Atheist - Jupiter

Chronique CD album (32:47)

chronique Atheist - Jupiter

Putain, 17 ans! Beau petit record en terme d'attente prolongée entre 2 albums! Quand on pense qu'à l’époque de la sortie de leur avant-dernier bébé, Elements, Sarkozy n’était alors qu’un obscur Ministre du budget en passe d’entamer une longue traversée du désert, et qu'il n’avait alors absolument aucune chance de se faire faire des papouilles par Carla! A l’opposé, Atheist était alors au top, même si leur 3e album, plus jazzy, avait quelque peu refroidi ceux pour qui l’ancrage death metal du groupe était fondamental. M’enfin nos floridiens tenaient fièrement leur rôle au sein du Big Four of Technodeath aux côtés de CynicDeath (qui avait lâché le zombie metal pour la haute orfèvrerie) et – au choix – NocturnusPestilence ou Gorguts. Allez, coupons court à ce début historico-récapitulatif en vous résumant la suite en mode télégraphique: Wacken en 2006, encore des festivals, annonces, espoirs fous, signature chez Seasons of Mist, et fin 2010: Jupiter.

 

Passons à présent au laïus Ressources Humaines: vous le savez sans doute déjà – tout au moins si le chapitre précédent ne vous a rien appris – mais du line up de la grande époque ne restent plus que Kelly Shaefer (ouf, on garde l’empreinte vocale!) et Steve Flynn, qui revient alors qu'il avait lâché l’affaire après Unquestionable Presence (yeees!). A noter également: la moitié du line up est dorénavant partagée avec le groupe Gnostic, autre formation de metal technique évoluant dans un registre assez proche, bien que toutefois plus « moderne ».

 

Alors... Verdict? Eh bien on revient à quelque chose de plus corrosif que sur Elements, et c’est donc l’agressivité d’Unquestionable Presence que l’on peut *quasiment* ressentir à nouveau sur Jupiter. Bien que moins vintage qu'à l'époque, le son du groupe et la tonalité globale de sa musique nous ramènent à cette période heureuse où les flots complexes de riffs, de patterns de batterie alambiqués et de zboïïng zboïïng de basse se mariaient harmonieusement en une coulée brulante et mélodique de technodeath affuté à l'extrême. C'est également avec joie qu'on retrouve les invectives acides de Kelly, ainsi que ce foisonnement musical complexe expertement agencé en une structure qui finit par apparaitre à l’auditeur attentif (et patient) comme logique et harmonieuse. On sent également que le groupe a eu à cœur de nous montrer qu’il n’avait rien perdu de sa rage et de son mordant, des morceaux comme « Second to Sun » ou « Fraudulent Cloth » laissant voir des musiciens toujours sur la brèche, manifestant une hyperactivité et un empressement qui semblent d'ailleurs parfois – allez, soyons mauvais langue – presque confiner à la précipitation.

 

J’avoue que s’il n’y a rien à redire sur la qualité des 8 compos ni sur la prestation technique des musiciens, le feeling n’est par contre plus réparti de façon aussi homogène qu’il l'était auparavant sur l’ensemble des morceaux de l’album. Entendons-nous bien: ce serait un jeune groupe qui sortirait cet album, je le recevrais à genoux. Mais on attend de l’exception, du miraculeux de la part d’Atheist (ce qui est sémantiquement antinomique, j'en conviens). Ce qui fait que l’on accueille les 3 premiers morceaux de l’album avec  enthousiasme, certes, au vu de la qualité objective du contenu, mais également avec une certaine retenue, voire une moue de déception, toute cette agitation experte peinant à nous transporter dans les hautes sphères espérées. Heureusement, la suite est plus inspirée, et si « Live, and Live Again » est à mon sens le moment fort de l’album, l’accroche reste globalement élevée sur toute la 2nde moitié de Jupiter.

 

Mais mince quoi, on parle d’Atheist quand même là! On s’attend donc à ce qu’ils nous offrent l’impossible, le tout délivré avec l'apparente facilité et l'insolente décontraction du génie à l'œuvre. Dans ces conditions on leur en voudrait presque de ne pas nous faire planer pendant la totalité de l’écoute de Jupiter, et par conséquent de ne pas vraiment nous laisser l’occasion de nous confondre en éloges obséquieux. Au lieu de cela, malgré l’excellent boulot abattu par le groupe, on se focalise sur tous ces petits coitus interruptus, comme cette durée d’album bien trop faible (une petite demi-heure, après 17 ans?), ces difficultés à s’extirper des contraintes newtoniennes de la pesanteur, ou encore – tu le crois ça? – ces idées folles qui nous traversent l’esprit, du genre:

 

« Tiens, c’est marrant, le chant de Kelly me rappelle de plus en plus celui de Schmier (DestructionHeadhunter) époque Release from Agony / A Bizarre Gardening Accident – notamment sur « Live, and Live Again » ??! »

 

ou encore:

 

« Tiens, le début de « Tortoise the Titan » sonne un peu comme celui de « Forgotten in Space » de Voivod...? Et puis encore là, sur les passages retors de « When the Beast »... »

 

Me***, d’habitude ce sont les autres qui ressemblent à Atheist, pas l’inverse!

 

Objectivement, ce Jupiter vaut un bon 8-8.5/10. En effet il réaffirme la patte du groupe, ainsi que sa pertinence dans le paysage métallique actuel, tout en lattant sévèrement la concurrence. Mais on ne peut noter Atheist comme le groupe de death technique de la MJC du coin. Et les floridiens ont le malheur de nous avoir fait tellement de bien par le passé qu’ils sont condamnés, s’ils espèrent nous contenter à nouveau, à ne nous proposer que des œuvres dignes des dieux de l’Olympe métallique. D’où un 7,5 passe-partout. Allez, on va parier qu’en lui laissant encore 1 ou 2 ans à mûrir dans notre platine, Jupiter finira par récolter quelques demi-points supplémentaires, le passage du temps ayant mis à jour quelques couches supplémentaires de subtilités jusqu'ici passées inaperçues de nos capteurs auditifs émoussés...

photo de Cglaume
le 20/12/2010

5 COMMENTAIRES

vkng jzz

vkng jzz le 20/12/2010 à 13:51:43

malgré toute l'affection que je porte à ce groupe, je trouve qu'il n'a plus lieu d'être au 21ème siècle. le techo-death (et techno-thrash plus particulierement ici) c'était fin 80's et début 90's, et le côté poussiereux du son des prods de l'époque vont avec le style. maintenant ça ne fonctionne plus aussi bien je trouve. anachronique.

Pidji

Pidji le 20/12/2010 à 14:42:45

Pourtant j'ai bcp aimé le dernier CYnic qui est dans la même veine, non ?

cglaume

cglaume le 20/12/2010 à 17:22:09

Moins rêche quand même, le dernier Cynic. Franchement plus "smooth" même ...

Sinon je ne suis pas d'accord avec toi vkng jzz: ces groupes - qui influencent toujours énormément la pointe de la scène "tech" actuelle - sont toujours très pertinents (normal, ils étaient en avance sur leur temps à l'époque !). Reste, comme tu le dis, que la prod' a un cachet spécial, qu'on aime ou pas ...

vkng jzz

vkng jzz le 20/12/2010 à 20:31:56

attention, je ne dis pas que leur musique est devenue obsolète au contraire (même les prods de l'époque ont plus de cachet que celles de maintenant) mais cet album aurait dut être fait il y a 15ans, d'autant plus qu'on ne peut plus trop l'apprécier à sa juste valeur vu qu'il est sortit trop tard, du coup la prod ne correspond plus à ce qu'on attend, les zicos on pas forcément bien vieillis etc. enfin ce que j'en dis ^^'

frolll

frolll le 14/08/2011 à 15:39:20

En fait, faut le prendre in a vacuum cet album... Et il passe vraiment très, très bien comme ça.

Apres, c'est presque plus un ep, en fait. Ca, c'est décevant.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements