milieu de « Phantom Asylum » (puis plus Rock’n’Roll, à 4:19), ou encore sur la fin de « Altering The Altar ».

 

A l’instar d’Overkill, Annihilator reste donc une référence insubmersible en matière de bon Thrash qui ne déçoit quasi-jamais. Et dans cet esprit, For The Demented décharge une belle cargaison de gros riffs chromés, de sourires amicaux et de bons coups de santiags sur l’accélérateur. Si vous avez déjà accroché à ce que le groupe a pu sortir par le passé, vous ne ferez pas fausse route avec ce 16e album. Alors: 7.5/10 sympa-contrat-rempli? 8/10 particulièrement-juteux? On ne tranchera pas (... tout à fait)!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un vieux pote qui vous invite à une soirée pizza / bière / rétro John Carpenter... Vous dites « Non » vous? Eh bien un nouvel album de Annihilator, c’est la même démarche: plaisirs simples (mais pas simpliste: bière belge, bonne pâte à pain… et John Carpenter bordel!) et satisfaction garantie!

 

photo de Cglaume
le 26/03/2018

2 COMMENTAIRES

Tookie

Tookie le 26/03/2018 à 11:18:36

Impression de déjà-entendu ? Oui, carrément ! Je l'ai réécouté ce matin, et je n'avais pas perçu aussi quelques relents dignes d'un Metallica fin 80's-début 90's.
Le charme Annihilator fonctionne pourtant toujours aussi bien et les titres rock'n'roll sont vraiment cools. Maintenant, le souci pour Annihilator, c'est qu'il n'arrive pas (plus) à péter un fin plafond de verre qui le sépare des plus grands.
Comme tu le dis : un peu trop de blabla, une pochette dégueulasse, assez peu de remise en question d'un album à l'autre et un petit côté kitsch, suranné (qui joue aussi paradoxalement sur l'attachement au groupe).
Mais un bon cru tout de même.

cglaume

cglaume le 26/03/2018 à 15:20:29

On est en phase ! :)

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