Antigone Project - s/t

Chronique CD album (35:50)

chronique Antigone Project - s/t

Tiens vlà du vlà du rock américain en mode AOR, vous savez ce format défini pour passer en radio.
Des titres courts, une kyrielle de pistes enregistrées, des synthés à partir des années 80, de Pat Metheny à Tracy Chapman en passant par Bryan Adams, Bon Jovi,... Stone Temple Pilots, Nickelback, Muse et Linkin Park pour les plus contemporains. Oh, attendez, revenez... je me base sur le visuel et une première écoute.
C'est que c'est drôlement bien arrangé, vous savez.

 

Dans la tragédie grecque, Antigone est la fille de son frère (Oedipe!) et de leur mère (hé oui). Son mec est le fils de son oncle (le frère de sa mère), ... elle aime son père-frère, et se vautre à chialer sur la mort de ses soeurs avant de 1/ se suicider – 2/ finir emmurée vivante (choisir la fin, selon le siècle de l'adaptation).

Pensez bien que pour les projets, elle en a pas eu vraiment l'opportunité dans cette copulerie !

 

En route depuis 2002, c'est plus de 10 ans plus tard que le combo parisien saute le pas pour délivrer une première carte de visite. Ça mérite quand même plus qu'un avis arrêté !
Car si Antigone aime visiblement l'harmonie, il aime sensiblement plus le détail. Leur musique en est la pleine expression. Loin du brouahaha Math-Rock qui fleurie les travées de l'hexagone, Antigone Project opte pour ... son parfait contrepoint. Impeccablement coiffés et chaussés de bottines en croûte de cuir, les 7 titres inauguraux exhument leurs parfums mâles froids et un peu poivrés. Je ne dis pas que c'est de la musique de gonzesses, je dis que c'est de la musique qui titille, qui charme.

 

Et comme, il n'y a rien de sale, ou d'ostentatoire, ça pourrait plaire d'emblée à maman aussi. Paies ton préjugé, certes... mais la musique, comme les émotions se situent bien plus souvent au niveau du bas-ventre que du front.
Antigone Project, comme Antigone n'a pas demandé tout ce qui lui arrive... et ça se sent un peu dans les compos/contemplations. Ben oui, c'est beau, et on peut se toucher. Bon au dessus des habits, hein, puisque ce n'est pas sale.

 

Certes la pièce est élégante, le formatage est de bon aloi pour le coup. Tout est bien en place. Le parti-pris entre electropop classieuse, chant parfois en français et arrangements sautillants tient la route sur les 35 minutes (format idéal, lui aussi). Quand une guitare explose, ça ne déborde jamais du costume puisque les choeurs sont là pour rappeler tout le monde à l'ordre.

Dans les années 80, l'Adult-Oriented Rock ajoutait couches sur couches pour que l'on en est plein les oreilles et le reste aussi.
Antigone Project a le bon goût de viser la sobriété, d'en tenir le cap au point de dégager une certaine froideur qui pourrait être davantage exploitée.

 

Personne n'a vu le seau de cambouis ?

 

photo de Eric D-Toorop
le 17/10/2015

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